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Guerre au Proche-Orient : folie meurtrière et brouillard politique
Publié dans Business News le 26 - 11 - 2023

« Les frustrations des Hommes s'expriment le plus souvent non en termes rationnels, mais en adhésion à des exacerbations religieuses ou idéologiques, échos aisés de meurtrissures ou d'humiliations qui ressurgissent, parfois des siècles plus tard, de l'inconscient historique des peuples » [1]

Deux mois ou presque se sont passés depuis l'attaque du Hamas perpétrée en territoire Israélien le 7 octobre 2023. La réponse à cette attaque a jusqu'à l'heure de l'écriture de ces quelques lignes fait un nombre de victimes palestiniennes qui a dépassé les 15000. Des civils innocents dans leur majorité écrasante. Un déluge de feu n'épargnant ni femmes, ni enfants, ni vieillards. Détruisant sans distinction aucune, habitations, écoles, hôpitaux. Une hécatombe sans nom, dans un territoire où la vie tenait déjà à peu de choses auparavant. Tel un incendie (non accidentel) qui s'est déclenché dans une prison, et où les prisonniers n'ont nulle part où aller.
Les israéliens eux, rapportent le nombre de 1200 tués lors de cette attaque. Toutes les catégories d'âge ont également été concernées. Plus de 200 personnes tenues en otages, certaines ayant déjà perdu la vie.
Ce ratio macabre on l'a déjà connu. 2006, 2008, 2014 pour ne citer que les évènements les plus récents. Avec une différence de taille cette fois-ci : jamais pareille incursion n'a pu être menée en Territoire Israélien avec des moyens aussi sophistiqués, déjouant des renseignements jugés des plus inviolables, et entrainant un nombre de morts aussi important, probablement depuis la création de l'état Sioniste en 1948.
Malheureusement, et encore une fois, la réaction des israéliens à cette attaque n'avait d'imprévisible que le doute sur sa description entre la barbarie et l'horreur. Termes utilisés par la même occasion par l'état hébreux pour qualifier l'attaque du 7 octobre.
La rhétorique on le sait, est d'un classicisme désolant : Israël se donne le droit de se défendre. Quoi qu'il en coûte. En destruction. En vies humaines. En misère. En déplacement des populations.
Certes, tout état a le droit de se défendre contre une quelconque agression. C'est le minimum qu'il puisse garantir à ces citoyens. Mais ce que oublient, ou feignent d'oublier les israéliens et tous ceux qui leur portent un soutien inconditionnel, c'est qu'en face existe un peuple dépossédé de ses terres, qui ne bénéficie même pas des droits les plus élémentaires , à savoir disposer d'un état souverain digne de ce nom, indépendant , avec ses frontières, son administration, ses propres services de sécurité, son armée. Et que cette injustice dure depuis plus d'un demi- siècle, durant lequel, des générations entières de palestiniens n'ont cessé de subir la perte de vies humaines et l'humiliation d'une colonisation continue et toujours plus agressive, pour justement enterrer d'une manière définitive la possibilité de la coexistence de deux Etats, vivant en paix l'un à côté de l'autre.

D'un autre côté, il semble de rigueur, de s'interroger sur les objectifs et les portées politiques de cette dernière attaque du Hamas. Question peu ou pas traitée dans les médias de tous bords, qui se sont depuis le 7 octobre, tout comme les opinions publiques, divisés en supporteurs inconditionnels d'Israël, qualifiant l'attaque subie d'acte terroriste barbare, ou les défenseurs tout aussi inconditionnels des palestiniens, la qualifiant d'un acte de résistance légitime.

L'opération du Hamas était –elle une énième attaque visant à perturber le statuquo, à confirmer la pérennité de la résistance et à revendiquer tout au plus la libération ou l'échange de prisonniers ?
Par son envergure et l'ampleur des moyens employés, il est logique de croire que ce sont là des objectifs très limités et suicidaires, sachant qu'en face, la réponse sera massive, sanglante, sans état d'âme aucun ! Et que le fameux ratio macabre, mentionné ci-haut en perte de vies humaines serait sans aucun doute, et très largement en défaveur des palestiniens.

Pourquoi le Hamas, qui a pu s'incruster d'une manière inédite dans les territoires israéliens, ne s'est pas contenté d'une opération visant strictement les installations militaires, et s'est attaqué par la suite aux civils des Kibboutz et aux jeunes festivaliers ? Simple esprit de vengeance ?
Le Hamas n'aurait pas gagné à limiter son attaque à son aspect strictement militaire, à éviter le massacre des civils, afin de légitimer ses actes, porter ses revendications à plus ambitieux, comme la récupération de territoires colonisés en Cisjordanie notamment et en faisant pencher en sa faveur les opinions à travers le monde ?
Qu'en pensent vraiment ses dirigeants, confortablement installés au Qatar ou en Turquie ? Etaient-ils au courant de l'opération du 7 Octobre ? L'ont-ils planifiée ? Financée (avec leurs alliés de l'Iran ou le Hezbollah Libanais) ? Ou était-ce l'initiative isolée des branches armées installées à Gaza ? Certes, les dirigeants politiques exilés du Hamas ont soutenu avec force cette attaque, la qualifiant d'héroïque. D'historique. Mais partant du fait que la réponse à cette opération serait de la violence qu'on connait, avaient-ils préparé un plan pour la suite ?
Selon toute vraisemblance, la réponse est non.

D'ailleurs a –t-on le droit à de pareilles interrogations ? Si l'on croit l'opinion publique dominante, sous nos cieux notamment, il parait que s'aventurer sur un tel terrain relèverait de l'hérésie. De la traitrise !


Côté Israelien, et depuis la mort dans l'œuf des accords d'Oslo signés en 1993 , les politiques d'extrême droite , élargissant inexorablement la colonisation en Cisjordanie et étouffant de plus en plus la bande de Gaza , ne pouvaient qu'engendrer chez les palestiniens , humiliation , frustration et organisation d'une résistance de plus en plus radicalisée, et autant déterminée à récupérer ses droits. Cette tendance changera –t-elle au décours des derniers évènements ? Tout porte à croire que non ! Et même si le gouvernement de Netenyahu semble vivre ses dernières semaines, on voit mal un rétropédalage par les gouvernements futurs, quels qu'ils soient, vers une politique plus responsable et consciente. L'horreur et le caractère inhumain, de ce qui se passe actuellement à Gaza, est malheureusement là pour affirmer cette hypothèse.

A l'international , et du côté des puissances qui soutiennent Israël , Union Européenne et Etats Unis en premier lieu , et tout en rappelant inlassablement le droit de l'état hébreux à l'auto défense , l'on essaye de ménager la chèvre et le chou , en proposant de l'aide humanitaire à Gaza , en parlant de « pauses » pour les opérations militaires ( et non d'un cessez-le –feu !) , et en remettant sur la table d'une manière peu bruyante et circonstancielle , la solution à deux états . C'est dire que là aussi, l'espoir de voir ces puissances, imposer à leur allié dans la région, par tous les moyens nécessaires, une solution durable , permettant aux palestiniens de reprendre leurs droits légitimes , est une chimère ! Le respect du droit international, est, on ne cesse de le constater au fil du temps, un mécanisme à géométrie variable , qui se pratique , pas au grès du droit tel qu'il se doit , mais en fonction des intérêts politiques et géostratégiques , déterminés fondamentalement par le rapport de force mondial . Les exemples abondant dans ce sens sont innombrables, et en la matière, l'impunité accordée à Israël constitue un cas d'école !

Qui alors de la position des pays arabes ? Elle fût lointaine, l'époque où ces pays parlaient d'une voix univoque concernant la question palestinienne. Et même si à chaque épisode du conflit, on ne « ménage pas les efforts », pour se réunir, s'indigner, s'offusquer de la barbarie humaine, proposer de l'aide humanitaire, jouer aux négociateurs (pour certains pays) . Le constat de l'impuissance est on ne peut plus flagrant. Il faut dire qu'au fil du temps, chacun de ces pays a vu sa trajectoire politique dévier pour épouser les intérêts propres à chacun. Les derniers accords d'Abraham sont là pour le rappeler. Le pragmatisme et la realpolitik l'ayant emporté de loin , sur les considérations d'ordre idéologique ou communautaire .Et puis il faut se rendre à l'évidence , celui qui veut peser sur l'échiquier mondial , se doit de constituer une entité politique , qui impose sa domination par le savoir scientifique et technologique , et par sa force de frappe tant sur le plan économique que militaire . Force est de constater que les pays arabes sont loin de former pareille entité politique.

Comment interpréter par ailleurs la réaction de la Tunisie suite à ces évènements ? L'opinion publique ell , à l'instar de la plupart des opinions dans les pays arabes ou même dans plusieurs pays à travers le monde, voue en toute logique un soutien infaillible à la cause palestinienne , sans se poser de questions sur les objectifs exacts de l'attaque du Hamas , ni sur la légitimité de sa méthode, ni sur ses répercussions possibles à court, moyen ou long terme. Il y a résistance. Et cette résistance est légitime puisqu'elle défend une cause juste. Point.
Sauf qu'il y a une différence de taille , entre la spontanéité de cette réaction , qui se fond difficilement sur la raison , pour des facteurs multiples , et la réaction officielle de l'état , à travers notamment le communiqué de la présidence de la république , qui au-delà d'un soutien logique à la Palestine qui se voulait total et inconditionnel , a pris l'aspect d'une sémantique rébarbative plutôt digne d'un statut sur les réseaux sociaux ! Par ailleurs la Tunisie s'est abstenue de voter une résolution de l'ONU, réclamant un cessez-le feu immédiat et durable, proposée par la Jordanie, acceptée par les palestiniens et la plupart des pays arabes et décriée par les Israéliens ! Entre positionnement politique courageux et isolationnisme diplomatique il y a un monde !


Sur quoi aboutira cette guerre ? Une chose est certaine : elle aura remis sur la table la juste cause du peuple palestinien, qu'aussi bien israéliens ainsi que leurs alliés, ont cru jeté aux oubliettes . A quel prix et pour quels objectifs ? Peu importe disent certains.
Sauf que l'histoire regorge d'exemples, où le fait de faire parler les armes, quel que soit le modus operandi, sans objectifs politiques clairs, ne peut que mener vers un désastre.
Et il va sans dire que selon le déroulement des évènements et les réactions de toutes parts, la parole des armes, l'esprit de vengeance, le sentiment de haine et le rejet de l'autre l'emportent de loin sur les voix de la raison qui proposent une solution politique viable et durable à ce conflit. Voix de la raison qui, faut-il le rappeler, ont été sciemment réduites au silence, marginalisées, effacées des mémoires, depuis au moins deux voire trois décennies.

Alors est-ce un éternel recommencement ou un éveil inespéré des consciences ? Gardons espoir ! Malgré tout.


[1] Alain Blondy . Le Monde Méditérranéen 15000 ans D'histoire.


* Chirurgien et conseiller municipal


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