Manifestation anti-UGTT devant le siège du syndicat à Tunis    Khaled Nouri contre-attaque : que cache la colère du ministre de l'Intérieur ?    Plongeur disparu à El Haouaria : les recherches se poursuivent    JCC 2025-courts-métrages : l'appel aux candidatures est lancé !    « Arboune » d'Imed Jemâa à la 59e édition du Festival International de Hammamet    Ahmed Jaouadi décoré du premier grade de l'Ordre national du mérite dans le domaine du sport    Mahdia : un couple meurt tragiquement dans un accident de la route    Météo en Tunisie : temps clair, températures en légère hausse    Najet Brahmi : les Tunisiens ne font plus confiance aux chèques !    Kaïs Saïed rend hommage à Ahmed Jaouadi pour ses médailles d'or à Singapour    Emploi à l'Ambassade d'Allemagne pour les Tunisiens : bon salaire et conditions avantageuses !    Hausse du revenu global des sociétés cotées en bourse de près de 6% à fin juin 2025    Elyes Asmi : la baisse de l'inflation est liée à la baisse des dépenses des Tunisiens    Tensions franco-algériennes : Macron annule l'accord sur les visas diplomatiques    Ahmed Amiri : le prix de la viande d'agneau ne fait qu'augmenter !    Le mois dernier, troisième mois de juillet le plus chaud de l'histoire    Russie – Alerte rouge au volcan Klioutchevskoï : l'activité éruptive s'intensifie    Faux Infos et Manipulations : Le Ministère de l'Intérieur Riposte Fortement !    Sous les Voûtes Sacrées de Faouzi Mahfoudh    Le CMF valide une OPA simplifiée sur Sits    Sidi Bouzid : 402 infractions économiques en un mois !    30ème anniversaire du Prix national Zoubeida Bchir : le CREDIF honore les femmes créatrices    Ahmed Jaouadi décoré par le président Kaïs Saïed après son doublé d'or à Singapour    Kaïs Saïed fustige les "traîtres" et promet justice pour le peuple    Le ministère de l'Intérieur engage des poursuites contre des pages accusées de discréditer l'insitution sécuritaire    Sept disparus à la suite d'un glissement de terrain dans le sud de la Chine    Donald Trump impose des droits de douane supplémentaires de 25% sur les importations de l'Inde    Macron dégaine contre Alger : visas, diplomatie, expulsions    Football-compétitions africaines des clubs 2025/2026: le tirage au sort prévu le samedi prochain en Tanzanie    Report de la grève de la Transtu et de la SNTRI    La Galerie Alain Nadaud abrite l'exposition "Tunisie Vietnam"    Absence de Noureddine Taboubi : qui assure la direction de l'UGTT ?    Quand le monde échappe aux cartes : pour une géopolitique de la complexité    Alerte en Tunisie : Gafsa en tête des coupures d'eau    Succession dans le camp MAGA : Trump adoube JD Vance pour 2028    Tech Day Kia PV5 : la technologie au service d'une mobilité sans limites    Météo en Tunisie : ciel nuageux, températures en légère hausse    Décès : Nedra LABASSI    A l'occasion du Mondial féminin : une délégation tunisienne au Royaume-Uni pour la promotion du rugby féminin    À la recherche d'un emploi ? L'ANETI est désormais entièrement en ligne    Création d'un consulat général de Tunisie à Benghazi    Moins d'inflation, mais des prix toujours en hausse !    Vague d'indignation après le retour ignoré d'Ahmed Jaouadi    Ahmed Jaouadi rentre à Tunis sans accueil officiel    La mosquée Zitouna inscrite au registre Alecso du patrimoine architectural arabe    Orchestre du Bal de l'Opéra de Vienne au Festival d'El Jem 2025 : hommage magique pour les 200 ans de Strauss    Le Théâtre National Tunisien ouvre un appel à candidatures pour la 12e promotion de l'Ecole de l'Acteur    Le Quai d'Orsay parle enfin de «terrorisme israélien»    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Fuite des cerveaux en Tunisie : entre approche punitive et nécessité de réformes structurelles
Publié dans Business News le 25 - 11 - 2024

Une initiative législative proposée à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) vise à instaurer un mécanisme de remboursement partiel des frais d'études universitaires pour les diplômés en médecine et en ingénierie qui choisissent de travailler à l'étranger. L'objectif est de réduire la fuite des cerveaux, de financer l'amélioration de l'enseignement supérieur et d'encourager les talents à rester ou à revenir en Tunisie.
La députée Fatma Mseddi, qui soutient cette initiative, a déclaré : « Il y a eu beaucoup de débats autour d'une proposition visant à limiter la fuite des compétences que nous avons suggérée. Je tiens à clarifier qu'il s'agit d'un article proposé pour être ajouté à la Loi de finances de l'année 2025 », expliquant ainsi que cette initiative parlementaire, si elle est adoptée, sera incluse dans la Loi de finances 2025.
Ce projet de loi vise à répondre au problème de la fuite des compétences en Tunisie, particulièrement parmi les médecins et les ingénieurs formés dans les universités publiques. Chaque année, un nombre important de diplômés choisissent de travailler à l'étranger dès la fin de leurs études, ce qui entraîne une double perte pour le pays : d'une part, la perte de ressources humaines qualifiées, indispensables au développement des secteurs clés tels que la santé et l'ingénierie ; d'autre part, des pertes financières pour l'Etat, qui finance largement ces formations sans en retirer les bénéfices.
L'objectif principal de ce projet de loi est d'instaurer un mécanisme permettant à l'Etat de récupérer une partie des coûts de formation des diplômés travaillant à l'étranger peu après l'obtention de leur diplôme. Ces diplômés seraient tenus de rembourser 50 % des frais de leurs études, sauf s'ils reviennent travailler en Tunisie dans un délai de cinq ans. Les sommes récupérées seraient réinvesties dans le développement des infrastructures et l'amélioration de la qualité de l'enseignement supérieur. Parallèlement, des mesures incitatives sont proposées pour encourager les diplômés à rester ou à revenir en Tunisie, favorisant ainsi un équilibre entre leurs aspirations personnelles et les besoins du pays.

Cette initiative législative a relancé un débat socio-économique complexe. L'ancien ministre Faouzi Ben Abderrahman a réagi à ce projet de loi dans un post sur Facebook, déclarant : « Les députés du Parlement de Kaïs Saïed, qui souhaitent empêcher la fuite des jeunes compétences en imposant des taxes et des amendes exorbitantes sans fondement, ne font que renforcer une mentalité autoritaire profondément enracinée dans notre société ».
Faisant écho à la question de la légitimité soulevée par M. Ben Abderrahman, l'article 44 de la Constitution stipule : « L'Etat garantit le droit à l'enseignement public gratuit à tous ses niveaux. Il veille à fournir les ressources nécessaires au service d'une éducation, d'un enseignement et d'une formation de qualité ». Cette disposition soulève donc la question de la constitutionnalité du projet de loi.
L'ancien ministre a poursuivi : « Ces députés auraient dû s'interroger sur les opportunités de réussite que l'Etat offre à ces jeunes et sur sa capacité à répondre à leurs aspirations. Ils auraient dû prendre connaissance de l'abondance d'études disponibles sur le sujet ».
La fuite des cerveaux n'est pas un problème propre à la Tunisie. Toutefois, les réponses à ce phénomène varient considérablement d'un pays à un autre. Par exemple, l'Inde, confrontée à une émigration massive de ses professionnels qualifiés, a mis en place des programmes d'incitation pour ses expatriés, leur offrant des avantages fiscaux, des opportunités professionnelles et des facilités administratives. Des initiatives comme le Know India Programme visent à établir un lien entre la diaspora et le pays d'origine, encourageant les talents à revenir.
De leur côté, des pays comme le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande adoptent des politiques similaires, attirant les diplômés étrangers et les encourageant à travailler dans des secteurs stratégiques en échange d'avantages fiscaux ou de facilités pour obtenir la citoyenneté. Ces approches, axées sur l'incitation plutôt que sur la contrainte, offrent des conditions favorables pour convaincre les expatriés qu'ils ont davantage à gagner en revenant qu'en restant à l'étranger.
En revanche, la Tunisie semble privilégier une approche punitive en imposant des frais aux diplômés qui partent. Une telle approche ne tient pas compte des raisons profondes de l'immigration, souvent liées à des conditions de travail inadéquates, des perspectives de carrière limitées et un manque d'infrastructures dans des secteurs clés tels que la santé et l'ingénierie. Au lieu de contraindre ces talents à revenir, il serait préférable de leur offrir un environnement professionnel propice à leur épanouissement.

Dans ce cadre, Faouzi Ben Abderrahman a déclaré : « Nous avons déjà observé ce phénomène parmi les universitaires : lorsqu'ils élisent un président pour leur institution, certains se transforment en figures autoritaires. Est-ce le résultat d'un système éducatif défaillant ou les vestiges de siècles de décadence ? L'acceptation populaire de l'autoritarisme, nourrie par un sentiment d'échec et de marginalisation sociale, est tout aussi préoccupante ».
Enfin, le projet de Loi de finances actuellement en débat en Tunisie, qui prévoit une augmentation des impôts, accentue les difficultés économiques des classes moyennes, notamment des professeurs universitaires, ingénieurs et médecins du secteur public. Déjà confrontés à une forte pression fiscale, ces professionnels voient leur situation se dégrader davantage. Le professeur Aram Belhadj a souligné le 19 octobre 2024 que le projet de la Loi de finances 2025 entraînerait une hausse significative de cette pression. Mustapha Mezghani, expert en stratégies TIC et développement, a également affirmé que cette classe sociale peine à faire face à ses responsabilités financières malgré une augmentation limitée des salaires.

Si l'intention de cette initiative législative peut paraitre louable, son approche punitive et sa focalisation sur la contrainte plutôt que sur l'incitation risquent de produire l'effet inverse de celui recherché. En négligeant les causes structurelles profondes de l'immigration, comme le manque de perspectives professionnelles et les conditions de travail insuffisantes, le projet pourrait décourager davantage les talents et aggraver la fuite des cerveaux. Une stratégie plus équilibrée, combinant incitations et réformes structurelles, serait sans doute mieux adaptée pour répondre à ce défi complexe tout en respectant les aspirations légitimes des jeunes diplômés tunisiens.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.