La section de Gafsa de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) a annoncé, vendredi 11 juillet 2025, qu'un détenu de la prison civile de Gafsa a été condamné à six mois de prison pour avoir exprimé son refus de regarder, depuis sa cellule, une séquence télévisée diffusant des activités du président de la République. Dans son communiqué, la LTDH explique que l'affaire a débuté lorsqu'un surveillant pénitentiaire, témoin de cette réaction, a rédigé un rapport transmis à la direction de la prison. Celle-ci a alors ordonné l'ouverture d'une enquête, entendu le détenu, puis transmis le dossier au parquet. Sur la base de l'article 67 du Code pénal, qui réprime l'outrage au président, le ministère public a décidé de le poursuivre en état d'arrestation. Le tribunal de première instance de Gafsa a rendu son verdict, malgré le fait que le détenu avait déjà bénéficié d'un non-lieu dans l'affaire initiale pour laquelle il avait été incarcéré. Ce nouvel épisode a suscité l'indignation de la section locale de la LTDH, qui dénonce une instrumentalisation de la justice à des fins répressives. L'organisation critique la lourdeur de la peine prononcée et la rapidité des poursuites, estimant qu'un simple refus de regarder une émission télévisée ne saurait justifier une telle répression.
Dans sa conclusion, la LTDH exprime son rejet de cette condamnation qu'elle juge arbitraire et excessive. Elle accuse le parquet et le tribunal de Gafsa de participer à une logique de bâillonnement des voix, y compris en milieu carcéral, et alerte sur les conséquences politiques et sociales d'un tel climat répressif. Selon elle, cette affaire incarne une dérive inquiétante de l'appareil judiciaire vers une gestion autoritaire de la parole, même lorsqu'elle est insignifiante.