La société Instalingo a publié un communiqué faisant suite à la décision de justice rendue aujourd'hui, mercredi 5 février 2025, à l'encontre de plusieurs personnalités politiques et médiatiques. La société qualifie l'affaire de « mascarade judiciaire », affirmant ce qui suit : « Le procureur de la République qui a mené les investigations en 2021, a été limogé à l'époque via une décision politique, persécuté et érigé en exemple pour dissuader d'autres magistrats. Il en a été de même pour son adjoint, ainsi que pour le procureur de la République qui a repris l'affaire en 2022, et son adjoint. De même, le juge d'instruction qui a conduit l'enquête en 2021, et son successeur, ainsi que d'autres juges de la Cour d'appel et d'autres tribunaux en Tunisie, ont tous été sanctionnés, non pas pour avoir fait leur devoir ou rendu justice face à un pouvoir oppresseur, mais parce qu'ils ont échoué à satisfaire les désirs de ceux qui ont usurpé le pouvoir. » « Si nous avons toujours refusé cette mascarade judiciaire, certifiant qu'elle ne pouvait en aucun cas être qualifiée de procès, il nous importe d'apporter les clarifications suivantes : Cette affaire n'a pas débuté sur la base de faits ou de preuves, mais sur une fausse dénonciation émanant d'un individu coutumier du chantage depuis des années. Cet individu fait l'objet de plus de dix condamnations à des peines de prison pour des infractions telles que l'escroquerie, la diffamation, la calomnie et les troubles à l'ordre public, aussi bien avant qu'après sa dénonciation. Le régime en place a vu en lui l'outil idéal pour salir l'image de personnes faisant partie de l'élite de la Tunisie en les accusant d'entretenir des liens avec Instalingo, société prétendument propriétaire de pages Facebook qui effraieraient ceux qui ont usurpé le pouvoir. Après trois années d'investigations, de perquisitions, d'arrestations, de disparitions forcées et d'actes de persécution, et malgré les efforts acharnés de milliers de fonctionnaires tunisiens pour retrouver ces prétendues pages, le dossier ne contient pas un seul document prouvant que notre société possède une quelconque page Facebook. Cela confirme ce que nous avons affirmé dès le premier jour : l'objectif de ces persécuteurs n'est pas de fermer des pages Facebook, mais de tourner la page de la liberté en Tunisie. Les enquêtes et interrogatoires ont abouti à la désignation de deux groupes distincts de victimes : le premier groupe comprend des employés et collaborateurs de la société et le second inclut des personnalités politiques, sécuritaires et médiatiques, connues au niveau national et international. Or, tous les membres du premier groupe ont déclaré ne connaître aucun membre du second groupe, et vice versa. Certains ne connaissaient même pas le nom de notre société. Ces déclarations sont corroborées par les résultats des investigations, qui n'ont révélé aucun lien ou interaction entre Instalingo et ces personnalités politiques, sécuritaires ou médiatiques. Plusieurs blogueurs arrêtés ont affirmé qu'ils n'avaient aucun lien avec la société ni avec les autres accusés. Ils ont déclaré, pour la première fois (et cela figure dans le procès-verbal de la dernière audience), qu'ils étaient en contact direct et permanent avec Khaled Yahyaoui, directeur général de la sécurité présidentielle, qui leur donnait pour instruction d'intensifier leurs publications sur les conflits internes au Parlement afin de préparer le terrain au coup du 25 juillet. Ils ont également précisé que leur seul tort, qui leur vaut aujourd'hui d'être inculpés, est d'être entrés en conflit avec Taoufik Charfeddine, ancien ministre de l'Intérieur. Nous réaffirmons l'innocence totale de notre société et de tous ses employés face aux accusations infondées portées contre nous. Nous rejetons catégoriquement toute implication avec les parties politiques et sécuritaires mêlées à cette mise en scène, dont l'unique but est de détourner l'opinion publique pour permettre aux usurpateurs d'arracher une fois de plus la liberté aux Tunisiens sous prétexte de combattre Instalingo. »
La chambre criminelle n°2 du tribunal de première instance de Tunis a rendu, ce matin, son verdict dans l'une des trois affaires Instalingo. Une série de condamnations a été prononcée à l'encontre de figures politiques majeures du parti islamiste Ennahdha, d'influenceurs, de journalistes et de hauts cadres de l'Intérieur, marquant un tournant dans ce grand dossier judiciaire.