Nous avions notre dictateur et nous voilà désormais pourvus d'un terroriste bien à nous. Un terroriste tunisien pur jus ! Un terroriste qui connaît la mosquée Al Fath et qui en connaît surtout les alentours, s'en évadant comme un prisonnier s'évaderait d'une prison sans clé. Attendu, gentiment, par la police aux abords du lieu de prière, notre Abou Iyadh s'en est enfui, bien méchamment. Les islamistes au pouvoir l'avaient bien dit : cet homme est un danger pour la Tunisie. Ils auraient dit plus bas « alors laissons le rôder ». Attraper Abou Iyadh, c'est comme attendre devant celui qui viendra « par derrière ». Ceci n'est pas de moi, bien évidemment car je ne saurai plagier le grand Laârayedh dont est cette expression, inventée ingénieusement pour décrire la débandade de l'ambassade des Etats Unis. Les apprentis de notre terroriste national avaient alors manifesté, en douceur, aux portes de ladite ambassade, en n'omettant point de ramener échelles, bâtons et autres outils de manifestation pacifique. Abou Iyadh, le terroriste tunisien, serait, selon certains, derrière l'assassinat d'un autre Tunisien et non des moindres : Chokri Belaïd. Il serait, encore selon eux, derrière l'image d'une Tunisie sanguinolente sur laquelle nous nous sommes réveillés un certain janvier. Derrière la cavalcade qui s'en est suivie au niveau de la scène politique nationale et au niveau sécuritaire. Abou Iyadh serait, selon d'autres, celui qui a prévenu Belaïd, quelques jours avant son assassinat, qu'un attentat se préparait et que le pire était à venir. Il se serait ainsi dégagé de la responsabilité d'un acte criminel duquel on voulait l'inculper. Abou Iyadh serait aussi selon le ministère de l'Intérieur, celui qui a orchestré les attentats du Chaâmbi. Celui qui a causé la mort de dizaines de soldats partis pour défendre la patrie et partis comme sans défense, sans gilets pare-balles, sans équipement de pointe, décimés par des mines que les acolytes d'Abou Iyadh auraient semées. Abou Iyadh, il aurait tellement sévi que l'on finirait par croire qu'il serait, à son tour, un jour, indemnisé, parmi la liste des extrémistes religieux qui le seront bientôt, grâce à l'indigne fonds de la dignité. Au lendemain du vote de cette loi et alors que les Tunisiens se déchaînaient, sur la toile cela va sans dire, on évoque l'arrestation d'Abou Iyadh. De quoi faire oublier la pilule mal avalée de la veille. Coup de génie ! Américain, américain mais en Libye, selon Reuters qui relaie l'information selon la TAP. Coup de génie ! Abou Iyadh serait arrêté et le doute persiste encore. Abou Iyadh lui-même ne sait pas avec certitude s'il a bel et bien été arrêté ou pas, à en voir les cafouillages de part et d'autre. Ni du côté libyen, ni du côté américain ne viendra la confirmation. L'information en question a été démentie par l'ambassade des Etats Unis en Tunisie et par de nombreuses sources sécuritaires libyennes. Notre Ben Laden national aurait, comme son père spirituel, été arrêté par les ricains à un timing des mieux choisis. Coup de génie, vous disais-je ! De quoi éclairer le bilan terne d'un Laârayedh sur le départ. De quoi alléger la liste des tâches à éliminer d'un Mehdi Jomâa qui attend, depuis quelque temps déjà, sur la ligne d'arrivée d'une course au poste, au départ de laquelle il ne figurait pas. Abou Iyadh, mon Abou Iyadh, notre Abou Iyadh ! De combien de malheurs on t'aura accablé ? De combien de malheurs nous as-tu accablés ? Qu'as-tu fais au pire ? Tué quelques Tunisiens ? Terrorisé tout un pays ? Tu nous as, tout de même, fait oublier, un jour durant, le vol, le viol que nous avons subi une certaine nuit de 29 décembre, quand une centaine d'élus ont voté pour notre ruine, pour une loi d'indemnisation qui a dépourvu notre opposition, alors absente en majorité, de toute dignité. Abou Iyadh ne vous inquiétez guère, comme tout bon terroriste, un jour vous serez peut-être indemnisé. P.S. Meilleurs vœux à tous ceux qui lisent mes chroniques, mais qui n'aiment pas. A tous ceux qui aiment et qui commentent et à tous ceux qui aiment et ne commentent pas. A sahibolhimar qui m'a écrit un jour en commentaire « Ines, je t'aime ! Pour de vrai et j'aime tout ce que tu écris » et à Abel Chater qui m'a adressé cet énième commentaire de « désapprobation » : « Encore cette photo en noir et blanc, pour cacher ses allures noirâtres !». Mes vœux les meilleurs à tous ceux que je connais, à tous ceux qui se reconnaîtront, à ceux qui me connaissent désormais et que je ne connais pas.