Le sacrifice des martyrs et l'engagement de notre jeunesse en particulier, offrent à notre peuple une nouvelle chance d'aller de l'avant sur la voie du progrès social et de l'essor économique. Notre pays était en effet rongé par une corruption devenue hélas endémique. Cette corruption, tel un boa n'a fait que serrer son étreinte, par constrictions successives, sur des pans entiers de notre économie. Malgré cela, notre produit intérieur brut a enregistré, en 2010, une croissance en dinars constants de l'ordre de 3.6% ; un taux honorable en comparaison avec les résultats enregistrés par nos voisins méditerranéens. Quel aurait été donc ce taux en l'absence des pratiques mafieuses ? Les réalisations obtenues prouvent que notre administration, même si elle est parfois accusée de laxisme et de laisser aller, n'a pas plié. Nos opérateurs économiques, tunisiens ou étrangers, soumis à des pratiques peu orthodoxes ont continué à œuvrer et même à investir. Notre jeunesse, quoique souvent marginalisée et parfois même réprimée s'est consacrée à la quête du savoir et a fourni, le moment venu, des troupes à l'insurrection. Les forces de l'armée et de la police nationale ont fait preuve d'un comportement républicain. Toutes les franges de notre population, toutes classes confondues ont résisté pendant de nombreuses années et ont fait preuve de solidité, de solidarité et d'abnégation. Le plus difficile a été fait, l'avenir reste à construire. Nous sommes aujourd'hui au stade du diagnostic. Comment rompre avec certaines pratiques du passé ? Le maillon faible a été détecté. C'est la constitution. Aux orties donc cette constitution, responsable en partie de nos malheurs ! Mais, ne sommes nous pas en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Notre constitution dans sa version originale a été promulguée le 1er juin 1959. Elle se compose de 78 articles. Combien sommes-nous, simples citoyens, à l'avoir lue ? Que lui reproche t-on ? Quels sont les articles incriminés ? Quelles sont les propositions des partis politiques et des parties non politiques qui se sont invités au chevet de la constitution ? Mystère et boule de gomme ! Cette constitution, dans sa version originale, aurait pu être déclinée sous forme de plusieurs projets réformés et modernisés et ensuite soumise à un référendum populaire. Le référendum n'est il pas la forme la plus accomplie de l'expression populaire ? Les descendants des Pharaons seraient ils plus sages que ceux d'Hannibal, aptes pour déterminer un cadre constitutionnel garantissant, la vie de leurs enfants. Non, car il semblerait qu'il y ait un consensus entre les intervenants et même peut être une unanimité pour adopter une nouvelle constitution. Cette nouvelle constitution sera adoptée par des représentants, qui seront élus par le peuple selon un nouveau code électoral qui reste à définir. Ces élus devraient être élus le 24 juillet 2011, en plein cœur de la saison touristique, saison où le Ramadan s'invite en plein mois d'août. Que de complications ? En attendant, la machine économique fonctionne au ralenti, les opérateurs oscillent entre l'effroi, l'exclamation et l'interrogation. Jour après jour, les emplois se dissolvent dans le jus de notre révolution. N'a-t-on pas accompli la révolution pour la dignité et le travail ? Bouazizi, ne s'est il pas sacrifié pour la liberté d'entreprendre ? Nenni, la révolution est l'occasion pour tous de revendiquer sans préavis, sans délai. Certaines professions prétendent servir la révolution et tentent surtout de se servir. Revenons donc à cette nouvelle constitution dont les acteurs et le cadre sont déjà quasi connus. Sur l'essentiel, les initiés sont d'accord, les illettrés que nous sommes, restons condamnés à faire des pronostics et réduits aux supputations. Puisque les dés sont jetés, nous ne vous dirons donc pas que notre Tunisie a besoin, tout de suite, d'un exécutif fort pour préserver les acquis et construire l'avenir. Nous ne vous dirons pas que nous pouvons faire élire un président par tous les Tunisiens de plus de 18 ans selon des règles électorales simplifiées au maximum. Ce président serait légitimement l'élu du peuple dans son ensemble. Il mettrait en place de suite un gouvernement qui restaurerait l'autorité de l'Etat, assurerait la sécurité des personnes et des biens, remettrait l'économie en marche et viendrait au secours des plus défavorisés. Non, nous ne vous dirons pas que tous les employeurs doivent augmenter à partir du 1er mai les salaires de cinq pour cent de manière uniforme moyennant la déclaration d'un moratoire social de six mois au minimum pour mettre fin aux débrayages sauvages et aux manifestations inconsidérées. Les employeurs s'engageront, alors de suite, à titulariser tout travailleur employé au même poste sans discontinuité, depuis plus de 12 mois. Les partenaires sociaux se consacreront enfin à préparer leurs congrès et feront profiter leurs membres au même titre que tous les tunisiens de cette liberté retrouvée. Non, nous ne vous dirons pas que le nouveau gouvernement confiera à un collège d'experts le soin de revoir et de toiletter la constitution de 1959.Les partis qui le souhaitent peuvent faire leurs propositions. Le peuple tranchera dans tous les cas de figure, par voie de référendum. Non, nous ne vous dirons pas que le code électoral doit être soumis aussi au référendum populaire, seule manière d'échapper aux griffes et aux calculs des partis politiques. Non, nous ne vous dirons pas que ce code servira à l'organisation d'élections législatives, municipales et régionales dans une atmosphère de sécurité, de réconciliation et de sérénité retrouvée. Non, nous ne vous dirons pas non plus que notre peuple réserve à certains, à la sortie des urnes, quelques surprises. Ce ne sont pas ceux qui monopolisent les micros et qui terrorisent par la parole et parfois même par le geste leurs concitoyens qui sortiront victorieux de l'épreuve des urnes. Certains partis disparaîtront à la première épreuve. Par contre, nous vous dirons que la Tunisie appartient à tous, aux jeunes comme aux plus âgés, à ses femmes et à ses hommes, à toutes les sensibilités sans la moindre exclusion. Nous vous dirons aussi que la Tunisie a l'obligation de juger, dans la dignité tous ses enfants qui ont failli par cupidité ou par ignorance. De même, elle se devra de juger tous ceux qui freinent aujourd'hui sa libération par naïveté ou pour assouvir des ambitions personnelles ou partisanes. Il n'est pas aujourd'hui trop tard pour avancer tous main dans la main. Donnez la parole à notre peuple, rendez lui sa dignité ! *Riadh Azaiez : Consultant en Marketing politique.