Un ensemble d'organisations de la société civile à Sousse a publié, jeudi 27 février 2025, un communiqué conjoint exprimant leur profonde indignation face à la prolongation de la détention de plusieurs personnalités engagées dans la défense des droits des migrants. Parmi elles figurent Ikbel Khaled, ancien maire de la ville, Imen Ouardani, ancienne conseillère municipale, ainsi que Sherifa Riahi, Mohamed Jouou et Yadh Boussalmi, détenus en raison de leur soutien humanitaire aux migrants. Le communiqué rappelle qu'« Ikbel Khaled et Imen Ouardani sont incarcérés depuis plus de 290 jours, non pas pour avoir enfreint la loi, mais en raison de leur engagement envers les valeurs humanitaires ». Cet engagement s'était notamment traduit par la signature d'un partenariat entre la municipalité de Sousse et l'Association Terre d'Asile, section Tunisie, visant à garantir des conditions de vie dignes aux migrants. Ce partenariat prévoyait une assistance ciblée aux populations vulnérables, telles que les enfants, les femmes, les personnes âgées et les réfugiés confrontés à des difficultés pour renouveler leurs demandes d'asile, en raison de l'absence du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans la ville. Les organisations soulignent que cet accord a été conclu dans le respect des lois tunisiennes et des conventions internationales garantissant les droits des réfugiés et des migrants. Elles dénoncent des poursuites judiciaires qui s'inscrivent dans une politique répressive visant à criminaliser l'action associative et à restreindre les libertés fondamentales. Selon elles, cette démarche cherche à réprimer les valeurs de solidarité et à limiter l'aide aux plus vulnérables.
Les signataires du communiqué – parmi lesquels des bureaux locaux de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, de l'Association tunisienne des femmes démocrates, de l'Union des diplômés chômeurs et de l'Union générale des étudiants tunisiens – appellent à la libération immédiate des activistes emprisonnés et à la levée des obstacles entravant le travail de la société civile.
Le 26 février 2025, la demande de libération de Sherifa Riahi, ancienne directrice exécutive de l'Association Tunisie Terre d'Asile, a été rejetée. Arrêtée le 7 mai 2024 dans le cadre d'une enquête sur la location d'hôtels pour l'hébergement de migrants subsahariens, elle était alors en congé de maternité et a été séparée de son bébé de seulement deux mois. Cette arrestation s'inscrit dans une série de mesures prises par les autorités contre les organisations impliquées dans l'aide humanitaire aux migrants. Le discours officiel accuse ces associations de mener un « complot visant à modifier la composition démographique » du pays, des propos qui ont vivement choqué les défenseurs des droits humains.