Le président de l'Ordre des ingénieurs tunisiens, Mohsen Gharsi, est revenu sur les récentes arrestations visant plusieurs ingénieurs dans différentes régions du pays. Face à ces événements, il a tenu à clarifier la position de l'Ordre. « Nous n'avons jamais prétendu faire office de tribunal. Nous avons une totale confiance dans la justice tunisienne et dans les institutions de l'Etat de droit », a-t-il affirmé lors de son intervention, lundi 23 juin 2025, sur Jawhara FM.
Cependant, il rappelle que l'Ordre est une organisation nationale régie par le décret-loi n°12 de 1982, qui lui confère notamment des compétences en matière disciplinaire. Selon lui, une distinction claire doit être faite entre les affaires de corruption, qui relèvent de la justice pénale, et les fautes techniques, qui doivent, conformément à la loi, être examinées en premier lieu par le conseil de discipline de l'Ordre. « Si un ingénieur est impliqué dans une affaire de corruption, nous demandons à ce qu'il soit identifié et procédons à sa radiation immédiate. En revanche, s'il s'agit d'une faute technique, c'est notre conseil de discipline qui doit être saisi, comme le précisent les articles 25 et 26 de notre loi organique ».
Mohsen Gharsi révèle que des dizaines d'ingénieurs sont actuellement détenus. « Certains ont été incarcérés pendant plus d'un an avant d'être relâchés faute de charges. Cela a des conséquences psychologiques dramatiques. Nous sommes responsables de la défense de la profession, mais aussi de la discipline en son sein », a-t-il souligné. L'Ordre a adressé une demande d'audience à la ministre de la Justice et à la cheffe du gouvernement, dans l'espoir d'instaurer un dialogue constructif autour du traitement judiciaire des fautes professionnelles commises par les ingénieurs.