Le 8 décembre 2024 a marqué un tournant historique : la chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie a scellé la disparition des derniers bastions du nationalisme arabe incarné par les régimes baathistes et nassériens. Cet événement appelle à une réflexion sur l'héritage de ces mouvements, leur déclin, et les perspectives d'unité dans le monde arabe. La fin d'une ère pour le nationalisme arabe Les nationalistes arabes ont perdu leurs trois espaces étatiques emblématiques : l'Egypte il y a cinquante ans, l'Irak il y a vingt ans, et désormais la Syrie. Ces chutes successives illustrent une constante : la fragilité des régimes construits autour d'une figure charismatique unique. Nasser en Egypte, Saddam Hussein en Irak et Bachar el-Assad en Syrie ont incarné leurs idéologies respectives, mais leur départ – qu'il s'agisse de décès, de renversement ou de fuite – a précipité l'effondrement de leurs systèmes.
Le rêve d'unité arabe face aux réalités politiques L'unité arabe a toujours été un idéal partagé par les peuples de la région. Pourtant, ce rêve, s'il est devenu une nécessité dans un monde de plus en plus globalisé et marqué par l'émergence de grands blocs régionaux, reste inaccessible sous des régimes autoritaires. Une véritable unité ne peut être réalisée que par des peuples souverains, dans des cadres démocratiques et légitimes. En l'absence de ces conditions, toute tentative d'intégration, même régionale, est vouée à l'échec à court terme.
Le cas tunisien et l'échec des héritages nationalistes En Tunisie, les baathistes ont depuis longtemps perdu leur influence, tandis que les nassériens se sont marginalisés eux-mêmes en quittant l'opposition avant d'être écartés par le président Kaïs Saïed. La chute d'Assad constitue, en théorie, le coup de grâce pour ces courants idéologiques. Kaïs Saïed, quant à lui, s'est distingué par son soutien au régime syrien jusqu'à sa chute, illustrant ainsi les limites de sa vision géopolitique. La diplomatie tunisienne, sous sa direction, a brillé par son manque d'anticipation et d'adaptation aux dynamiques régionales. Cette posture, en décalage avec l'évolution des événements, met en lumière une gestion qui peine à s'inscrire dans la complexité des relations internationales contemporaines.
Une région en quête de renouveau La chute du régime syrien marque la fin d'un cycle historique et met en évidence la nécessité d'un renouveau politique et idéologique dans le monde arabe. Si le rêve d'unité persiste, il ne pourra se concrétiser qu'à travers des transformations profondes, portées par des régimes démocratiques et des sociétés civiles engagées. La disparition des figures emblématiques du nationalisme arabe doit désormais laisser place à une réflexion collective sur les voies à suivre pour répondre aux aspirations des peuples de la région.