Les Tunisiens sont les moins satisfaits du Maghreb de la vie qu'ils mènent. Ils jugent la situation économique mauvaise, mais restent optimistes pour les 12 mois à venir tout en faisant preuve de scepticisme concernant une évolution positive de l'économie tunisienne. Par ailleurs, 72% des Tunisiens se disent « pas satisfaits » du fonctionnement de la démocratie dans leur pays et le terrorisme arrive en tête de leurs sujets de préoccupation. Il s'agit des principales conclusions qui ressortent du baromètre de voisinage établi par l'Union européenne en mai 2014. Cette étude, effectuée entre décembre 2013 et janvier 2014, couvre la population âgée de 15 ans et plus à travers les pays partenaires de la zone de voisinage, dont la Tunisie. Selon cette enquête, 49% des Tunisiens se disent satisfaits par la vie qu'ils menèrent. Une « satisfaction » en baisse puisqu'elle était de 51% en printemps 2013, et constituant le pourcentage le plus bas parmi les pays du Maghreb, vu qu'elle atteint 84% au Maroc, 76% en Algérie et 65% en Libye. Ce rapport note que les personnes situées en haut de l'échelle sociale se disent bien plus satisfaites de la vie qu'elles mènent (80%) que les personnes situées en bas de cette échelle (38% seulement de satisfaits, contre 61% d'insatisfaits). Il souligne, par ailleurs, que la satisfaction personnelle est aussi d'autant plus élevée que les personnes interrogées jugent positivement la démocratie dans leur pays (83% de ceux se disant satisfaits de la démocratie dans leur pays se disent satisfaits de la vie qu'ils mènent, pour 46% de ceux jugeant négativement l'état de la démocratie dans leur pays). Aussi, les personnes interrogées disant avoir une bonne image de l'Union européenne se disent également plus satisfaites (72%) que celles en ayant une mauvaise image (52%). D'un autre côté, les Tunisiens semblent les plus optimistes pour l'avenir, de leurs voisins du Maghreb. Même si les écarts entre les pays sont faibles, la Tunisie arrive en tête de liste avec 52% de réponses positives à la question « pensez-vous que les douze prochains mois seront meilleurs ? », viennent par la suite, respectivement, l'Algérie (51%), le Maroc (49%), et la Libye (48%). Des projections dans l'avenir qui diffèrent fortement selon la situation sociale des personnes interrogées : une nette majorité des personnes disant n'avoir pratiquement jamais de difficultés à payer leurs factures imagine les douze prochains mois meilleurs (61%) pour seulement 35% de celles ayant le plus souvent des difficultés financières. L'optimisme est également plus marqué chez les plus diplômés (60% chez ceux ayant poursuivi leurs études jusqu'à l'âge de 20 ans et au delà, pour 49% de ceux ayant arrêté avant l'âge de 16 ans). On retrouve également des projections dans l'avenir plus sereines chez ceux jugeant positivement la démocratie dans leur pays (57% pour 42% de ceux ne se disant pas satisfaits). Concernant les opinions à l'égard de la situation économique du pays, elles restent majoritairement négatives pour les pays du Maghreb avec des disparités importantes entre les différents pays. La Tunisie affiche, encore une fois, le score le plus bas et se distingue fortement de ses voisins, avec seulement 8% de personnes jugeant « bonne » la situation économique dans le pays et 91% l'estimant « mauvaise ». En tête du classement, arrive l'Algérie dont 72% des interrogés jugent la situation économique « bonne », suivie par la Libye (67%) et le Maroc (68%). Les Tunisiens restent, par ailleurs, peu optimistes concernant une évolution positive de la situation économique dans le pays. En effet, seulement 35% estiment que les douze prochains mois seront meilleurs s'agissant de l'économie nationale, contre 55% pour le Maroc, 52% pour la Libye et 47% pour l'Algérie. Par ailleurs, si le chômage reste en tête des sujets auxquels les pays du Maghreb disent devoir faire face, en Tunisie c'est plutôt le terrorisme qui préoccupe le plus les citoyens. Autres données remarquables, 90% des Tunisiens pensent que la crise actuelle a eu un impact sur la situation économique de leur pays, 54% jugent positive la situation financière du ménage et 51% estiment que leur situation professionnelle personnelle est « mauvaise ». D'un autre côté, l'insatisfaction à l'égard de la situation démocratique de la Tunisie, déjà majoritaire au printemps 2013 se renforce sensiblement et atteint les 72%, pourcentage le plus élevé au Maghreb. Par ailleurs, 72% des Tunisiens se disent « pas satisfaits » du fonctionnement de la démocratie dans leur pays. Pour conclure son rapport, l'UE interroge sur l'image qu'elle reflète auprès des ressortissants des pays du Maghreb. La Tunisie, en deuxième position, estime à 59% « positive »l'image reflétée par l'UE, contre 76% pour le Maroc, 58% pour l'Algérie et 47% pour la Libye. Cependant, quand il s'agit de déterminer si, actuellement, « les choses vont dans le bon sens » dans l'Union européenne, seulement 11% des Tunisiens en semblent convaincus. En effet, 77% des Tunisiens estiment que les choses vont dans la mauvaise direction, un pourcentage nettement plus élevé que leurs voisins du Maghreb : Maroc (26%), Libye (24%) et Algérie (22%). Cliquer ici pour télécharger le rapport