Dès le commencement de la séance consacrée aux questions au gouvernement, jeudi 1er mars, Maya Jribi a demandé à prendre la parole, peu après midi, pour un point d'organisation. Lorsqu'elle annonce que les élus n'auront qu'une minute pour s'exprimer, Mustapha Ben Jaâfar l'interrompt violemment pour répondre que ce qu'elle affirme est erroné. Maya Jribi poursuit. « Le temps que l'on perd, Monsieur le Président, lorsque vous arrivez en retard et lorsque les séances ne commencent pas à l'heure, cela ne semble pas vous déranger, par contre pour nous donner la parole dans une réunion aussi importante, vous nous imposez un temps très court ». Mustapha Ben Jaâfar coupe le micro à Maya Jribi avant qu'elle n'achève son intervention. « Vous ne voulez pas le dialogue !», tance-t-il au camp de l'opposition qui se lève, décidé à quitter les lieux. Un élu d'Al Aridha prend à son tour la parole pour demander une pause de cinq minutes afin de trouver un compromis et répartir le temps, à égalité entre la majorité et l'opposition. Mustapha Ben Jaâfar répond immédiatement par la négative, l'élu lui rétorquera que son groupe va alors boycotter la séance. «C'est faux ! C'est faux ! Vous affirmez qu'il y a une minute de temps de parole par élu mais c'est faux», répète Mustapha Ben Jaâfar. Les élus de l'opposition quittent alors un à un l'hémicycle, affirmant que le gouvernement et le président de l'Assemblée devront prendre la responsabilité de leurs décisions, parmi lesquels le Groupe démocratique, Al Aridha, El Moubadara et le POCT. Mustapha Ben Jaâfar répondra par la suite que le temps de parole a été réparti selon le Règlement intérieur. «Le bureau de l'Assemblée est le seul à pouvoir organiser ce type de séance. Ces questions au gouvernement ne peuvent pas durer plus d'un jour, comme cela a été décidé par le bureau. Quatre heures ont été consacrées aux questions des élus, et ces quatre heures doivent être réparties équitablement entre les élus. L'opposition pense pouvoir s'octroyer le droit d'avoir plus de temps de parole que la majorité, cela est inacceptable et ils veulent tromper l'opinion publique. Il ne s'agit pas là de la dictature de la majorité, comme ils se plaisent à le dire, mais d'une dictature de la minorité, dans le sens où ils veulent des règles sur-mesure». Khemais Ksila rétorquera qu'au nom de l'intérêt national, il serait plus judicieux de suspendre la séance pour trouver un compromis. Mustapha Ben Jaâfar répondra que Khemais Ksila aurait mieux fait de transmettre cette remarque aux élus de l'opposition pour qu'ils privilégient le dialogue, et refusera de lever la séance, donnant le coup d'envoi de ces questions au gouvernement, en présence des ministres de l'Intérieur Ali Laârayedh, des Affaires étrangères Rafik Abdessalem et des Affaires sociales Khelil Zaouia. Une séance qui s'annonce comme un déversement de bonnes paroles des élus de la majorité, à l'égard des membres du gouvernement présents. Nous y reviendrons.