Dans une interview accordée au Figaro, menée par Arielle Thedrel et datée du 9 septembre 2012, Moncef Marzouki avertit les islamistes d'Ennahdha que leur « tentation » et « tentative de mainmise sur un certain nombre de rouages de l'Etat » sont vouées à l'échec. « Je les avertis que cela ne va pas marcher », prévient-il. Moncef Marzouki annonce, en ce sens, de proposer que soient inscrits dans la Constitution les mécanismes de nominations des représentants de l'Etat, afin que « l'Etat soit ce qu'il doit être – et qu'il n'a jamais été d'ailleurs en Tunisie : la propriété de la nation et non pas d'un parti politique ». Moncef Marzouki se dit par ailleurs « indisposé » du fait que l'administration tunisienne soit, en grande partie, représentée par Ennahdha, à l'instar des gouverneurs nouvellement nommés. Le président de la République fait état de son refus de telles pratiques. Si Moncef Marzouki avoue que des tensions existent au sein de la Troïka, il affirme cependant que celle-ci fonctionne et que grâce à cette coalition, « beaucoup de choses ont pu être évitées. « Cette coalition résiste, et c'est un miracle », soutient-il. Concernant les inquiétudes émises quant à un projet de société rétrograde que défendrait Ennahdha, Marzouki affirme qu'excepté la frange extrémiste minoritaire, que sont les salafistes, mais aussi une « minorité d'extrême gauche qui voudrait nous ramener à la révolution culturelle », les Tunisiens défendent le même projet d'une société « pluraliste » « tolérante » et « ouverte » et « où la femme est l'égale de l'homme ». Pour le président de la République tunisienne, les exactions des salafistes ne sont pas représentatives de l'état actuel de la société tunisienne. Il se dit en outre indigné de l'image faussée que donnent les médias français de la Tunisie. Prétendre que le pays est en train de basculer dans « l'islamisme à outrance » « relève du fantasme », selon Marzouki, qui affirme que son rôle est de « calmer le jeu », face à la montée des antagonismes. Alors qu'il avait publié un communiqué, suite aux évènements du Palais Abdellia, à La Marsa, où la violence salafiste et l'atteinte au sacré étaient mises dos à dos, Moncef Marzouki déclare aujourd'hui au Figaro qu'il « préfère tous les effets pervers de la liberté d'expression à la censure », soulignant qu'il est contre le projet de loi criminalisant l'atteinte au sacré qu'il qualifie d'absurde. Concernant le bras de fer qui s'est installé entre les médias et le gouvernement, Moncef Marzouki insiste sur le fait que le gouvernement est constamment harcelé par ces mêmes médias qui « collaboraient avec l'ancien régime ». « Ce qu'ils veulent, c'est couler le gouvernement. D'ailleurs nous allons transmettre leurs dossiers à la justice transitionnelle », souligne-t-il. A la fin de l'interview, Marzouki évoque les différends qui existent au sein de l'Assemblée constituante. « Il y aura consensus. Nous n'avons pas le choix », conclut-il. Pour lire l'interview publiée dans Le Figaro, dans son intégralité, cliquer ici. Synthèse réalisée par M.B.H