La rentrée 2010-2011 est marquée par le renforcement de la formation linguistique et de la présence des techniques et du professionnalisme dans l'enseignement en vue d'une meilleure synergie entre le parcours scolaire et le marché de l'emploi. Cette orientation n'est pas nouvelle, en elle-même, mais elle a été renforcée en rapport avec les dernières évaluations faites de la scène scolaire tunisienne et qui ont laissé ressortir des faiblesses manifestes quant au niveau linguistique des élèves et au dysfonctionnement en matière d'adéquation entre la formation et l'employabilité des diplômés. Autrement dit, l'objectif est, désormais, clair : Eviter d'enfanter des diplômés de luxe, destinés, plutôt, au chômage. Les dernières projections des experts ont mis l'accent avec insistance sur le facteur de la croissance du taux de chômage des cadres, par rapport à l'augmentation du nombre de diplômés à l'université, notamment, dans certaines filières littéraires. Elles ont également révélé que notre pays pourrait souffrir, dans les années à venir, d'un éventuel problème de manque au niveau de la disponibilité de la main d'uvre non experte. En effet, plus de 60 % des nouveaux venus annuellement sur le marché de l'emploi seront parmi les diplômés du supérieur. L'université nous offre, effectivement, une moyenne annuelle de 70.000 diplômés, dont près de 20.000 sont inscrits en cycle supérieur, alors que les nouveaux venus sur le marché de l'emploi sont aux alentours de 85.000 jeunes. Ces statistiques ont poussé l'administration à renforcer les segments professionnalisant de l'enseignement. Le choix de renforcer les langues n'est pas, donc, fortuit. C'est le résultat du nombre sans cesse croissant de niches d'emplois en rapport avec les langues. Les centres d'appels sont les créneaux les plus en vogue. Les langues permettent, aussi, un meilleur accès aux informations et aux documentations et recherches sur le web. Le choix de commencer l'enseignement de la langue française à partir de la deuxième année de l'enseignement primaire et celui de la langue anglaise à partir de l'année suivante, répondent, donc, à ce souci. La décision a été saluée par tous les intervenants sur la scène éducative qui considèrent que la mesure nécessite, toutefois, des moyens humains et matériels en conséquence pour réussir sa mise en application. Les mêmes statistiques ont, également, induit une professionnalisation de l'enseignement avec l'objectif d'orienter 50 % des élèves vers l'enseignement technique d'ici 2014 et d'instaurer un diplôme technique à la fin de la 2ème année de l'enseignement secondaire, en attendant la mise en place d'un baccalauréat, carrément, professionnel. Ce choix, impliquant la moitié des élèves du secondaire, nécessite toutefois une meilleure vulgarisation auprès des intéressés selon les observateurs. « L'administration ne cesse d'introduire des changements sur les parcours de formation des élèves sans que les concernés n'en soient vraiment informés. A commencer par l'orientation dans l'enseignement secondaire, elle se résume à diriger les meilleurs éléments vers les filières scientifiques, notamment, celles des maths et des sciences expérimentales, et à orienter les autres élèves vers la filière littéraire et la filière économie et gestion. C'est ce qui explique, d'ailleurs, le taux faible de réussite au baccalauréat dans ces deux dernières disciplines. La filière des sciences de l'informatique est, quant à elle, encore méconnue. Elle fait encore ses premiers pas. Donc, si on veut renforcer l'enseignement professionnel et technique, il faudrait que le public soit en parfaite connaissance de cause de tout ce qui touche à ce parcours. Car, pour le moment, les débouchés ne sont pas clairs. L'administration est appelée à communiquer là-dessus et à expliquer aux parents les spécificités du marché de l'emploi. Cette formation professionnelle aiderait, paraît-il, à s'installer pour son propre compte. Les choses devraient se clarifier. Autrement, les parents continueraient à ne voir d'avenir que dans les branches scientifiques classiques. Pas d'aventure lorsqu'il s'agit des enfants !», souligne ce conseiller d'orientation pour présenter sa lecture de la situation. Quoique les observateurs soient unanimes quant à l'apport évident du renforcement des langues. Ceci ne saurait qu'aider les élèves tunisiens à améliorer leurs capacités ; ne serait-ce qu'à travers un meilleur accès aux données sur le web ! Les observateurs s'interrogent, d'ailleurs, sur la nature de la formation dispensée aux enseignants, et à la disponibilité même de ces enseignants pour assurer un tel travail. La formation des enseignants doit suivre et s'adapter aux nouvelles donnes technologiques. Donc, s'il est vrai qu'on verra demain plus de deux millions d'élèves et près de 120.000 enseignants reprendre le chemin des écoles, le souci majeur de la communauté éducative, c'est de voir croître le niveau de l'enseignement en vue d'une meilleure synergie avec le marché de l'emploi. Mounir Ben Mahmoud