À l'approche d'une journée particulièrement chargée pour l'avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, son avocat, Me Sami Ben Ghazi, a publié, mercredi 9 juillet 2025 un témoignage bouleversant sur les réseaux sociaux. Ce récit, à la fois intime et chargé d'émotion, relate sa dernière visite à la prison de la Manouba, où Me Dahmani est détenue dans le cadre de plusieurs affaires liées à ses prises de parole. « Aujourd'hui, j'ai rendu visite à Me Sonia Dahmani, enfermée derrière les portes closes de la prison de la Manouba, comme si l'on avait voulu confisquer sa liberté dans un espace étroit que seule sa patience parvient à habiter. Je suis venu avec des documents, des réponses, des questions, en préparation des trois audiences prévues pour ce vendredi. Mais elle n'a accordé à tous ces détails qu'un court instant, une brève seconde semblable à un geste de la main qui balaye l'indifférence. Un éclat assuré brillait dans ses yeux quand elle m'a dit d'une voix limpide, mêlant défi et sérénité : "Je ne me sens concernée ni par la justice, ni par son processus, ni par ses injonctions, ni par ce qui se déroulera dans ses salles. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent ". C'est comme si ces mots avaient déverrouillé la conversation, la libérant du tumulte des affaires pour entrer doucement dans un autre échange, un échange qui ne peut être dit qu'à voix basse. Sa voix s'est adoucie soudainement, quand elle m'a parlé de ce qui occupe vraiment son cœur : l'anniversaire de sa fille. Elle m'a raconté comment ce petit événement, dans l'univers d'une cellule, s'était transformé en un moment grandiose, à la hauteur de l'amour des mères. Comment ses codétenues avaient uni leurs efforts pour fabriquer une joie simple à partir de presque rien et d'une humanité intacte. Je l'ai vue me décrire un gâteau improvisé fait de biscuits, de café soluble et de quelques yaourts. Et comment elles avaient rassemblé des éclats de lumière dans des mèches de coton trempées dans de l'huile pour en faire des bougies discrètes, semblables à leurs rêves qui ne s'éteignent jamais. C'était un instant modeste, mais dans son cœur, un instant qui emplit la nuit de sérénité. Un instant qui dit à la privation : tu n'es que de passage. Et là, dans cette cellule devenue plus vaste que toutes les salles froides des tribunaux, je me suis surpris à me demander : Comment un être humain peut-il trouver en lui le courage d'arracher une mère à sa fille pour quelques mots ? Quel cœur peut rester insensible devant la puissance, la dignité et la noblesse de l'amour maternel ? Comment peut-on la regarder non avec compassion, mais avec cette logique de soumission aveugle à des ordres muets ? Quelle est cette justice, quelles sont ces lois qui considèrent que certaines paroles valent qu'on ferme une porte sur une femme dont la seule compagnie est le fil de la nostalgie ? Quel danger représente une mère seule qui s'accroche à l'amour de sa fille pour ne pas sombrer ? À la fin de notre échange, son regard est revenu se planter dans le mien, comme pour me rappeler l'essentiel, puis elle a murmuré d'une voix de mère à qui le monde ne dit plus rien, sauf la joie de sa fille : " C'est tout ce qui m'importe aujourd'hui… ma fille et son bonheur. Le reste… ce ne sont que des détails ". » a écrit l'avocat. Le 11 juillet 2025 s'annonce comme une journée hors norme pour l'avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, poursuivie dans plusieurs affaires judiciaires. Elle devra faire face à trois audiences distinctes en l'espace de quelques heures, dont deux programmées exactement au même moment devant deux juridictions différentes. « Trois audiences en une seule journée, c'est déjà un fait rare. Mais lorsqu'une même affaire est examinée simultanément par deux tribunaux, cela devient juridiquement incompréhensible », s'est interrogé Me Ben Ghazi. L'une de ces affaires sera étudiée par les chambres réunies de la Cour de cassation, tandis que l'autre audience relative à la même affaire se tiendra devant la chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tunis.