Samir Bettaïeb et Fadhel Moussa, deux élus PDM à l'Assemblée constituante, ont tenu un « café citoyen », au Saf Saf de La Marsa, vendredi soir 11 août 2012, en présence d'un nombre important de citoyens. Rencontre lors de laquelle ils ont dû rassurer une assistance de plus en plus inquiète et impatiente, quant à la nature de la Constitution qui sera présentée et la date des futures élections. « Si vous pensez que les travaux vont s'achever le 23 octobre, essayez d'enlever cette idée de votre tête car c'est techniquement impossible », a déclaré Samir Bettaïeb, affirmant que ces mêmes travaux ont pris du retard à cause de questions primordiales sur lesquelles le consensus n'a pas pu être trouvé. « Par la suite il faudra que cet ensemble de textes soit étudié par la commission mixte, avant d'être soumis en plénière. En parallèle, il faudra préparer les élections, inscrire les électeurs qui ne l'ont pas fait lors des premières élections et, passé l'été et ramadan, nous pensons qu'il est probable que les élections aient lieu en automne 2013 », précise l'élu PDM, en substance, ajoutant que, d'ici là, l'Assemblée constituante n'a pas d'autre alternative que de rester en place : « Un mauvais gouvernement est préférable au vide », souligne-t-il, expliquant que c'était la raison pour laquelle Ettajdid avait participé au gouvernement Ghannouchi. Fadhel Moussa a, quant à lui, mis l'accent sur la nécessité, pour les citoyens, de s'impliquer dans la rédaction de la Constitution. « Une fois le premier brouillon publié, et une version officieuse et incomplète l'a déjà été, nous vous invitons à faire part de vos suggestions, de vos améliorations, etc. La Constitution aura une plus forte légitimité si l'ensemble des citoyens participent à cette phase historique. Cet aspect participatif demande également de ne pas accélérer les choses, comme souhaiterait le faire Ennahdha, à présent ». « A chaque fois que la société civile s'est déplacée, elle a fait bouger les choses, et contrairement à ce que pensent les gens, la majorité d'Ennahdha à l'Assemblée n'est pas assurée. Cela a été prouvé dernièrement avec l'Instance de la justice qui fait l'objet d'un blocage, et cela s'est également concrétisé au sein des commissions ». Sur un autre plan, les élus du groupe démocratique ont mis en garde contre le projet d'Instance électorale du gouvernement. « L'Instance des élections sera la bataille la plus importante à mener à la rentrée. Les libertés, les droits des femmes, tous les sujets importants ne pourront être garantis que par l'assurance d'élections libres et transparentes, laquelle garantie n'est pas donnée, à ce jour, avec le projet qui a été soumis », déclare, S. Bettaïeb. Au sujet de la probabilité pour que la Constitution soit soumise au référendum, Fadhel Moussa rappelle les lacunes de l'Organisation provisoire des pouvoirs publics sur ce point (OPPP), la Loi fondamentale ne prévoyant pas d'alternative en cas de refus de la Constitution par le peuple. « Il y a des concertations à ce sujet, dans les coulisses, et la Troïka prépare un projet d'amendement de l'OPPP. Il a été notamment question de soumettre deux textes (voire plus) de Constitution au peuple, où on lui demanderait de choisir lequel il préfère. Cette solution est mauvaise, car elle risque de diviser encore plus les citoyens autour de plusieurs projets de société, alors que la Constitution est censé englober l'ensemble de la population », déclare M. Moussa. Et Samir Bettaïeb d'ajouter : « Pour nous, le référendum est une mauvaise solution. Nous sommes contre car il y a de grands risques de manipulation. On ne peut pas donner 170 articles aux citoyens et leur demander de voter "oui" ou "non", ils pourraient être d'accord avec tel article et contre un autre. Cela n'aurait pas de sens. Je pense que l'on est condamné, au sein de la Constituante, à trouver un consensus, car même Ennahdha a peur du référendum : les islamistes n'aiment pas les surprises ! ». Arrivé à la fin du débat, Ahmed Brahim, secrétaire général d'Al Massar, a mis l'accent sur la nécessité absolue, pour les forces démocratiques, de faire front commun au moins lors des prochaines élections. Il a affirmé, en ce sens, que les négociations avec Al Joumhouri et Nidaa Tounes, notamment, étaient en bonne voie.