Le Collectif contre la criminalisation de la solidarité a publié, mardi 6 mai 2025, un message fort sur les réseaux sociaux. À travers ce post, il affirme son soutien sans réserve à Sherifa Riahi, l'ancienne directrice exécutive de l'organisation Tunisie Terre d'Asile, incarcérée depuis un an. « Cela fait un an que l'activiste Sherifa Riahi est en détention, une femme qui n'a jamais cessé d'élever la voix pour la justice, la dignité et le droit à la différence ». Le collectif y dénonce une détention arbitraire, motivée non par des faits criminels mais par une volonté politique de faire taire une voix libre. Dans un ton grave, le collectif poursuit : « 365 jours se sont écoulés depuis son arrestation sans procès, révélant sans vergogne la volonté des autorités actuelles de s'acharner contre elle ». Derrière cette affaire, certains observateurs voient le reflet d'une politique plus large, hostile à la société civile. L'arrestation de Sherifa Riahi ne serait pas un fait isolé, mais s'inscrirait dans une stratégie répressive ciblant les défenseurs des droits humains. Le collectif ne mâche pas ses mots : « L'arrestation de Sherifa Riahi est une décision politique, émanant d'un pouvoir qui criminalise la solidarité et l'humanité ». De nombreuses voix estiment que son incarcération illustre la fragilité des libertés publiques en Tunisie et dénoncent un retour progressif de la répression étatique. Malgré les tentatives de marginalisation, Sherifa Riahi incarne, selon ses soutiens, une mémoire résistante : celle d'une Tunisie humaniste, engagée contre les discriminations.
Dimanche dernier, un rassemblement a eu lieu à La Marsa pour exiger la libération de Sherifa Riahi. Les protestataires ont rappelé le déchirement vécu par ses deux jeunes enfants, séparés brutalement de leur mère en mai 2024. Sa fille n'avait que deux mois et demi à l'époque, son fils pas encore trois ans. « C'est une souffrance silencieuse mais profonde que l'on inflige à toute une famille pour faire taire une militante », a déclaré une participante au rassemblement. Malgré l'annonce officielle de cette manifestation, les forces de l'ordre ont empêché les manifestants de rejoindre la plage de La Marsa, bloquant un parcours pourtant déclaré aux autorités régionales. Des slogans ont fusé : « Libérez Sherifa ! », « Non à la criminalisation de l'engagement civique », dans une ambiance tendue mais déterminée. L'avocate de Sherifa Riahi, Me Hayet Jarrar, a précisé que les expertises financières ont totalement blanchi sa cliente. Aucun détournement de fonds, aucun blanchiment d'argent n'a pu être prouvé. Cependant, l'accusation de « soutien à un étranger ou facilitation de son entrée illégale sur le territoire tunisien » reste maintenue. Une formulation vague que les proches de Sherifa perçoivent comme un prétexte pour neutraliser une figure gênante de la société civile.
Le collectif insiste : « Même derrière les barreaux, Sherifa continue de déranger le pouvoir. Elle est la cible de campagnes virulentes menées par des milices virtuelles, dissimulant la haine derrière un patriotisme de façade ». Dans son post, le collectif n'a pas omis de publier une image forte : celle d'une affiche appelant à la libération de Sherifa Riahi, collée à la poussette de sa fille, à qui elle a été arrachée à peine huit semaines après sa naissance.