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Récit des derniers jours des Ben Ali à Carthage
Publié dans Business News le 21 - 06 - 2011

Quoiqu'on puisse penser de lui, Lotfi Ben Chrouda livre, dans cet ouvrage, un éclairage fort instructif sur les années Ben Ali au palais.
En attendant la commercialisation de l'ouvrage en Tunisie par Cérès Editions, nous nous sommes procuré un exemplaire où l'on découvre le témoignage de cet ancien majordome de Leïla Ben Ali sur le quotidien de la famille présidentielle. En bonnes feuilles, nous proposons à nos lecteurs les derniers jours au palais de Zine El Abidine Ben Ali, de Leïla Trabelsi et de sa famille.
L'ouvrage de 192 pages est édité en France chez Michel Lafon, rédigé par la professeure Isabelle Soares Boumalala et vendu à 17,95 euros.
Toute la fin de la semaine, le président et son épouse travaillent. Le président est redevenu très actif. Il semble se réveiller brusquement d'une grande léthargie et a repris la route du palais. Il s'y enferme la journée entière, y reçoit ses proches comme les filles de son premier mariage, en l'absence de Leila. Ces dernières, Ghazoua Zarrouk, Dorsaf Chiboub et Cyrine Mabrouk, supplient leur père d'apaiser le peuple en leur donnant les Trabelsi.
Lors du premier discours du raïs, aussi bien Leila qu'Halima avaient jugé le ton et les paroles très dures : elles pensaient qu'il aurait dû être plus modéré, plus conciliant. Elles essaient de lui démontrer que ses conseillers l'ont dupé. Les discours suivants seront de plus en plus modérés.
Entretemps, le président a remercié Abdelwahab Abdallah et Abdelaziz Ben Dhia, respectivement conseiller et porte-parole du gouvernement.
(…)
Le 12 janvier, le président convoque Imed, le neveu supposé de Leila – son propre fils, d'après l'opinion publique. Ce dernier est bien connu du peuple pour ses affaires scabreuses – il a malgré tout été reçu avec tous les honneurs par l'ambassadeur de France pour la fête du 14 juillet en 2010.
Il détenait plusieurs dépôts de vin dans la banlieue de Tunis, dont un à la Marsa. Alors que l'alcool est seulement toléré ici, Imed le vendait au su et au vu de tous, et surtout pendant la période du ramadan alors que même les grandes enseignes ferment à ce moment-là le rayon vin et alcool. Ces dépôts vont cristalliser une haine trop longtemps retenue. Imed et ses écarts seront les premières cibles du peuple. Le président lui a intimé l'ordre d'apaiser les choses, mais, pris à partie, ce dernier a commandité une horde de bandits qui se sont violemment battus avec la population.
Cela c'est passé dans le quartier de la Marsa à Bhar Lazreg. La foule, sous le choc, manifeste et se dirige vers Sidi Bou Saïd. Arrêtée par la police au niveau du restaurant La Falaise, elle crie sa colère et demande réparation.
- Les bandits d'Imed ont incendié des maisons à Bhar Lazreg ! hurlent-ils
Le président est pris d'une colère terrible. Il ne sait plus quoi faire pour calmer le peuple, depuis deux jours il s'épuise, ne dort plus, ne mange plus, et cet imbécile a l'invraisemblable culot d'aller se mesurer à la population ! Et cela aux portes du palais de Sidi Bou Saïd (à vol d'oiseau, deux kilomètres à peine séparent les deux localités).
Le déjeuner qui a suivi a été très violent. Imed n'a pas osé venir seul, Belhassen Trabelsi l'accompagnait. Le couscous et le poisson grillé sont restés sur la table.
- Tu vas voir, Leila, ce qui va se passer à cause d'eux ! Tu es un bandit, un salaud, un mafieux ! Dégage, dégage, dégage ! hurle-t-il à l'adresse d'Imed.
Soudain le raïs pousse brutalement Leila :
- C'est à cause de toi ! C'est à cause de toi ! C'est à cause de toi !
Leila se retourne et les insultes fusent.
- Vas, te …
Halima est venue se joindre au groupe et crie en pleurant :
- Divorce, divorce, coupe le contact avec les Trabelsi ! Mets-les tous en prison, sauve ta peau et sauve ton peuple !
(…)
Le 12 janvier, un blogueur avait eu le courage de mettre sur le Net toutes les sociétés tunisiennes où ils avaient des intérêts (ndlr : il s'agit d'un article de Business News). Un autre blogueur lui emboîta le pas et situa géographiquement toutes leurs résidences. C'en était fini de la sécurité des Trabelsi. Ils le savaient, et ont immédiatement investi le palais de Sidi Bou Saïd.
(…)
Mon collègue part chez Jalila lui donner le courrier, elle l'ouvre et immédiatement son visage se contracte, elle réfléchit. Soudain, une de ses filles, derrière son ordinateur, s'écrie :
- Maman, ils ont mis nos adresses sur facebook ! Ils vont venir chez nous !
Jalila est effrayée. Son fils et ses trois filles l'entourent, apeurés. Elle se reprend et hurle à mon collègue :
- Dites à Leila que les bandits du 5-Décembre sont venus chez moi devant la maison !
Le quartier du 5-Décembre est connu comme un des plus populaires et agités.
Mon collègue a essayé de la calmer comme il pouvait et est vite rentré pour transmettre le message. Mais il n'était pas encore arrivé que Jalila était déjà là. Elle avait pris l'initiative d'appeler le directeur de la sûreté du palais, Ali Seriati, qui lui avait envoyé des voitures de la sécurité présidentielle pour encadrer les six 4x4 de la famille et les amener tous vers Sidi Bou Saïd. Jalila, dans sa précipitation, a oublié ses employées : deux philippines paniquées ont été découvertes par le peuple venu saccager sa maison, qui les a confiées à leur ambassade.
Nous avons entendu les sirènes, puis vu entrer en trombe les voitures, qui ont pris possession des parkings tout autour de la maison. Un désordre indescriptible régnait au palais, car on ne savait pas comment les loger tous, et il n'était pas question de les faire pénétrer dans les appartements du raïs. Leila a donné des ordres dans tous les sens pour qu'on leur prépare le pavillon de Halima, en travaux en vue de son mariage avec Mehdi Belgaid.
Nous partons tous charger les matelas et tapis, qui, alignés dans toute la maison jusqu'à la cave, allaient servir de refuges. Eux se mettent immédiatement à leurs ordinateurs, la maison ressemblera bientôt à une salle d'opération. On a dit, et c'est vrai, que tout passait par internet. Pour eux aussi c'était pratiquement le seul moyen d'avoir des informations précises et instantanées. Un dilemme va se poser entre le désir affirmé de couper toutes les communications via les sites web, et en même temps le besoin de suivre les événements.
Jalila crie tout le temps :
- Coupez, vous nous faites peur avec vos ordinateurs
La nuit va être très agitée. Leila passe son temps entre le haut et le bas du palais. Elle leur annonce une surprise pour le lendemain, tente de les rassurer. Ils veulent savoir de quoi il s'agit, mais Leila se tait. C'est une surprise.
Elle n'avait pas voulu en dire davantage. En fait, le Président, Seriati, Belhassen et elle-même ont travaillé sur le moyen d'apaiser le peuple.
En attendant, ce soir-là, Leila va se retirer dans ses appartements privés avec Mme Mahjoub. Elle remplit plusieurs valises de billets qu'elle espère faire sortir du palais à l'aide de quelques amies compatissantes. Mme Mahjoub va les appeler une à une en sollicitant leur présence pour « aider Madame dans cette terrible épreuve ». Plus tard, elle confiera que des cinq ou six amies appelées, une seule est venue au palais. Elle n'a pas précisé combien de valises sont sorties.
- Madame avait préparé les valises ! Tout le monde l'a abandonnée ! dira-t-elle.
(…)
Le lendemain soir, à l'heure du journal télévisé, Leila crie dans le téléphone interne relié par haut-parleur :
- Les filles, écoutez toutes le discours du Président !
Le discours sera suivi par des manifestations d'allégresse dans toute la région de Tunis. Pendant qu'on entendait des voix hurlant dans les rues et scandant le nom du président, rythmée par les coups de Klaxon des voitures sorties à la hâte, je ne pouvais m'empêcher de penser que tout donnait l'impression d'être orchestré. Le discours n'était pas terminé que la télé diffusait des images de joie dans la rue, sauf que les voitures utilisées n'étaient pas celles de tout un chacun. C'étaient pour la plupart des voitures de location.
Au palais c'était l'explosion de bonheur, on rit, on s'embrasse. Samira, sœur de Leila, directrice du club Elyssa en particulier, et grande affairiste en général, débouche le champagne et boit à la santé des Trabelsi « qui sont toujours là malgré vos rancœurs ! » dit-t-elle dans un grand élan de solidarité familiale.
Tous sont heureux, sauf Jalila, qui répète :
- Je me sens un peu bizarre. Inchallah, Inchallah, que tout aille bien. Je ne suis pas fière de ce discours ! Il dit que c'est son dernier mandat, qu'il ne sera plus Président !
(…)
Le lendemain matin tôt, le Président vient nous voir dans la cuisine.
- Alors, ça va ?
Nous ne pouvons que dire.
- Inchallah, monsieur le Président !
Mais après le petit déjeuner, ils déchantent. Personne ne peut imaginer que ce sera le dernier jour ! La ville gronde encore plus qu'avant. Le parti du Président, le puissant RDC, ne se montre plus. Partout, les demeures des Trabelsi sont prises d'assaut. On casse, on pille, on détruit.
(…)
L'air est irrespirable dans l'avenue Bourguiba, la police porte les masques. Derrière ceux qui tirent, d'autres, chargés des boîtes en métal, ramassent les douilles vides. Les indics sont toujours parmi les manifestants. Ils donnent des informations, et des camions arrêtent des participants pour les conduire au ministère de l'intérieur. Ils seront battus dans le meilleur des cas. Des tortures et des viols ont été signalés. « Ils étaient dressés pour tuer », diront ceux qui sont tombés entre leurs griffes et qui ont pu s'en sortir, comme l'a confirmé Mme Chérif, professeur d'université.
Ce sont ces manifestants qui, audacieusement, se dirigent vers le palais de Carthage où se trouve le gouvernement, et tentent de le prendre d'assaut.
Des ouvriers qui travaillent à la chaufferie hurlent, et tout le palais est saisi d'effroi.
- Ils arrivent, ils arrivent !
On n'a plus le temps. Il faut faire partir tout le monde, c'est-à-dire la famille de Leila. Des 4x4 sont apprêtées en vitesse ; la police de la présidence armée jusqu'aux dents les protège, ils ont des bombes lacrymogènes et des couteaux glissés aux chevilles, rien n'est laissé au hasard, le corps à corps n'est pas exclu !
Leila appelle sur tous les téléphones :
- Venez à l'aide !
Il faut plier bagage, il faut prendre toutes les valises, souvent très lourdes, que les Trabelsi, hommes, femmes et enfants confondus, emportent avec eux. C'est tout ce qu'ils ont pu prendre de leurs maisons.
Jalila s'est accrochée à mon cou en pleurant. A sa fille, elle dit :
- Ça y est, c'est foutu, la police est là pour le peuple. Leila nous a préparé un avion.
Ce n'est pas la police mais le général Ammar qui a opposé un « non » catégorique à Ben Ali et refusé de tirer sur le peuple. « Tu es fini ! Tu es fini ! Tu es fini ! », a été sa réponse, hurlée dans le salon rouge et répercutée comme un écho à travers les murs du palais.
Le général Ammar sera unanimement considéré comme un libérateur. Dès cet instant, des fleurs orneront les gueules béantes des canons.
Leila sait que désormais il est impossible de fuir sans protection.
- Attendez, dit-elle aux présents, je vais appeler Seriati et vous envoyer la garde présidentielle pour vous escorter.
Sept voitures se mettent enfin en route, elles démarrent en trombe ; certains sont encore en pyjama, les vêtements débordent des voitures mal fermées.
Leila veut se monter courageuse, et avant de regagner ses appartements pour préparer sa propre fuite, elle appelle la cuisine pour que j'apporte le repas au Président. On prépare vite un plateau. Je sors et me dirige vers la présidence, c'est-à-dire le palais officiel de Carthage. Celle-ci est en état d'alerte maximale. Dans le parking, des voitures par dizaines dont les sirènes stridentes percent l'air de leurs sons aigus, et la police, armée parfois lourdement, qui attend les ordres. Ali Seriati, trois téléphones et un fusil à la main, dirige les opérations.
Les conseillers du Président l'entourent, très graves. L'état de guerre. Je me faufile comme je peux, je dois sans cesse prouver qui je suis et d'où je viens, moi pour qui toutes les portes étaient ouvertes auparavant. On protège le raïs.
Tout à coup, le chauffeur officiel du Président, Samir Hamissi, m'appelle et me dit :
- Sauve-toi, sauve ta peau, ils ne te laisseront jamais, ils vont vouloir t'emmener avec eux !
J'ai repris la voiture de fonction, je suis retourné au palais de Sidi Bou Saïd où j'ai retrouvé le personnel du palais paniqué. Certains, sachant que Leila ne les laisserait pas sur place, s'étaient cachés, comme Samy qui a trouvé refuge dans la chaufferie. Ils sont montés dans la voiture, et on s'est sauvés. Kamel Bdiri a eu moins de chance, il n'a pas pu se soustraire assez vite.
La suite, beaucoup de collègues me l'ont racontée. Les chauffeurs de la famille, pris malgré eux dans le cortège de voitures, ont suivi de très près les dernières scènes. Tous témoins directs.
Les voitures qui doivent ramener le Président, la famille et le personnel attendent. Madame et son fils arrivent. Elle prend la route avec Mohamed et conduit elle-même son 4x4, escortée par deux BMW. Seriati organise le cortège. On donne l'ordre de départ.
Le convoi est composé de la famille, du personnel et d'Ali Seriati. Ils occupent des voitures officielles tous rideaux tirés, entourés par la garde présidentielle très armée et cagoulée dans de puissant 4x4. Ils se dirigent vers la route de la Marsa, vers l'aéroport de l'Aouina.
Le cortège entre dans l'aéroport par la porte de la caserne, évitant ainsi de se trouver face aux manifestants. Le portail est gardé par un militaire. Celui-ci n'ayant pas ouvert assez vite, la première voiture fonce et les envoie à quelques mètres de là, lui et la porte. Il reste à terre, une main dépasse… ensanglantée sous le portail de fer. Est-il mort ou blessé ? En tous cas, il ne bouge plus. A toute allure, le cortège s'engage dans le parking de la caserne communiquant avec l'aéroport. Dans une sorte de grand hangar, l'avion est prêt.
La garde rapprochée du Président a inspecté les lieux.
Finalement le président, Leila, Mohamed et Ali Seriati se sont placés sous l'aile de l'avion pendant qu'on fait le plein de kérosène. Leila porte une fourrure noire et deux révolvers. La garde les entoure.
Quelques minutes plus tard, trois autres voitures arrivent avec Halima et son fiancé. Six autres voitures suivent la famille de Leila, quelques minutes plus tard.
Ils sont une trentaine, dont Mourad, le frère de Leila. Ils pensent embarquer avec la suite du président.
Halima ne se contrôle plus. Elle se dirige vers le groupe resté à l'écart, et crie :
- Laissez-nous tranquilles ! Laissez papa tranquille ! Foutez-nous la paix… Ça ne vous a pas suffi, ce que vous nous avez fait ?
Elle revient vers l'avion, dit à son père de choisir entre elle et eux, et monte dans l'avion avec son petit frère et son fiancé.
Leila est repartie vers les autres membres de sa famille et les rassure. Elle connait assez sa fille pour évaluer très vite la situation. Halima ne se laissera pas faire. Leila leur demande de se diriger vers l'aéroport présidentiel, où un autre avion les attend, qui doit les emmener vers l'île de Djerba.
Le président pleure et refuse de monter dans l'avion.
- Partez tous, allez-vous-en tous, moi je veux rester, c'est mon pays !
Il veut rester et mourir sur le sol tunisien. Lotfi Ben Chrouda (Copyright Michel Lafon)


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