Les Palestiniens de Gaza, qui s'enfoncent de plus en plus « dans l'abîme », méritent « plus que de survivre », a lancé mercredi 28 mai 2025 l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient devant le Conseil de sécurité. « Les civils de Gaza ont perdu tout espoir. Au lieu de dire +au revoir, à demain+, les Palestiniens de Gaza disent maintenant +à bientôt au paradis+. La mort est leur compagne. Ce n'est pas la vie, ce n'est pas l'espoir. La population de Gaza mérite plus que de survivre. Elle mérite un avenir viable et plein de vie », a déclaré Sigrid Kaag. « Depuis la reprise des hostilités à Gaza, l'existence déjà terrifiante des civils s'est encore enfoncée plus profondément dans l'abîme », a-t-elle ajouté, réclamant une nouvelle fois un cessez-le-feu et la libération des otages. « Quand on parle aux êtres humains comme nous à Gaza, les mots comme empathie, solidarité et soutien ont perdu leur sens », a-t-elle encore déploré. « Nous ne devons pas nous habituer au nombre de personnes tuées ou blessées. Ce sont des filles, des mères, de jeunes enfants dont les vies ont été brisées. Tous ont un nom, tous avaient un avenir, tous avaient des rêves et des aspirations. »
Alors qu'Israël a partiellement levé la semaine dernière le blocus total qu'il imposait à la bande de Gaza depuis le 2 mars, la responsable onusienne a également regretté l'insuffisance de l'aide humanitaire pour répondre aux besoins de plus de deux millions d'habitants menacés par la famine. « C'est comparable à un canot de sauvetage après le naufrage du bateau », a-t-elle commenté.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a également entendu mercredi le témoignage poignant d'un chirurgien américain de retour de Gaza. « J'ai vu de mes propres yeux ce qui arrive à Gaza, en particulier aux enfants. Je ne peux pas prétendre ne pas l'avoir vu. Vous ne pouvez pas non plus faire comme si vous ne saviez pas », a déclaré le Dr Feroze Sidhwa. « La plupart de mes patients étaient des préadolescents aux corps brisés par les explosions et lacérés par des morceaux de métal. Nombre d'entre eux sont morts. Ceux qui ont survécu se sont réveillés pour souvent découvrir que leur famille entière avait disparu. » « Je me demande si des membres de ce Conseil ont déjà rencontré un enfant de cinq ans qui ne veut plus vivre », leur a-t-il lancé. L'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, a rejeté la responsabilité de la situation à Gaza sur le Hamas. « Vous avez raison, il y a de la souffrance à Gaza, mais la faute revient au Hamas (…) Il continuera à y avoir de la souffrance tant que le Hamas ne comprendra pas qu'il ne peut pas rester à Gaza », a-t-il déclaré à la presse. Sigrid Kaag s'est d'autre part inquiétée de la « dangereuse trajectoire » en Cisjordanie occupée, décrivant « une accélération d'une annexion de fait par l'intermédiaire de l'expansion des colonies (israéliennes), des saisies de terres et de violences des colons ». Si cette situation ne change pas, la solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte, « sera physiquement impossible », a-t-elle prévenu.