Le député de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Ahmed Saidani a publié, samedi 16 août 2025, un statut au vitriol sur les réseaux sociaux, visant sans le nommer le président de la République. L'élu critique vertement la rhétorique officielle autour de la « souveraineté nationale », réduite selon lui à un slogan électoral déconnecté de toute action concrète. « Je ne comprends pas une souveraineté nationale en conserve, emballée dans des slogans électoraux pour la consommation populaire, que l'on répète pour flatter son narcissisme et apaiser la soif du peuple d'émancipation », écrit-il.
L'élu va plus loin en rejetant « une demi-indépendance » et « une quasi-souveraineté », qu'il qualifie de simples formules destinées à calmer l'aspiration des Tunisiens à une dignité toujours reportée. Il dénonce des « batailles romantiques », menées à coups de discours et de figures de style, sans courage ni sacrifice, et sans aborder les véritables tabous politiques. S'attaquant à ce qu'il considère comme une imposture politique, il oppose « l'audace rhétorique » à « la lâcheté de l'action », fustigeant l'absence de volonté d'aborder des dossiers stratégiques tels que le pétrole, le gaz, le phosphate ou encore les ressources en eau. Et de conclure, dans un ton désabusé : « Soit nous menons notre bataille de libération nationale sur ses véritables fronts, soit nous nous contentons d'un silence plus honorable que la vente d'illusions aux plus modestes parmi notre peuple ».
Ce n'est pas la première fois que ce député s'en prend, frontalement ou de manière voilée, au chef de l'Etat. À plusieurs reprises, il a reproché au président Kaïs Saïed son incapacité à transformer ses slogans martelés depuis 2019 en réformes tangibles et en politiques publiques concrètes. Mais Ahmed Saidani ne s'inscrit pas pour autant dans l'opposition qu'il critique sans détour, allant parfois jusqu'à reprendre à son compte le narratif du pouvoir qui l'accuse de trahison et appelant même à son élimination.