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Tunisie - Constituante : Un « show médiatique »
Publié dans Business News le 17 - 04 - 2012

« Nous sommes un gouvernement légitime », « nous sommes les représentants du peuple », « les élections ont été transparentes et démocratiques, nous avons le soutien de la majorité ». Autant de déclarations que l'on peut entendre, comme un disque rayé, de la part de nos gouvernants actuels et du parti islamiste, vainqueur des élections.
Le 23 octobre dernier, un dimanche ensoleillé, des millions de Tunisiens (à peine la moitié des électeurs potentiels) sont allés voter pour des candidats dont la charge principale était d'écrire une Constitution pour le pays, dans un délai qui ne devait pas dépasser un an. Théoriquement, c'est le contrat qu'ont signé les Tunisiens en allant voter, mais dans la pratique, cela fait six mois que les Tunisiens sont allés voter, soit la moitié de la période prévue pour écrire la Constitution, alors qu'aucun mot de celle-ci n'a encore été écrit. Mustapha Ben Jaâfar, en tant que maitre de conférences, devrait, logiquement, sonner la fin de la récréation pour nos 217 cancres de l'Assemblée, qui ne cessent de se chamailler pour des broutilles, à l'intérieur de l'hémicycle. Mais voilà que M. Ben Jaâfar lui-même, se prend au jeu de ce qu'il appelle un « show médiatique ».
Mustapha Ben Jaâfar, hier 16 avril 2012, lors de la dernière séance plénière de l'Assemblée constituante sur le dossier des martyrs et des blessés de la révolution, sera à l'apogée de sa carrière d'acteur. Aidé des figurants d'Ennahdha, le spectacle était époustouflant. Un discours passionné d'un des élus d'Al Aridha (les parias de la Constituante), suffira à enflammer la salle. Les députés d'Ennahdha tapent sur leurs pupitres, bavardent, hurlent et, voyant que cela ne suffira pas à faire taire l'élu rebelle, se lèveront pour entonner l'hymne national. Sortant de son rôle de surveillant, Mustapha Ben Jaâfar se lèvera à son tour, sous le regard médusé des élus de l'opposition, et finira par établir un dangereux précédent, en excluant deux députés d'Al Aridha. Ces derniers, pourtant élus au même titre que les autres, se retrouvent à observer un sit-in, pour pouvoir faire entendre leur voix. Ils bénéficieront même du soutien de l'UGTT !
Novembre 2011. Tahar Hmila n'aurait pas pu mieux commencer le spectacle, aidé des élus d'Al Aridha qu'il ne se privera pas de dénigrer, lors de la séance inaugurale de l'Assemblée constituante. Avec, en prime, une scène qui deviendra récurrente, celle de l'agression verbale ou physique de ces « élus du peuple ». Souad Abderrahim sera la première d'une longue liste de victimes.
Et ça continue… Ahmed Néjib Chebbi, aidé de la nouvelle figure médiatique du PDP, Iyed Dahmani, ne se privera pas de tacler le président de l'Assemblée. Omar Chettoui, élu islamiste au CPR, s'en prendra à Karima Souid pour ses lacunes en arabe, cette dernière n'attendra pas pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Un autre député réussira, quant à lui, à sortir Mehrezia Laâbidi de ses gonds, alors qu'elle se débattait tant bien que mal dans la fosse aux lions, pendant que Monsieur le Président s'en allait vaquer à d'autres occupations. Les élus d'Al Aridha reprocheront à Ennahdha leurs tentatives de manipulation dans les coulisses, Samir Bettaieb parlera de manœuvres politiques, les élus du PDP reprocheront l'absence d'esprit de consensus, lorsque l'on sait que cet esprit leur a fait défaut lors de leur 5ème Congrès, provoquant une scission au sein du parti. Et Brahim Gassas, le temps fort des débats de l'Assemblée, dont la prestation est attendue avec impatience, par les petits et les grands, pour une dose de fou rire garanti, entrecoupée de « il a dit tout haut, ce que nous pensons tous », ou encore « malgré son style, ses interventions sont tout de même pertinentes ».
Les élus d'Ennahdha, de l'autre côté, ont trouvé la meilleure méthode pour répliquer, et faire taire leurs adversaires. Taper sur son pupitre ne suffisant pas, ils se lèveront, tous en chœur, et à plusieurs reprises, pour entonner l'hymne national. Tous les moyens sont bons… et Mustapha Ben Jaâfar approuvera ces tentatives de diversion, tout en qualifiant celle des autres de « show médiatique ». Skander Bouallègue, un des intouchables d'Al Aridha, lancera à ce sujet : « Après avoir été les commerçants de la religion, voilà qu'ils commercent avec l'hymne national » !
Un projet d'organisation provisoire et un Règlement intérieur adoptés dans la douleur, et nous voici dans un statu quo constitutionnel. Les commissions établies, chacune son thème, auditionnent des personnalités et sont allées, aujourd'hui, jusqu'à convier des ministres du temps de Bourguiba pour que ces derniers donnent leur avis sur le meilleur régime politique pour la Tunisie. Mais toujours rien d'écrit. Au sein de la commission du préambule, Sadok Chourou et ses acolytes islamistes, tentent par tous les moyens d'inscrire la Chariâa dans la Constitution. Des semaines de division populaire et Ennahdha annonce qu'elle tient à l'article 1er de la Constitution tel qu'il est. Des semaines perdues dans des débats idéologiques sans fin, pour finalement maintenir le premier article de l'ancienne Constitution tel quel. Et tout le monde, islamistes (sauf les plus radicaux) et progressistes (aux relents conservateurs), se félicite de cette « avancée ». Garder un article sujet à de multiples interprétations, est donc le seul résultat concret issu de ces travaux journaliers (ou presque).
Et la liste des élus agressés se poursuit : Tahar Hmila, Maya Jribi, Mahmoud Baroudi, Selma Baccar, Khemais Ksila, Ahmed Mechergui, et d'autres encore, dont la majorité ne se privera pas des différentes tribunes médiatiques offertes, suite à ces agressions. Une députée d'Ennahdha commentera ainsi ces couvertures médiatiques parfois disproportionnées, lors du témoignage de Mahmoud Baroudi, à l'Assemblée constituante.
Les séances plénières, diffusées entièrement sur la télévision nationale, se transforment ainsi en une tribune médiatique, pour chacun des élus jaloux des minutes qui lui seront arbitrairement accordées par Mustapha Ben Jaâfar. Ce dernier ne se privera pas de participer à cette mise en scène, du haut de son trône, surplombant l'Assemblée, en commentant les interventions des élus, pour faire part de son accord ou de son indignation. Opposition et majorité sont pour une fois à égalité dans ce jeu médiatique que personne ne semble vouloir stopper. Et à l'ombre des commissions, sans les feux des projecteurs, le temps passe, au fil des auditions et des digressions, et le peuple tunisien demeure en manque d'une légitimité constitutionnelle, indispensable pour avancer… Qui va siffler la fin de la récréation ?


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