En Tunisie, quatorze femmes ont été tuées depuis le début de l'année, uniquement parce qu'elles sont des femmes. C'est l'alerte dramatique lancée par l'organisation féministe Aswat Nissa, ce jeudi 5 juin 2025, qui dénonce un climat de violence banalisée et un silence institutionnel inquiétant face aux féminicides. Selon l'organisation, ces quatorze féminicides documentés sont autant de vies fauchées dans des contextes variés : dans la rue, au sein du foyer, parfois même sous les yeux de leurs enfants. Au-delà de l'horreur de ces crimes, Aswat Nissa pointe la responsabilité directe de l'Etat, qu'elle accuse de passivité, voire de complicité. « Les femmes sont tuées parce que l'Etat ne les protège pas, parce qu'il est lui-même violent, et parce qu'il légitime, par son silence, la culture de l'impunité et de la violence à leur encontre », écrit l'organisation dans un communiqué percutant publié sur les réseaux sociaux. Aswat Nissa estime que ces crimes auraient pu être évités si des mécanismes de protection efficaces existaient réellement et si les lois adoptées depuis 2017 contre les violences faites aux femmes étaient pleinement appliquées.
Le constat est amer : alors que la Tunisie s'est dotée d'un cadre législatif avancé avec la loi organique n°58 relative à l'élimination des violences faites aux femmes, la mise en œuvre reste défaillante. Les victimes peinent à accéder à la justice, les forces de l'ordre ne sont pas toujours formées pour réagir, et les services de protection sont largement sous-financés. Pour Aswat Nissa, il ne s'agit plus de simples faits divers. Ces féminicides répétés révèlent une crise structurelle : celle d'un Etat qui ne prend pas la mesure de la violence patriarcale et qui, par son inaction, normalise la mort des femmes. « Combien de femmes encore devront être tuées pour que l'Etat agisse ? » interroge l'organisation dans une interpellation directe. Aswat Nissa appelle à une mobilisation urgente : un sursaut politique, judiciaire et institutionnel pour faire cesser l'hécatombe et réaffirmer que la vie des femmes compte.