L'idée de la privatisation des médias publics fait son chemin petit à petit. Le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, l'a évoquée il y a deux semaines, lors du dîner qui l'a réuni avec les patrons de presse. Il a, alors, déclaré : «Je m'interroge en quoi l'Etat devrait avoir besoin de posséder ses propres médias». Les présents lui ont alors rappelé les chaînes de France Télévision, la BBC ou la RAI. Cette idée a, de nouveau, été mise sur le tapis et a été évoquée, hier, lundi 16 avril par le député d'Ennahdha, Ameur Laârayedh. S'appuyant sur un sondage totalement inconnu, il a déclaré qu'une bonne partie de l'opinion publique demande la privatisation des médias publics et qu'il y a même des pétitions en ce sens ! M. Laârayedh a même donné sa vision quant à cette privatisation, en déclarant que le capital doit être tunisien et qu'il ne doit pas y avoir une seule partie pour acheter ces médias, mais un nombre d'hommes d'affaires, avec la garantie de préservation des droits sociaux des employés et le respect de la législation en vigueur en matière d'information. Conforté par sa position de parti majoritaire, il a déclaré que le sujet peut être exposé au peuple et qu'on verra sa réponse ! S'il est vrai qu'il est très rare qu'un Etat possède ses propres journaux, la question de la privatisation des télévisions et des radios publiques n'est plus d'actualité dans les démocraties occidentales. La France a privatisé TF1, mais s'est arrêtée là et a, depuis, lancé d'autres chaînes publiques, telles France 4, France 5 ou France 24 et Public-Sénat. Les BBC en Grande-Bretagne ou les RAI en Italie coexistent sans problèmes avec les chaînes privées, chacune ayant sa ligne éditoriale. Si, dans certains pays européens, les chaînes publiques observent une neutralité plus ou moins exemplaire, il n'en est pas de même dans d'autres. Les RAI ou les BBC ont toujours tenu une ligne opposée à celle des gouvernements en place et on se rappelle des propos virulents de Silvio Berlusconi, tenus à de multiples reprises, à l'encontre des chaînes publiques italiennes. Le gouvernement actuel, ainsi que le parti au pouvoir, sont dans un cas similaire avec des plaintes régulières des prestations des chaînes publiques tunisiennes.