Dans une Tribune publiée samedi 18 février 2012 par le quotidien Le Maghreb, Omar S'Habou, leader du Mouvement réformiste tunisien, a rappelé les fondamentaux des Droits de l'Homme à son « ami » Moncef Marzouki, président provisoire de la République. Marzouki a déclaré il y a deux jours qu'en tant que militant des Droits de l'Homme, il n'a pas le droit de s'ingérer dans la décision d'une association ayant décidé d'inviter le prédicateur salafiste égyptien Wajdi Ghenim. « Aurais-tu accepté que le raciste français Jean-Marie Le Pen foule le sol tunisien s'il a été invité par une association lui proposant de donner son témoignage ? », a interrogé M. S'habou avant d'exposer les multiples raisons qui auraient pu justifier l'interdiction d'entrée de ce prêcheur au discours moyen-âgeux. Voici un extrait traduit par nos soins de cette Tribune. « Que penses-tu de ce discours qui classe des dizaines de milliers de Tunisiens en musulmans et mécréants ? Que penses-tu de cette moquerie de l'hymne national et de ce défi lancé aux Tunisiens, avec l'acquiescement du responsable nahdhaoui Habib Ellouze ? N'as-tu pas été informé de son projet civilisationnel qu'il est venu promouvoir parmi nous ? » Et à Omar S'Habou de rappeler des échantillons de ce projet en citant notamment « la légitimation de la violence physique contre les femmes, leur excision, l'illégitimité du pouvoir du peuple, l'interdiction des libertés individuelles, l'interdiction religieuse de la liberté des partis et de la démocratie. Quant aux laïcs, ils sont tout simplement des mécréants. « Sais-tu qui sont les laïcs que ce Ghenim traite de mécréants ? Ce sont toi et moi ! Sais-tu qui est concerné par l'excision des filles ? Tes filles et les miennes ! Ces crimes ne sont-ils donc pas suffisants pour que tu exerces tes prérogatives et que tu interdises à cet individu de se balader dans notre pays ? Bourguiba, le patriote, a bien renvoyé en 24 heures un émir saoudien qui a humilié un citoyen tunisien ! Moncef ! Ghenim est en train de défier nos élites, notre identité et notre Histoire ! (…) Moncef ! La Tunisie, notre chère patrie, je la vois au bord d'une guerre civile entre musulmans et mécréants (…) Moncef, la Tunisie n'est plus la Tunisie, prends une décision ! Sois à la hauteur de ta fonction présidentielle, même si elle n'est que provisoire ! »