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En Tunisie, la solidarité humanitaire est un crime !
Publié dans Business News le 20 - 12 - 2024

En Tunisie, combien de personnes sont jetées en prison pour leur engagement dans l'action humanitaire ? En réalité, on ne sait pas exactement. Pour quelle raison ? Parce que beaucoup de familles préfèrent se taire de peur d'aggraver la situation de leur détenu. On fait croire à ces familles qu'en évitant de médiatiser l'affaire de leur proche, de faire du bruit autour, cela les prémunirait de représailles et permettrait une libération rapide. Nombreux sont ceux qui croient qu'en criant fort et en politisant l'affaire d'un détenu, cela entraînerait des conséquences néfastes. Dans cette Tunisie de l'ère de la « construction et de l'édification », conférer une dimension politique à un problème est devenu suspect. L'action politique, dans son essence, est devenue suspecte dès lors qu'elle déborde du périmètre prédéfini par le pouvoir.
Intimidées, ces familles choisissent le silence. On leur sort la belle formule : « S'il n'a rien fait, il sera libéré ». Parce que, aussi, sous cette ère bénie, on jette d'abord les gens en prison puis on vérifie. Peu importe si ces personnes ne représentent aucun danger pour la société, on les prive de leur liberté comme de dangereux criminels. Peu importe si le code de procédure pénale tunisien dispose que la détention préventive est une mesure exceptionnelle. D'ailleurs, au rythme où vont les incarcérations, à la pelle, ce caractère exceptionnel inscrit dans la loi tunisienne devient désuet. Tant qu'à faire, la loi devrait être amendée pour être cohérente avec la triste réalité.

Pourtant, en se taisant, ces familles se rendent finalement compte que cela n'a en rien aidé leur proche incarcéré. Leur souffrance continue sous le manteau du silence et leur voix est étouffée. Ces dernières 24 heures, un témoignage poignant d'une maman, qui a décidé de briser le silence, a beaucoup ému les cercles qui s'intéressent encore à ce qui se trame dans le pays. Sa fille s'était engagée aux côtés des services municipaux de sa ville pour atténuer la crise migratoire sans précédent. Elle avait pris à cœur de fournir un minimum de services sanitaires et alimentaires aux migrants irréguliers, par humanisme tout d'abord, et parce qu'elle était consciente que, sans cela, la situation dans sa ville deviendrait intenable. Sauf qu'elle a été arrêtée et jetée en prison. Le pire, c'est que le conseil municipal agissait conformément aux textes de loi et dans le cadre des obligations de l'Etat. Sept mois que la jeune femme est en prison. Sept mois que la maman s'accrochait au silence pour éviter de faire du tort à sa fille, Imen. La maman n'a pas pu garder le silence plus longtemps, alors même qu'on lui disait que le dossier est vide, mais que sa fille était maintenue en détention par « ordres venus d'en haut ».
Combien de Imen, dont le récit malheureux reste méconnu, croupissent actuellement en prison ? On ne saurait le dire. Cependant, ce que l'on sait, c'est que des dizaines de volontaires engagés dans des actions humanitaires en lien avec les migrants sont poursuivis et certains détenus. La criminalisation de la solidarité est devenue une politique d'Etat. Cela sert le récit du régime selon lequel l'afflux des migrants en Tunisie est un complot visant à changer « la composition démographique de la société ». Une vile théorie du grand remplacement bien de chez nous, qui a fait bien des victimes.

Ces deux dernières années ont été marquées par une cabale contre les migrants subsahariens, venus en Tunisie pour traverser la Méditerranée en direction de l'Europe. Les autorités tunisiennes, tout en les empêchant de partir, les bloquaient sur le territoire et les laissaient à l'abandon sans aide. Les perturbations qui en ont découlé ont alimenté le récit étatique d'un plan ourdi pour « coloniser » le pays et attenter à sa souveraineté. Défaillant et ne respectant pas les traités et les conventions relatives à l'aide aux migrants dont il est signataire, l'Etat a retourné la situation à son avantage, se présentant comme victime d'une conspiration internationale. La méfiance et la haine chez un large pan de la population ont été alimentées à coups de rhétorique xénophobe et de racisme à peine voilé. C'est dans ce climat qu'intervenaient les associations et les volontaires pour venir en aide aux migrants, jouant pleinement leur rôle de fourniture de services humanitaires. Toutefois, au lieu de reconnaître ce rôle et de faciliter l'action de ces associations pour le bien de tous, le pouvoir leur est tombé dessus, les accusant de faire partie du complot. Le coupable est tout trouvé. De nombreuses associations qui viennent en aide aux migrants ont vu leurs activités suspendues, plusieurs militants humanitaires sont arrêtés. Les gros mots sont de sortie : financements étrangers pour installer en Tunisie ces méchants « Africains ». Comme si les Tunisiens venaient d'Océanie, mais passons ! La population crie au scandale, mystifiée par un pouvoir taisant le fait que recevoir des financements étrangers n'est nullement illégal et que l'Etat contrôle tout cela en amont.
Sherifa Riahi, Saïdia Mosbeh, Mahmoud Jouou, Yadh Boussalmi, Mustapha Jemali, Abderrazak Krimi, Abdallah Saïd, Imen, et tant d'autres sont en prison pour leur engagement dans des activités de solidarité envers les migrants. En énonçant ce fait, c'est l'Absurde dans toute sa teneur tragique qui se manifeste.


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