La famille de Sherifa Riahi, ancienne directrice exécutive de l'organisation Tunisie Terre d'Asile, a diffusé, dimanche 23 mars 2025, une lettre qu'elle a rédigée depuis sa cellule. Arrêtée le 7 mai 2024, alors qu'elle était en congé de maternité, Sherifa Riahi est incarcérée depuis presque une année. Son arrestation s'inscrit dans le cadre d'une enquête sur un appel d'offres concernant la location d'hôtels destinés à accueillir des migrants subsahariens. Cette arrestation a suscité une vague d'indignation, notamment en raison de la séparation forcée entre Sherifa Riahi et son nourrisson de deux mois. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les conditions de sa détention et l'atteinte à ses droits en tant que mère. Malgré l'abandon des accusations de blanchiment d'argent et de complot à son encontre, Sherifa Riahi demeure en détention. Sa famille et ses soutiens continuent de réclamer sa libération, mettant en avant son engagement humanitaire et les souffrances endurées par ses enfants en bas âge. Dans sa lettre, Sherifa Riahi exprime sa gratitude envers ceux qui l'ont soutenue et appelle à une accélération des procédures judiciaires pour que justice soit rendue.
Voici la lettre traduite de l'arabe : « Je tiens à adresser mes sincères remerciements à toutes celles et ceux qui m'ont soutenue : ma famille, mes amis et la société civile. Merci à vous tous, votre solidarité a été pour moi une source de force en ces temps difficiles. Cette solidarité est inestimable. Je souhaite commencer par un message à mes avocats : je demande l'accélération des procédures de pourvoi afin qu'une audience soit fixée dans les plus brefs délais. Je n'ai jamais regretté mon engagement dans l'humanitaire. Il est injuste de condamner des personnes en raison de leur dévouement à ce domaine. Mon incarcération en soi n'a pas été la pire des épreuves. Ce qui l'a été, c'est d'être privée de visites en présence de mes enfants, âgés d'un an et de trois ans, à qui l'on a refusé le droit de me voir directement, accompagnés d'un membre de ma famille. J'ai également été privée d'allaiter ma fille, qui n'avait que trois mois lors de mon arrestation. Le seul lien que je pouvais garder avec elle était conditionné à sa présence avec moi en prison, alors que j'avais demandé une solution simple : pouvoir l'allaiter quotidiennement dans une salle dédiée, avant qu'elle ne soit confiée à ma mère. Les procédures permettant d'obtenir une visite directe avec mes enfants ont été d'une lenteur et d'une complexité extrêmes, au point que l'on pourrait les assimiler à une forme de torture pour les détenues, en particulier celles poursuivies en vertu de la loi antiterroriste de 2015 et de la législation sur le blanchiment d'argent. L'incarcération devrait être une exception. Je n'ai pas souhaité médiatiser mon affaire, car je ne voulais pas exercer de pression sur la justice. J'ai toujours eu confiance en mon innocence et j'ai cru en une justice impartiale. Aujourd'hui, le juge a décidé d'abandonner les accusations de blanchiment d'argent. Pourtant, je demeure en prison, payant le prix de mon engagement et de mon activité dans l'humanitaire ».