Dans le monde du travail actuel, où le marché de l'emploi est partout versatile, les questions relatives à la requalification et à la réorientation professionnelle sont, plus que jamais, centrales. Dès lors, il devient primordial d'opérer une refonte complète en accord avec le contexte socio-professionnel. Au terme d'une maturation profonde, la politique de l'enseignement supérieur, en cohérence avec les grandes orientations nationales, s'est inscrite dans un processus visant à développer les filières professionnelles au sein de l'université tunisienne. Cette stratégie éducative prend appui sur une synergie étroite entre acteurs du monde universitaire et du monde économique. Il s'ensuit que, pour la prochaine étape, l'adéquation entre les priorités de l'emploi des diplômes du supérieur et la modernisation de la formation et de la recherche au sein des universités, devrait permettre de réaffirmer notre engagement sur la voie de la société du savoir. Cette action est déjà lancée, c'est une réalité. A l'évidence, aujourd'hui, sans université forte et correctement orientée, il ne sera pas possible de résorber le désœuvrement des diplômés du supérieur. Dans cette perspective, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et technologique a initié un certain nombre d'actions énergiques visant à développer, chez l'étudiant, l'esprit d'entreprendre, à renforcer et à créer de nouveaux liens avec le tissu économique et industriel du pays. L'objectif visé est de permettre à l'étudiant de la prochaine décennie de mener de front études et vie professionnelle.
Des préoccupations d'avant-garde A cet égard, l'étude comparée des réformes universitaires dans les différents pays montre l'intérêt particulier accordé partout aux filières professionnalisantes. En Europe, ces orientations sont déjà mises en œuvre. On compte 2000 licences appliquées en France. La Tunisie, qui s'est inscrite dans le processus d'harmonisation des cursus universitaires européens (licence, master, doctorat), compte déjà actuellement de l'ordre de 700 licences appliquées. On est à l'évidence loin du compte et il est plus qu'urgent de combler le retard. En réalité, les formations académiques classiques ne font qu'aggraver le chômage des diplômés. Les compétences demandées, même habituelles, exigent, aujourd'hui, une maîtrise pointue des technologies nouvelles. Parallèlement, les emplois les plus stables se retrouvent dans les postes à forte valeur ajoutée, alors que ceux en voie de précarisation concernent les postes traditionnels. A côté des filières traditionnelles, les formations professionnalisantes, appelées à se développer et à se diversifier, doivent permettre, dans les années à venir, l'amélioration des conditions d'insertion, positive et efficace, dans la vie professionnelle. Dans cet esprit, l'université tunisienne aura à jouer un rôle primordial en raison des compétences qu'elle rassemble. Elle dispose dès à présent, des atouts nécessaires pour être reconnue comme pôle d'excellence innovateur et d'avant-garde. Dans cette perspective, les objectifs actuels de l'Université sont incontournables : il s'agit, grâce à l'alternance théorie/pratique, de former des cadres dans les différents domaines d'activité et de leur faire acquérir une expérience professionnelle pluridisciplinaire ouverte sur la problématique de l'emploi. En prise directe avec les besoins du monde économique, l'étudiant aura désormais la possibilité d'effectuer des stages, en vue de parfaire ses acquis théoriques, de personnaliser son projet professionnel, afin de postuler des emplois dans les secteurs économiques de pointe.
Des formations plus attractives Dès la 1ère année de sa création, l'Institut Supérieur des Etudes Appliquées en Humanités de Tozeur, qui s'est engagé dans l'application de la nouvelle réforme "LMD", a pris l'initiative d'orienter les différentes études dans une perspective professionnalisante. Disposant d'une vaste palette de formations couvrant l'ensemble des champs d'enseignements linguistiques, économiques, juridiques et scientifiques actuels, l'institut se veut résolument tourné vers l'entreprise afin de répondre aux aspirations profondes de la région du Sud-ouest du pays. L'exigence la plus rigoureuse étant accordée à la professionnalisation des filières, la direction de l'Institut s'est proposée d'assister ses étudiants dans le choix de leur carrière, notamment en leur proposant des stages en entreprises dans le cadre des synergies entre l'institution universitaire et son environnement socio-économique. Veillant à ce que la formation débouche sur l'emploi, la priorité donnée cette année à la création d'un master professionnel Métiers d'appel en langue italienne, illustre à la perfection le souci de renforcer l'offre de formation professionnelle supérieure dans la région du sud-ouest du pays. Il y a lieu de souligner par ailleurs que le contexte éducatif de master se caractérise par un encadrement particulièrement exigeant, axé sur la pratique. Les diplômés qui auront reçu cette formation de troisième cycle pourront être recrutés par les centres d'appel et travailler en symbiose avec les services qui œuvrent au développement économique de la région, en particulier avec le Cyber Parc de Gafsa, qui héberge actuellement plusieurs centres d'appel, dont l'un est totalement exportateur vers la France, avec plus de 120 postes. Les étudiants du master en "Métiers d'appels" se montrent très intéressés par ce type de formation. Ils sont reconnaissants à l'Institution de l'opportunité qui leur a été offerte et que cette formation leur ouvre de nouveaux débouchés professionnels. Il s'avère aussi que les licences appliquées constituent un axe primordial pour lutter contre le chômage des diplômés du supérieur. Elles visent à former suffisamment d'étudiants opérationnels en entreprise, répondant ainsi aux besoins du marché de l'emploi et aux préoccupations des entreprises et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et technologique. Ceci étant, bien que des passerelles soient toujours possibles entre les parcours des licences appliquées et des licences fondamentales, les filières professionnalisantes constituent des vecteurs essentiels pour dépasser les visions pessimistes en ce qui concerne le devenir des diplômés du supérieur. Aux décideurs donc qui ont en charge le devoir de tirer le meilleur parti de l'intelligence et, par conséquent, de l'avenir, de favoriser la quête de l'excellence, dans une nouvelle dynamique, en éliminant les barrières et les verrous qui parfois brident les initiatives le plus innovantes.