Le parti Ennahdha a-t-il contaminé le CPR par sa schizophrénie et son double discours ? Alors que le CPR ne cesse de défendre et de crier sur tous les toits qu'il faut passer le projet de loi de l'immunisation de la Révolution, Hédi Ben Abbès vient de dire tout le contraire en déclarant que ce projet est contre-productif, arrive trop tard et va servir l'adversaire Nidaa Tounes. Cette position est parue, ce matin lundi 24 juin 2013, dans une interview accordée au quotidien La Presse. Hédi Ben Abbès qui est porte-parole du CPR, membre de son bureau politique et conseiller auprès du président de la République, a pris soin de préciser qu'il parle en son nom personnel. Pour lui, ce projet est contre-productif parce que tout est question de timing. Quand ce projet de loi de l'immunisation de la révolution a été proposé, Nidaa Tounes n'existait pas. Aujourd'hui, puisque Nidaa existe et s'inscrit dans un front, ce projet de loi risque d'être interprété comme une manière d'exclure un adversaire et ceci va lui donner un argument électoral supplémentaire. La situation, d'après M. Ben Abbès, va les rendre victimes et cette victimisation n'est pas politiquement productive. Dans une autre partie de l'interview, Hédi Ben Abbès aborde le CPR de l'intérieur et ne ménage pas ses critiques à l'encontre de son propre parti. Un des très rares représentants du courant dit laïque (qui se comptent sur les doigts de la main), Hédi Ben Abbès lance un véritable cri d'alarme pour redresser le CPR qui risque de brûler. D'après lui, le CPR est composé d'une branche conservatrice, d'une branche moderniste et d'une branche entre les deux. Il constate que le courant conservateur est en train de prendre le dessus et de créer un déséquilibre. La branche en question est proche de l'idéologie islamiste d'Ennahdha et il est nécessaire de redresser la barre, estime M. Ben Abbès qui pense être entendu dans son parti.