Dans un article paru au journal « The Independant » en date du 24 octobre 2012, le leader du parti Ennahdha Rached Ghannouchi s'est exprimé sur plusieurs sujets et notamment sur ses rapports avec les salafistes, la fameuse vidéo fuitée en leur compagnie et évidemment l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre dernier. Le journal britannique a précisé que le leader d'Ennahdha « passe beaucoup de temps ces derniers jours à essayer de convaincre ses antagonistes qu'en tant que chef du plus grand parti Ennahdha, il ne veut pas d'un Etat islamique en Tunisie ». S'expliquant par rapport à la vidéo qui a fait le buzz, M. Ghannouchi a rappelé le contexte dans lequel sa rencontre avec les salafistes a eu lieu, à savoir, le débat sur la mention de la « Chariâa ». Il a affirmé qu'à cette époque, les Tunisiens étaient divisés et que cette division existait même au sein des membres du parti Ennahdha. Il devait donc réagir « avec force » et a immédiatement entamé une série de rencontres avec les salafistes. Il devait, selon ses propres dires les convaincre que l'interprétation de la Chariâa n'est pas claire chez beaucoup de gens. « Je craignais que la Chariâa ne signifie chez certains l'anti droits de la femme, l'anti droits de l'Homme, l'opposé de légalité ou encore de la liberté » a-t-il déclaré. Il a ajouté : « Je voulais leur rappeler qu'ils (les salafistes) ont obtenu grâce à la révolution, leur liberté et qu'ils devraient désormais agir dans la société par le biais d'organisations, dans les mosquées, par des œuvres de charité et des actions associatives ». M. Ghannouchi voulait également rappeler aux salafistes que la situation était précaire, en la comparant avec l'Algérie à l'époque des islamistes. «Je voulais les mettre en garde contre le fait de sous-estimer leurs adversaires et ne jamais se fier à leur nombre», a-t-il précisé. Par ailleurs, Rached Ghannouchi a déclaré au média britannique, concernant l'attaque des salafistes de l'ambassade américaine en septembre dernier, que les protagonistes n'étaient pas tous de vrais salafistes, et qu'il y avait des intrus qui n'avaient pas hésité à s'emparer de boissons alcoolisées lors de l'invasion du bar de l'ambassade. Il a tout de même affirmé que pour certains salafistes, « Ennahdha n'est pas assez islamique ». C'est donc à ce titre que M. Ghannouchi a choisi d'agir avec eux d'une manière démocratique, car « la démocratie ne se limite pas à constituer un outil de gouvernance, mais également un outil d'éducation et d'encadrement » a-t-il expliqué. M. Ghannouchi a affirmé que « la fermeté est requise pour tout manquement à la loi » et que cette loi s'applique sur tout le monde en dehors des appartenances idéologiques. M Ghannouchi n'a pas manqué d'affirmer que ses adversaires veulent un retour vers les pratiques de Ben Ali. Il a conclu par dire que son parti a besoin de temps, rappelant que «les Européens n'ont pas obtenu leur liberté du jour au lendemain!».