Le premier vice-président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH) et président de la Fédération régionale de l'hôtellerie du Sud-Est, Jalel Eddine Henchiri, est revenu sur la situation touristique en Tunisie en cette période estivale. M. Henchiri a indiqué, au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, que depuis 2011, le secteur touristique tunisien a traversé sa période la plus difficile, en raison des assassinats politiques, des attentats et de la pandémie de Covid-19. Malgré ces épreuves, le secteur a survécu, bien qu'il ait perdu 25% de ses capacités, certaines unités hôtelières ayant fermé leurs portes, et ne s'est pas totalement rétabli. Selon lui, si des restructurations étaient engagées, le secteur touristique pourrait générer des recettes plus importantes et créer davantage d'emplois.
Le responsable a précisé que « les indicateurs touristiques, notamment les réservations et les intentions de voyage, étaient positifs jusqu'en juin 2025, avant de connaître un fléchissement à partir de juillet ». Il a souligné que « le retour du tourisme à l'échelle mondiale après la pandémie était attendu, et que la Tunisie est en phase de redressement, mais n'a pas encore atteint les niveaux observés dans d'autres pays », notant que, pour les six premiers mois de 2025, le secteur a enregistré une croissance de 10% en nombre de visiteurs (contre 20% en Egypte et au Maroc, ndlr) et de 8% en nombre de nuitées. Ce fléchissement est imputable à trois facteurs, dont la guerre au Moyen-Orient. Il a expliqué que « l'Egypte et la Turquie ont réduit leurs tarifs afin de maintenir leur position sur le marché, ce qui rend les prix pratiqués en Tunisie relativement élevés et nuit à sa compétitivité ». Pour relancer le tourisme durant la basse saison, il recommande d'organiser des événements d'envergure nationale, à l'image du Sommet de la Francophonie, qui avait dynamisé toute la région du Sud-Est en novembre 2022. Il souligne également l'importance de développer la desserte aérienne tout au long de l'année. Par ailleurs, il estime qu'il est indispensable de financer le secteur, ce que refusent actuellement les banques tunisiennes, considérant le tourisme comme un secteur à risque.
Jalel Eddine Henchiri a affirmé, en réponse à une question de l'animateur, que la Tunisie avait accueilli 4,5 millions de visiteurs jusqu'à présent. Selon lui, l'objectif des onze millions de visiteurs fixé par les autorités reste atteignable. Interrogé sur les déclarations de certains Tunisiens selon lesquelles des destinations comme la Turquie, le Maroc ou l'Egypte seraient moins chères qu'un séjour dans les hôtels tunisiens, il a répondu que cela n'était pas exact, et qu'il fallait comparer des produits de gamme équivalente, aux mêmes périodes. Il a insisté sur l'importance de pratiquer la réservation anticipée (early booking) pour une durée raisonnable, afin de bénéficier de tarifs abordables. Enfin, il a évoqué l'impact de la nouvelle loi sur les chèques, qu'il considère comme un frein au développement du secteur touristique cette année, appelant à développer des solutions alternatives, telles que les cartes de paiement à débit fractionné (Buy Now, Pay Later).