Pour le troisième vendredi consécutif, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans la capitale libyenne pour appeler au départ d'Abdelhamid Dbeibah, le chef du Gouvernement d'unité nationale, institué en 2021 sous le parrainage de l'ONU. « Dbeibah dégage », « Le peuple veut la chute du gouvernement », « Vive la Libye », scandaient les protestataires munis de pancartes et banderoles. Au moins 200 d'entre eux se sont réunis en fin d'après-midi sur la Place des Martyrs, où ils ont été rejoints par plusieurs centaines d'autres venus à pied du quartier de Souq al-Joumaa, dans l'est de la capitale. D'autres ont suivi le cortège en voiture, haut-parleurs montés à l'arrière de leurs véhicules.
La Libye peine à retrouver la stabilité depuis le soulèvement de 2011 qui a mis fin à 42 ans de pouvoir sans partage de Mouammar Kadhafi. Deux gouvernements s'y disputent actuellement le pouvoir : le GNU installé à Tripoli (ouest), l'autre à Benghazi (est), soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar et ses fils. Des élections présidentielle et parlementaires devaient se tenir en décembre 2021 mais elles ont été reportées sine die en raison de divergences entre les deux camps.
Vendredi dernier, une manifestation avait réuni un millier de manifestants au centre de Tripoli pour exiger le départ de Dbeibah et la dissolution du GNU et d'autres institutions dont le Parlement basé dans l'est et le Haut conseil d'Etat, sorte de Sénat, basé à Tripoli. Du 12 au 15 mai, des affrontements ont opposé plusieurs groupes armés dont le groupe Radaa, basé à Souq al-Joumaa, aux forces loyales au gouvernement après le démantèlement annoncé de "toutes les milices" contrôlant la ville, devenues, selon Dbeibah, "plus puissantes que l'Etat". Radaa contrôle l'est de la capitale et l'aéroport. Des combats à l'arme lourde ont fait au moins 8 morts selon l'ONU, jusqu'à une trêve. Des négociations pour un cessez-le-feu sont en cours depuis, sous l'égide de la Mission de l'ONU en Libye, la Manul. Samedi dernier, ils étaient des centaines à manifester sur la Place des Martyrs, cœur symbolique de la capitale, cette fois pour soutenir le gouvernement Dbeibah, criant leur colère contre les groupes armés. Ils réclamaient aussi le rétablissement de la Constitution de 1951, supprimée par Kadhafi au lendemain de son coup d'Etat en 1969.