Un communiqué en arabe, largement diffusé sur Facebook en Tunisie et en Libye, prétend émaner d'Interpol. Il ordonne aux employés libyens de l'organisation de se rassembler à l'aéroport de Tripoli à 11 heures pour être transférés « immédiatement vers la Tunisie ». Le message est signé par une certaine « Fatma Essaghir – Secrétaire générale d'Interpol International » et demande également aux bureaux de Misrata et d'Al-Khoms de se rendre à l'aéroport pour embarquer sur un vol de la compagnie aérienne Africaine à destination de Tunis.
Après vérification, il s'est avéré qu'Interpol n'a publié aucun communiqué similaire sur ses canaux officiels. Ni le site officiel de l'organisation (interpol.int), ni ses comptes Twitter et Facebook vérifiés, ni encore ses communiqués de presse ne contiennent la moindre trace de ce message ou d'une quelconque opération d'évacuation en Libye. Par ailleurs, le nom mentionné dans la note est fictif. Le secrétaire général d'Interpol n'est pas « Fatma Essaghir », mais un autre responsable nommé en 2023 en tant que secrétaire général par intérim, en remplacement de Jürgen Stock.
Valdecy Urquiza
La mise en forme du communiqué est inhabituelle, entachée de plusieurs erreurs de syntaxe, ce qui ne correspond en rien aux standards de communication d'une organisation internationale comme Interpol. La diffusion de ce type de faux messages sur les réseaux sociaux vise souvent à semer la peur, à créer la confusion et à manipuler l'opinion publique dans un contexte sécuritaire tendu. La capitale libyenne a justement connu, dans la matinée du lundi 12 mai 2025, une situation sécuritaire instable, marquée par des affrontements entre deux forces : le Service d'appui à la stabilité, basé à Tripoli, et des unités relevant de la force de sécurité conjointe, venues de la ville de Misrata. Alors que ces déploiements ont suscité une vive inquiétude parmi la population, le ministère libyen de l'Intérieur a publié une alerte urgente, appelant les habitants des zones concernées à rester chez eux et à éviter tout déplacement, afin d'assurer leur sécurité. « Que Dieu protège la Libye et son peuple », conclut le communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, des sources militaires auraient indiqué à certains médias locaux et internationaux la mort d'Abdelghani Kekli, chef du Service d'appui à la stabilité à Tripoli. Ces événements s'inscrivent dans un contexte politique et sécuritaire déjà fragile, où les rivalités entre groupes armés continuent de compromettre la stabilité de la capitale. Dans ce climat tendu, le message affirmant qu'Interpol aurait ordonné l'évacuation de ses employés libyens vers la Tunisie relève clairement de la désinformation. Aucun ordre officiel n'a été émis, aucun communiqué ne le confirme, et aucun responsable nommé « Fatma Essaghir » n'existe au sein d'Interpol.