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Tunisie - L'apprentissage difficile de la démocratie
Publié dans Business News le 20 - 12 - 2011

C'est fascinant de voir naître la démocratie et les relations démocratiques qui se tissent entre nos compatriotes. L'apprentissage n'est pas évident même si l'on constate un certain civisme très spécifique aux Tunisiens.
Les uns n'arrivent pas à intégrer les principes démocratiques et se figent dans le schéma de la pensée unique considérant que la diversité représente une division qui mène à l'instabilité. Longtemps habitués à la pensée unique, celui qui ne pense pas comme eux est forcément contre eux et donc un ennemi qu'il faut à tout prix isoler. Le problème s'aggrave lorsque la religion s'en mêle et que le peuple se classifie en croyants et mécréants. En réalité, il s'agit de citoyenneté, et ce, quel que soit la croyance, puis de diversité qui ne peut être qu'enrichissante. Une sorte de mosaïque harmonieuse composée de différentes couleurs et de différentes formes qui s'emboitent les unes dans les autres.
D'autres n'ont admis de la démocratie que l'élection et la légitimité qui en découle. Ayant une légitimité électorale, même réduite au minimum, ils détiennent la vérité puisque le peuple les a élus. Nous pouvons constater ce phénomène tant du côté de la majorité, que du côté des minorités. En réalité, les Tunisiens n'étant pas habitués à s'exprimer, à débattre et à être élus, nous nous trouvons face à des dialogues de sourds pendant lesquels aucun n'arrive à entendre l'autre, campant sur ses positions, fermé à toute différence même si celle-ci peut évoluer dans son intérêt. Ainsi ceux qui étaient hier dans l'opposition semblent incapables de comprendre que l'on puisse aujourd'hui s'opposer à eux.
D'autres encore considèrent que la démocratie se limite à l'alternance. La différence étant perçue comme une déviation et la critique comme une insulte, à partir du moment où ils ont obtenu un changement à la tête de l'Etat, l'alternance est suffisante, la démocratie est en marche et nous devons être disciplinés.
Enfin ceux qui représentent une minorité désignée par l'élite, intellectuelle ou économique. Une élite qu'on cherche à séparer du peuple comme si ce dernier n'avait pas le droit d'y accéder et qu'elle n'est pas elle-même une partie intégrante du peuple. Qu'on le veuille ou pas, c'est l'élite qui est destinée à être la locomotive du pays, car c'est elle qui, de par ses compétences, a la capacité de gouverner.
C'est d'ailleurs cette élite qui clame haut et fort aujourd'hui l'application d'une vraie démocratie en commençant par la rédaction d'une Constitution adéquate qui garantisse le pouvoir exercé par la majorité à travers les élections, la séparation et l'équilibre des pouvoir, l'alternance à ce pouvoir qui exige l'existence d'un contre-pouvoir, la garantie de la citoyenneté, de l'égalité, des libertés individuelles et collectives tout en respectant les minorités.
Tout cela c'est pour dire que, si nous devons être indulgents entre nous citoyens qui découvrons subitement la liberté d'expression et la diversité d'opinion, nous devons par contre rester vigilants face à ceux qui nous gouvernent et atrophient l'application de la démocratie en misant sur le manque de maturité politique d'une société civile encore en construction.
Je voudrais donc partager ma vision de certains comportements qui m'ont choquée et qui nous concernent tous car ils impacteront nos vies et nos relations si nous ne nous mobilisons pas pour les dénoncer fermement.
• La manière dont la troïka s'est constituée.
Une alliance contre nature entre démocrates et théocrates, au détriment de la démocratie, qui ne peut que nous faire douter de leurs valeurs démocratiques proclamées en nous rappelant le pacte national de Ben Ali. Sous couvert d'assurer un gouvernement d'intérêt national, en réalité ce n'est qu'une troïka au service d'un parti théocratique qui s'est assuré grâce aux deux autres une majorité des deux tiers au sein de l'Assemblée. Nous qui souhaitons obtenir une constitution républicaine et démocratique, accordez nous le droit d'être inquiets.
• Les candidatures uniques
Une candidature unique choquante, à la tête de l'Assemblée, sans même une tentative d'y mettre la forme en proposant plus d'un candidat. Et malgré l'inestimable secours apporté par Madame Maya Jribi pour donner plus de hauteur et plus de légitimité à cette élection face au monde qui nous observe, la même erreur fut commise de nouveau lors de l'élection du nouveau président transitoire de la République. Ce qui a fait de lui un président désigné par une majorité plutôt qu'un président élu, puisque la notion d'élection implique la possibilité de choix.
• La durée de l'Assemblée
Après s'être engagé à ne pas dépasser une durée d'une année pour la rédaction de la constitution, nous voilà après le vote à l'Assemblée face à une Constituante à durée illimitée, concentrant tous les pouvoirs et sans aucun contrepouvoir significatif. De ce fait, même le mandat du président transitoire devient lui aussi illimité. N'est-ce pas là une nouvelle forme de dictature ?
• La répartition des pouvoirs
Cette répartition restera anecdotique, puisque notre président désigné par la majorité de l'Assemblée n'a quasiment pas de pouvoir, alors que ceux-ci sont concentrés entre les mains d'un premier ministre qu'il a lui-même nommé. Après une révolution qui s'est débarrassée d'un dictateur systématiquement élu à plus de 95% du suffrage face à des adversaires microscopiques, nous voici avec un président qui a récolté un nombre de voix microscopiques au suffrage direct et 155 voix au suffrage indirect.
• La censure des députés
Nous savons que dans toute assemblée délibérante, le temps de parole est réglementé. A cet effet, un marteau de président est fourni à ce dernier, lui permettant de rappeler que le temps imparti a été dépassé. Mais lorsque le président d'une assemblée coupe carrément le micro à un élu, nous ne sommes plus dans une logique de discipline mais plutôt dans une logique de pouvoir de censure. C'est une attitude le moins que l'on puisse dire hautaine et antidémocratique.
• La trêve des six mois
Enfin, le nouveau président transitoire revendique une trêve de six mois alors qu'une Assemblée Constituante à majorité théocratique s'apprête à rédiger une nouvelle constitution. Non Monsieur le Président, votre demande n'est pas recevable. Ce n'est que lorsque nous aurons, tous ensemble, garanti une vraie Constitution républicaine et démocratique que la discipline sera le devoir et la responsabilité citoyenne de chacun d'entre nous. "Nous ne sommes pas encore libres, nous avons seulement atteint la liberté d'être libres" Nelson Mandela
Lorsqu'en quelques semaines nous inventorions autant de comportements qui prêtent à confusion et que nous savons que 72% des Tunisiens ne sont pas représentés dans cette Assemblée, il est impératif de demeurer vigilant jusqu'à la fin de la rédaction de la constitution qui sera la seule garante de nos droits et libertés qui fondent notre dignité.
*Neila Charchour Hachicha : Militante d'AfekTounes


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