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ANC- Allez en enfer espèce de mécréant !
Publié dans Business News le 23 - 01 - 2014

« Allez en enfer espèce de mécréant ! » Cette injure ou offense sera désormais condamnable par la loi. Interdite ou défendue, les choses ne sont pas encore décidées sous l'hémicycle, bien que des heures interminables s'écoulent pour trouver un consensus satisfaisant la majorité des sensibilités politiques.
L'histoire de l'article 6 et de son amendement est quasiment bouleversante. Elle a, en effet, bouleversé le cours des travaux de l'Assemblée nationale constituante mais aussi l'humeur de certains. A l'origine de cette histoire, un élu, qui de par son hostilité et son cynisme rutilant, a déclenché une sédition au ricochet de division de tout un peuple.
L'article 6 de la nouvelle Constitution porte, en substance, sur la liberté de conscience, de croyance et de la pratique du culte religieux. Voté et adopté dans un premier temps, les élus se retrouvent aujourd'hui, à débattre, à nouveau de l'article 6, en vue de l'amender. Et dans la foulée, des incidents par-ci et par-là se produisent en raison des divergences d'opinion sur la question au nom de la démocratie, bien entendu. Voici le topo : Habib Ellouze, député d'Ennahdha avait morigéné son camarde d'hémicycle, Mongi Rahoui d'Al Watad sur des propos prétendus « blasphématoires » et touchant à la sacralité du livre Saint. Péroraison : Habib Ellouze classifie Mongi Rahoui dans l'acabit des mécréants. Très touché par de pareilles accusations, acérées dans leurs sens, l'élu d'Al Watad décline une réplique des plus émouvantes et des plus sincères attisant l'envie de certains Constituants à mettre un terme à ce genre de pratiques. Constitutionalisons donc les accusations d'apostasie, celles-là mêmes qui ont ouvert la brèche aux assassinats politiques, celui de Chokri Belaïd, en l'occurrence.
Alors on feuillette à nouveau le projet de la nouvelle Constitution, et on décide d'amender l'article 6 pour y inclure un tiret d'abord incriminant puis interdisant et aux dernières nouvelles défendant les accusations d'apostasie. L'amendement n'est pas encore passé au vote. Certains élus, bien imbibés par leurs sacerdoces dans le domaine de la religion, ont crié au scandale : « Comment osez-vous ne pas accuser quelqu'un d'apostasie s'il est mécréant ?! » Cela relèverait même du devoir, moral bien sûr. Dans une optique totalement nationaliste et puritaine, le député Abderraouf Ayadi du mouvement Wafa, a mis un point d'honneur à distribuer des caricatures mettant en scène le Prophète Mohamed au sein de l'Assemblée. Mauvaise pioche ! Cette manœuvre n'a qu'embrasé davantage l'envie des fervents défenseurs de Dieu et de son Prophète à s'agripper à leurs revendications : ne pas interdire les accusations d'apostasie qui mèneraient justement à ce genre d'actes illicites. A voir les chaudes larmes et les sanglots d'Aymen Zouaghi, élu du courant Al Mahaba, on pourrait croire que le plan diabolique de Abderraouf Ayadi a fait mouche.
Pis encore ! Les députés du courant Al Mahaba ont annoncé leur retrait des travaux de l'Assemblée au regard de l'ignorance de leur demande à propos de l'amendement de l'article 6, dans l'essence. Les travaux n'ont pas, pour autant, cessé. Cependant, ils étaient paralysés en raison des filandreuses réunions des présidents des blocs parlementaires sous la baguette d'Ennahdha. Objectif : trouver un consensus autour du texte de l'amendement de l'article 6 sur lequel s'accordera la majorité au sein de l'Assemblée. La mission s'est avérée plus éreintante qu'elle en avait l'air. Alors que la nouvelle Constitution devait passer au vote général entre le mardi 21 janvier et le mercredi 22 janvier, il n'en est toujours rien de l'article 6. S'ajoutent à cela d'autres articles, dont ceux qui font l'objet de conflits (article 73 portant sur la nationalité du président de la République), qui ne sont pas encore passés au vote faute de consensus, aussi.
Mais revenons un peu sur le contenu de l'article 6. L'amendement en question rejeté par les uns et béni par d'autres, occupe-t-il réellement un parvis si important, que les constituants délaissent ce pour quoi la révolution a eu lieu et se tournent vers les affaires des sentiments et de foi ? Une autre question s'impose : si les accusations d'apostasie sont désormais défendues ou interdites par la Constitution, quelle serait la garantie de l'application concrète et effective de la loi ? Et puis, comment cette même loi compte s'y prendre pour prouver qu'il y a eu accusations d'apostasie ? Faut-il des témoins ? Ou simplement recourir à la confiance ? Pas très rationnelle, faut dire.
Interdire ou défendre les accusations d'apostasie est-ce vraiment nécessaire ? Pour empêcher les assassinats politiques, en l'occurrence ? Ou est-ce plutôt pour avoir bonne conscience vis-à-vis d'une société et d'un peuple déchirés par la guerre entre islamistes et laïcs ? Dieu l'a si bien écrit : « Vous avez votre religion, et j'ai ma religion », alors de quoi se mêle sa créature à mettre des lois à interdire des accusations d'apostasie, qu'elle ne pourra même pas appliquer et mettre en place. Combien de lois sont-elles censées protéger le citoyen et de combien d'injustices a-t-il été hélas victime ?
L'histoire de l'article 6 est une histoire de cœur, de sentiment, de foi, de croyance, tout ce qui n'est pas rationnel à dire vrai. Ce qui se produit ces derniers jours à ce propos ne l'est pas davantage. L'escouade qui se prononce pour la non-interdiction des accusations d'apostasie et qui a menacé de profondes mesures si l'amendement de l'article 6 ne passait pas, estime que ce article est une injure à Dieu et son prophète. Plus explicitement, si une personne juge qu'une autre est mécréante alors il faut l'en accuser. Drôle de théorie ! Dieu, au nom de qui cette théorie a été élaborée, s'est attribué l'exclusivité de juger de l'apostasie de ses créatures. Il n'est pas besoin d'être un grand savant du Saint Coran pour le savoir.
L'histoire de l'article 6 est quasi-religieusement tordante. Une perte de temps et de méninges ridicule et révoltante. Si les députés de l'Assemblée éprouvent une peine chronique à unir le peuple tunisien au nom de Dieu, qu'ils le fassent au nom de l'intérêt général du pays, du patriotisme et du nationalisme.
Nadya B'CHIR


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