Reporters sans frontières (RSF) s'inquiète pour l'avenir de plus en plus incertain des radios tunisiennes nées au lendemain de la révolution, précise un communiqué de l'institution. RSF considère, en effet, que l'émergence de nouvelles radios est indispensable au développement et au renforcement du pluralisme des médias et de l'information en Tunisie. L'organisation réitère son soutien à la création de nouveaux médias, principalement dans les régions reculées du pays. «On ne peut que s'interroger sur les raisons de cet attentisme et ce manque de volonté flagrant à réformer le secteur des médias depuis deux ans maintenant. Faudra-t-il attendre la vague de mécontentement populaire qu'entraînerait une coupure des antennes pour que les autorités enclenchent enfin les réformes nécessaires sur ce dossier, crucial pour la liberté d'information ? La crise politique et économique à laquelle la Tunisie est confrontée ne saurait constituer une excuse. Il est urgent que soit mis en place un cahier des charges pour les radios privées et communautaires et qu'en parallèle l'HAICA voit enfin le jour», a déclaré Christophe Deloire, le secrétaire général de l'organisation. Depuis le 14 janvier 2011, seules douze radios ont obtenu une licence afin de diffuser leurs programmes sur le territoire tunisien. Ces douze radios sont aujourd'hui menacées de disparition. Celles qui ont accepté de signer un contrat avec l'Office National de Télédiffusion (ONT) se trouvent dans l'impossibilité de payer les sommes exorbitantes réclamées par cette entreprise publique - en moyenne 100 000 dinars par radio (48 460 euros)- tandis que celles qui ont refusé le monopole de l'ONT et qui émettent par leurs propres moyens sont actuellement dans l'illégalité. Toutes pourraient se voir contraindre de fermer si aucune réforme n'est mise en place rapidement. Les seules portes de sortie de ces radios sont désormais la fermeture ou le rééchelonnement de dettes qu'elles ne parviendront certainement pas à honorer du fait du montant exorbitant demandé par l'ONT, qui multiplie les lettres de mise en demeure. Ainsi, les autres porteurs de projets radiophoniques ne peuvent déposer leurs demandes d'obtention du droit d'occuper une fréquence, faute d'interlocuteur officiel. Et les porteurs de projets, décidant de passer outre le vide juridique et d'émettre sans autorisation, sont passibles de peines de prison, allant de 6 mois à 5 ans, pour «exploitation d'une fréquence hertzienne, sans autorisation préalable de l'Agence Nationale des Fréquences (ANF)», en vertu du code des télécommunications actuellement en vigueur. Par ailleurs, le monopole de l'ONT est aujourd'hui contesté. En vue de sortir de cette impasse, les radios communautaires réclament le droit d'émettre par leurs propres moyens. Reporters sans frontières demande aux autorités de faire preuve de compréhension en suspendant le paiement des sommes dues dans le cadre de ces contrats, ainsi qu'une révision rapide des tarifs exigé par l'ONT. L'organisation insiste également pour que les radios émettant par leurs propres moyens ne fassent pas l'objet de poursuites tant qu'une réforme du code des télécommunications n'a pas été adoptée.