Le président de la République, Kaïs Saïed a reçu, jeudi 7 décembre 2023, la ministre de la Justice, Leila Jaffel, pour revenir sur le rôle historique des magistrats dans l'assainissement du pays de la corruption, citant les exemples d'Al Karama Holding et d'une association ayant reçu des financements étrangers faramineux, tout en évoquant la question de la conciliation pénale. Le président de la République a indiqué, " le travail continue pour assainir le pays de la corruption qui l'a détruit, pratiquement, dans tous les domaines. Le peuple Tunisien, en décembre 2010, avair revendiqué: emploi, liberté et dignité nationale. Suite à quoi, plusieurs établissements et ministères avaient été créés, dont notamment, Al Karama Holding, pour les biens confisqués. Elle a arraché l'âme de la dignité, elle l'a piétiné. Là où on va en Tunisie, on sent l'odeur de la corruption", souligne le président de la République. "Pour que le peuple tunisien sache le degré de corruption au sein de cette Al Karama Holding: un de ses dirigeants bénéficiait de conq voitures de fonctions, outre les 1500 litres de carburant mensuel. Un des magistrats contractuels, recruté, recevait 462 mille dinars par an. D'autres dirigeants recevaient, eux aussi des sommes énormes par an, notamment, 155,910 mille dinars, 97,669 mille dinars, 113 mille dinars, 138mille dinars, 105 mille dinars, 146 mille dinars, 164 mille dinars…Une enquête judiciaire a été ouverte à cet effet. Outre les avantages en nature, les dépassements et la cession des biens confisqués pour les lobbys. J'ai voulu révéler ces chiffres au peuple tunisien pour qu'il comprenne le degré de la corruption et les procédures de cession des biens confisqués qu'ils tentent jusqu'à présent de liquider". D'autre part, le chef de l'Etat a abordé le sujet des financements étrangers reçus par certaines associations, " un texte de loi est en cours d'élaboration. La question n'est pas de réprimer les associations. Je prends l'exemple d'une seule organisation, dont je ne veux pas révéler le nom : de 2016 à 2023, elle a reçu 7,615 millions de dinars de l'étranger. Ces financements sont reçus au nom de la société civile. Ces associations ont constitué une continuité pour les partis, mais aussi pour les services de renseignements étrangers. Il faut mettre un terme à cette situation. Il faut assainir le pays et la justice doit jouer son rôle dans ce sens et ne pas laisser ces criminels abuser des deniers du peuple tunisien. C'est une guerre sans merci et il n'y aura aucun retour en arrière. [...] Ils ont dit qu'ils allaient lutter contre la corruption et ils avaient installer des institutions à cet effet. Où étaient passées ses institutions? Malheureusement, elles se sont inscrites dans cette corruption". Revenant sur la question de la conciliation pénale, le président de la République a indiqué que le texte de loi sera révisé, soulignant que la conciliation pénale doit être réelle. "Nous ne voulons voir aucune personne en prison, mais l'argent des Tunisiens doit leur être restitué. Ils veulent maltraiter les Tunisiens, mais ils n'y parviendront pas et devront répondre de leurs actes devant la justice. Là encore, les magistrats doivent jouer leur rôle historique dans l'assainissement du pays. Tel fût la volonté du peuple, et nous la réaliserons".