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Les patriotes et les traîtres : le grand théâtre souverainiste
Publié dans Business News le 02 - 05 - 2025

Il est des mots qu'on galvaude jusqu'à leur ôter tout sens, et des notions qu'on brandit à la manière d'un paravent, pour mieux dissimuler les failles derrière. En Tunisie, la souveraineté est désormais de celles-là. Un étendard qu'on agite à chaque critique venue de l'extérieur, tout en tenant grand ouvert le tiroir-caisse pour y glaner subventions, prêts et reconnaissances diplomatiques. Un souverainisme à géométrie variable, qu'on ajuste au gré des besoins politiques du moment.

Les purs, les félons et les dupes
Ces jours-ci, le mot est revenu à la mode. Des pays étrangers ainsi que l'ONU ont eu l'outrecuidance de commenter les verdicts dans l'affaire dite de complot contre la sûreté de l'Etat ? Qu'à cela ne tienne, on sonne le tocsin patriotique, on cloue au pilori ces regards extérieurs, jugés forcément hostiles et suspects.
La mécanique est bien huilée. Le pouvoir se pare de la cape du défenseur intraitable de la nation, pendant que ses opposants — ceux qui osent alerter ou contester — se voient rangés dans la catégorie des traîtres. Des félons, accusés de vouloir livrer la Tunisie à ces mêmes puissances honnis.
On connaît la musique. Ceux qui sont avec le pouvoir ce sont les purs ; ses critiques sont les vendus. Les premiers, gardiens autoproclamés de la souveraineté nationale, les seconds, présentés comme agents de l'ingérence étrangère. Une dialectique grossière, mais redoutablement efficace pour assujettir les esprits et museler la contestation. Car comment défendre ses droits quand on vous dépeint comme complice d'une cabale étrangère ? Comment revendiquer la justice sans être aussitôt soupçonné de saper la nation ?

La souveraineté, un paravent
Pour donner corps à cette mise en scène, rien de tel qu'une indignation théâtrale. C'est tard dans la nuit (un horaire jamais anodin) que le président a choisi de dénoncer, avec emphase, les commentaires venus d'Europe et d'ailleurs. On a convoqué la métaphore bucolique : « La Tunisie n'est ni une ferme ni un verger » où l'on pourrait venir grappiller à loisir. Un joli trait d'esprit, mais qui dissimule mal une criante contradiction. Ces mêmes puissances qu'on vilipende aujourd'hui avaient été invitées, quelques semaines plus tôt, à envoyer leurs diplomates assister aux audiences du procès.
Faut-il rappeler cette incongruité ? Pourtant, il s'agit d'un exercice de simple bon sens : on autorise la présence d'observateurs, puis on crie à l'ingérence lorsqu'ils osent formuler une opinion. Une souveraineté à la carte, en somme. On accepte les regards extérieurs tant qu'ils restent silencieux et complaisants ; on les rejette avec fracas dès qu'ils dévient du récit officiel. La logique est un luxe que le régime ne semble pas vouloir se donner les moyens de s'offrir…

Nationalisme primitif pour museler les esprits
Pour faire bonne mesure, et donner un semblant de spontanéité populaire à cette indignation souverainiste, une manifestation a été montée le 1er mai. Une farce grotesque, avec quelques centaines de malheureux rameutés en bus publics des quatre coins du pays. On les a fait défiler en brandissant des pancartes et en hurlant des slogans aussi approximatifs que leur compréhension des enjeux. Ainsi, cette femme, chauffée à blanc, qui beuglait qu'elle ne voulait « plus d'étrangers dans le pays », amalgame malheureux mais révélateur entre ingérence diplomatique et simple présence humaine sur le sol tunisien. Certains, à force de brouillage idéologique, en venaient à confondre tout.
Tout est là dans ce nationalisme exalté et rudimentaire, alimenté par les contrevérités distillées sans relâche par un pouvoir et ses partisans déterminés à brouiller les pistes. Il y a peut-être de l'ingérence, mais pas nécessairement celle qu'on laisse voir. Les plus avertis le perçoivent, pas les masses embobinées à force de matraquage.

Le rejet de l'intervention étrangère, principe sur lequel nul Tunisien lucide ne transige, n'exige pas de cris ni de manifestations. Sauf quand il s'agit de le travestir en arme politique, d'en faire un instrument au service d'un récit binaire : ici les patriotes, là les traîtres.
Ainsi avance cette mystification souverainiste, huilée à souhait pour contrôler les esprits et légitimer les dérives. Elle permet de détourner l'attention des procès iniques, des opposants embastillés et des libertés piétinées. Le tout en donnant au pouvoir l'image flatteuse du dernier rempart contre un monde extérieur forcément hostile et des ennemis intérieurs nécessairement vendus.
Et alors que se joue ce grand théâtre souverainiste, entre envolées patriotiques et dénonciations de traîtres, le pays, lui, s'enfonce dans une tragicomédie sous les applaudissements forcés des dupes.


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