«Comment agir face à la crise ?». C'est à cette question à laquelle ont tenté de répondre les participants à la table ronde organisée par la magazine «Tourisme Info» sous la présidence de M. Khélil Lajimi, ministre du Tourisme, et la participation de plusieurs professionnels et opérateurs du secteur entre hôteliers, agences de voyage et représentants du ministère et de l'Office national du tourisme. Elle a constitué une opportunité pour débattre de la situation du secteur à l'heure actuelle et dans la période à venir. Le ministre a indiqué que le secteur est en bonne position dans le Bassin méditerranéen, durant l'année 2008. Pour l'année 2009, il a évoqué un manque de visibilité due notamment à la crise financière. «Il y a une crise de confiance. Le touriste européen est porté sur l'épargne plutôt que sur la consommation. Il est en train de reporter ses dépenses de loisir et ses réservations à la dernière minute. On est passé de l'early booking au last minute booking», a-t-il affirmé. M. Mohamed Belajouza, président de la Fédération tunisienne d'hôtellerie, a également évoqué les difficultés que connaissent les professionnels du secteur, surtout au niveau de leur relation avec les banques. «A l'heure actuelle, nous demandons la suppression des intérêts et le report des délais de paiement jusqu'à la sortie de la crise», a-t-il souligné en ajoutant que «les prix sont actuellement au plus bas. Il ne faut pas espérer que les hôteliers fassent des bénéfices. Je propose la mise en place d'une commission qui examinera la politique tarifaire». Par ailleurs, certains intervenants ont évoqué l'opportunité du tourisme intérieur qui devrait être renforcé. Disons que, jusque-là, il n'accapare que 8% des nuitées. L'objectif étant d'atteindre une part de 15%. Le ministre a précisé qu'une campagne de promotion sera lancée prochainement, au cours des vacances d'hiver, pour promouvoir les régions sahariennes et du nord-ouest. Une première campagne a été déjà lancée en juin dernier pour promouvoir le tourisme balnéaire. Concernant le partenariat entre l'administration et la profession, M. Belajouza a signalé qu'il a toujours existé. «La FTH est là pour appeler ses adhérents au respect des mesures prises par l'administration. C'est inscrit dans le statut, mais la fédération n'a pas le pouvoir d'imposer et encore moins l'administration», a-t-il signalé. De son côté, M. Afif Kchouk, rédacteur en chef de «Tourisme info», a affirmé qu'il faudrait développer les réseaux de distribution et de vente comme champ d'intervention. «Il faudrait concevoir la destination comme une marchandise», a-t-il ajouté. Sur ce point, le ministre a précisé que la stratégie actuelle du ministère vise notamment à cibler les réseaux. Déjà, l'année 2009 sera celle de l'Allemagne. Le ministre a également indiqué que la Tunisie a été leader dans le Bassin méditerranéen dans les années 90. «Les investissements hôteliers ont connu leur apogée. Nous proposons des produits de qualité qui nous ont permis d'être satisfaits de notre situation. Ceci a permis au Maroc, à la Turquie et à l'Egypte de sortir de nouveaux produits et d'accaparer des parts de marché. Ceci nous apprend qu'aucun positionnement concurrentiel n'est tenable sans un travail de prospective», a-t-il expliqué. A ce niveau, le ministre nous a indiqué que l'année 2009 constituera une opportunité pour la Tunisie afin de développer le rapport qualité-prix et bénéficier de l'effet record en insistant sur le fait qu'il faut penser également à l'après 2009 auquel il faudrait se préparer pour maintenir un niveau de qualité irréprochable sur le marché de prix. Reste à noter que la Tunisie reste jusqu'à aujourd'hui l'une des destinations les moins chères dans le Bassin méditerranéen. Ce qui nécessite un effort de communication accentué pour vendre la destination à un prix meilleur en concordance avec une qualité encore meilleure pour ne pas faire du secteur touristique tunisien la cinquième roue du char, selon le ministre.