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Tunisie Reportage à Sejnane : Terreur salafiste et silence complice
Publié dans Business News le 17 - 01 - 2012

En traversant Sejnane, ce lundi 16 janvier 2012, rien n'indique aux visiteurs que ce village diffère en quoi que ce soit des autres régions de la Tunisie. Sur la grande place, les étalages des commerçants sont garnis et les citoyens vaquent à leurs occupations quotidiennes. Les élèves sillonnent les rues, cartables en bandoulières.
Toutefois, il est vrai que l'état des bâtisses, y compris, celui des établissements publics, traduit plus de précarité qu'ailleurs, comparé aux villages voisins de Nefza, Mateur ou Tabarka. Les chiffres officiels confirment ce constat de pauvreté dans la mesure où elles indiquent un taux de pauvreté dépassant les 80% et un taux de chômage avoisinant les 60%. La précarité saute donc aux yeux, mais qu'en est-il du salafisme ?
Ce gros bourg du Nord-Ouest est, depuis près d'un mois, au centre d'une bulle médiatique qu'il n'a jamais connu auparavant. Journalistes tunisiens et étrangers s'y sont succédé dans ce village en rapport avec le fameux «émirat islamique», qui s'y est installé. Ce gros bourg de près de 50.000 habitants n'a jamais bénéficié d'autant de médiatisation auparavant. Comment a réagi la population locale à cette question ?
C'est par cette réprimande : «Merci aux salafistes, grâce à eux, les médias s'intéressent à notre village et constatent la pauvreté dure dans laquelle nous vivons», que Rabeh, un syndicaliste appartenant à l'Union des travailleurs tunisiens (UTT) et employé du centre de la culture des tabacs, a commencé son évaluation de la situation.
Par ailleurs, son collègue, Béchir, s'est montré indigné de «l'acharnement médiatique contre ces jeunes qui aident pourtant dans le rétablissement de l'ordre à Sejnane». «N'ont-ils pas contribué efficacement à lutter contre la spéculation sur les bouteilles de gaz ?», s'est-il interrogé.
Rabah et Béchir étaient au centre d'un sit-in lancé par des dizaines d'agents occasionnels du Centre de la culture des tabacs à Sejnane, réclamant la régularisation de leur situation administrative et le bénéfice de la couverture sociale. Certains ont affirmé avoir travaillé des dizaines d'années au sein de la RNTA sans bénéficier d'une quelconque couverture sociale. Chaque année, ils ont travaillé pendant quatre mois, en percevant des quinzaines ne dépassant guère les cent dinars. C'est dire la précarité de leur situation sociale.
Question salafisme, en leur posant la question, personne n'a contesté, ni dénoncé quoi que ce soit. Loin de là, aucun reproche n'a été adressé à ce groupe. Rien ne s'est vraiment passé à Sejnane ou est-ce la peur qui les contraint au silence ?
En quittant le sit-in des employés du monopole des tabacs, la certitude est acquise concernant la précarité sévissant dans la ville. La RNTA étant le plus important employeur de la région. En plus, il est la source d'emplois indirects pour des centaines de planteurs de tabac. Et comme la situation n'y est pas vraiment claire, le restant de la vie socioéconomique à Sejnane est pire. Toutefois, côté salafisme, les interrogations restaient entières.
Pour voir plus clair sur cette question de salafisme à Sejnane, il fallait rencontrer quelques membres de ce groupe. Le représentant local du parti Ennahdha, M. Saïdani, a facilité ce contact. Pour lui, «cette campagne médiatique est orchestrée par des ex-RCDistes, qui ne veulent pas que la stabilité revienne à Sejnane». «L'essentiel, c'est plutôt de lutter contre la corruption et la pauvreté», a-t-il ajouté.
Deux jeunes salafistes étaient également présents. Ils ont commencé par renier cette qualification de salafistes, «péjorative» selon eux. «Nous n'avons fait que contribuer avec la population à certaines tâches d'entraide sociale», a expliqué Fethi, 24 ans, licencié au chômage. «Nous ne nous sommes jamais posés comme autorité», a-t-il ajouté.
Concernant leurs prêches extrémistes, Fethi a expliqué qu'ils «ne voient pas de distinction entre eux et Ennahdha». «Ce sont nos pères et nous appartenons à la même mouvance. Certains essaient, en vain, de diviser le camp islamiste qui est uni», a-t-il précisé.
Pour ce qui est de la prison improvisée à l'ancienne bâtisse de l'Union tunisienne de la solidarité sociale, ils étaient unanimes à nier l'existence de tels actes. «Ce sont plutôt des délinquants et autres alcooliques qui ont occupé ces locaux. La société civile et les autorités régionales les ont barricadés pour couper court à ces actes de délinquance», a expliqué le représentant du parti Ennahdha.
Après avoir entendu ces versions des faits et comme il y avait des plaintes et des victimes, il fallait aller les voir pour entendre leurs versions des faits. Le premier, Yassine, est un jeune photographe. Il porte un plâtre tout le long de sa jambe gauche. Son certificat médical circonstancié indique que sa blessure, datant du 26 juillet, est profonde de huit centimètres.
Yassine a expliqué avoir été attaqué par une vingtaine de salafistes alors qu'il rentrait d'une fête de mariage où il avait travaillé comme photographe. «Pour eux, c'est interdit (hram) de prendre des photos. Ils voulaient me tuer. Ils m'ont frappé avec une épée et je ne dois mon salut qu'à la lenteur de leurs concertations sur mon sort. Ceci m'a permis de m'enfuir avec l'aide de deux amis», a-t-il expliqué.
Une autre victime, rencontrée à Sejnane, est blessée au niveau de sa main. Il a indiqué avoir été touché par une épée. «On m'a reproché de ne pas faire régulièrement ma prière», a-t-il expliqué, précisant qu'en fait : «j'ai suivi la prière pendant une semaine, avant de l'interrompre. C'est ce qui les a montés contre moi».
Mabrouk, le père de la victime, a indiqué vivre sous une menace perpétuelle. «Ils nous ont fait descendre d'un louage se dirigeant vers Bizerte, alors que je m'y rendais avec mon fils pour porter plainte. Ils ont menacé de brûler ma maison», a-t-il expliqué. Son épouse a ajouté qu'ils étaient venus la voir et qu'elle vit dans la peur. «Mon fils vit terré à la maison. Il a peur pour sa vie. Son agresseur l'a menacé de le tuer et d'assumer», a-t-elle ajouté.
Pour ce qui est des suites de leurs plaintes, les deux victimes ont précisé que les autorités sécuritaires régionales disent «n'avoir reçu aucune consigne pour suivre ces dossiers».
«C'est vraiment un sentiment terrible que de voir son bourreau circuler librement alors que moi, la victime, je vis terré et terrorisé. Je réclame justice», a conclu l'un de ces jeunes.
En plus de ces plaintes, la situation des établissements scolaires à Sejnane est un fait très révélateur. Un lycée et un collège sont fermés depuis mercredi dernier suite à l'exclusion d'un élève salafiste qui a agressé un professeur. Depuis, les salafistes font pression sur l'administration pour revenir sur cette décision. Plusieurs élèves ont raconté des scènes étrangères à la Tunisie comme l'interdiction des tableaux et des chapelets, ainsi que des atteintes aux libertés individuelles des personnes.
Il y a donc certainement anguille sous roche. Sejnane est certes pauvre et la lutte contre la précarité est une priorité. Mais les autorités sont aussi appelées à gérer plus efficacement la situation sécuritaire. Plusieurs scènes indiquent que l'autorité de la loi y est très faible et sujette à des dépassements.


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