Une politique qui a fait l'objet d'une conférence de presse, organisée lundi 4 juillet 2011 à Bruxelles et présentée conjointement par Saturnino Munoz Gomez et Bernard Brunet, respectivement membre du service d'action extérieure européenne (EEAS) et membre du cabinet du commissaire Füle, responsable de la politique du voisinage européenne. Cette stratégie, dont on n'a pas assez parlé auparavant et qui devrait beaucoup profiter à la Tunisie, représente une révision en profondeur de la politique de voisinage pour une meilleure gestion des régions ayant récemment subi des changements brusques sur le plan politique. Elle a été proposée conjointement par la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, et par la Commission européenne dans le cadre d'une vision plus large pour un partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. Le principal objectif de cette politique étant la promotion d'une démocratie « solide » et durable à travers un partenariat basé sur la responsabilité mutuelle (des engagements respectifs plus clairs), la différentiation (davantage adaptée aux circonstances spécifiques de chaque partenaire) et la conditionnalité (stratégie Plus pour Plus). Pour ce faire, un partenariat avec la société civile s'impose et l'Union européenne, selon les déclarations des conférenciers, y travaille. Un autre projet est également en cours de développement. Il s'agit de la création d'un fonds européen pour la démocratie qui sera consacré au soutien des partis politiques, aux syndicats, aux ONG non enregistrées et à d'autres partenaires sociaux. Le renforcement des dialogues sur les droits de l'Homme n'a pas été oublié puisque la politique de voisinage prévoit, aussi dans son programme de révision, plus de souplesse et de communication pour une meilleure protection des citoyens des différentes rives du bassin méditerranéen. Un autre volet, non moins important, consiste en le renforcement de la participation de l'UE à la résolution de conflits. Cette participation a déjà commencé à se développer, rappelez-vous, à travers un plan d'urgence de 25 milliards de dollars d'investissements extérieurs sur 5 ans. Seulement, la question qui nous trotte l'esprit en ce moment est quelle stratégie adoptera la Tunisie pour arriver, à échéance, à payer ses dettes en tenant compte de la situation critique par laquelle passe le pays ? Et quelle sera la réaction de l'UE à d'éventuelles difficultés de paiement ? La participation de l'UE devrait se traduire, d'autre part, par le soutien d'un développement économique et social durable. Il s'agit de la révision du cadre de coopération entre les rives Sud et Nord de la Méditerranée et l'amélioration de l'environnement des entreprises qui y sont implantées. Par ailleurs, l'UE promet plus d'assouplissement des formalités d'octroi de visas et la libéralisation du régime de visas. Une promesse vieille comme Hérode et dont on attend encore et toujours la concrétisation. Autre pilier de la nouvelle politique de voisinage, réserver un pilotage politique plus déterminé pour la rive Sud de la Méditerranée, et ce en liant davantage les coopérations politique et financière et en assurant une relation étroite entre les structures des Comités d'Association, les Plans d'Action de la PEV et les rapports annuels par pays. Bien évidemment, on n'oubliera pas de souligner que selon cette politique, l'UE consacrera une rallonge de 1,242 milliard d'euro pour la période 2011-2013, en plus des 5,7 milliards déjà programmés. Ces ressources seront partagées comme suit : - 750 millions d'euros, « nouvelles ressources » versées par l'instrument de la PEV - 248 millions d'euros, redéployés à partir d'autres instruments financiers - 244 millions d'euros, remboursements provenant d'anciennes opérations de la BEI - C'est ce qui a été annoncé par Stefan Füle, commissaire européen pour l'élargissement et la politique européenne de voisinage, lors de la rencontre de clôture du voyage de presse, organisée par la délégation de l'UE en Tunisie du 3 au 8 juillet 2011. Le commissaire européen avait souligné que le printemps arabe a changé l'ancienne vision de la politique de voisinage, une modification qu'il considère positive pour les différents membres de cet espace de voisinage. Cette révision de la politique, dont le but est d'apporter la dignité et l'égalité aux citoyens de la rive Sud, toujours selon le commissaire Füle, vient suite au signal de réveil lancé par les populations révoltées, pour l'Europe. Des déclarations bien motivantes et joyeuses mais qui ne répondent pas aux interrogations que nous avons posées plus haut. Surtout si on se fie aux dires de Stefan Füle qui annonce que la commission européenne a prévu une stratégie nommée « More for More » ou en français « Plus pour Plus », basée sur davantage d'échanges entre les pays des deux rives. Pour ceux qui refusent cette stratégie, comme l'Egypte, et sont contre les principes de démocratie, comme définis par l'UE, ils devront subir les principes de la deuxième politique mise en place : « Less for Less », qui consacre moins de coopération et d'échanges. Zeyneb Dridi (Envoyée spéciale à Bruxelles)