• Désintérêt total vis à vis des partis politiques Une conférence de presse s'est tenue, ce samedi 3 septembre 2011 au siège de l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP), à El Manar, au cours de laquelle ont été annoncés les résultats d'un sondage d'opinion sur la situation politique en Tunisie, réalisé à l'initiative de l'Agence TAP et effectué du 15 au 28 août 2011 par l'Institut tunisien de Sondage et de traitement de l'information statistique (ISTIS), sur un échantillon représentatif composé de 2717 personnes selon quatre critères, savoir la région, le milieu (rural ou urbain), l'âge et le sexe. L'initiative est prise dans la perspective des prochaines élections de l'Assemblée constituante fixées pour le dimanche 23 octobre 2011. Les conclusions de l'enquête ont été présentées par Hosni Mensia, directeur de l'Institut ‘'ISTIS'', en présence de Néjib Ouerghi, PDG de l'Agence TAP qui s'est félicité de la réalisation de ce sondage d'opinion propre à éclairer tous les intéressés, sur les attentes du tunisien en cette étape délicate par laquelle passe la Tunisie après la Révolution du 14 janvier, et a émis l'espoir de voir ce partenariat avec l'Institut ‘'ISTIS'' se renouveler pour la réalisation d'autres enquêtes similaires et avoir ainsi l'opportunité de mieux connaitre ce qui agite la rue tunisienne et les aspirations profondes du peuple. Le sondage a essayé d'apporter des réponses à plusieurs interrogations sur la perception des Tunisiens quant à l'évolution de la situation du pays aux plans politique, économique, sécuritaire, social, ainsi qu'en ce qui concerne leur évaluation des performances du gouvernement provisoire, et de l'avenir du pays en général. D'une manière générale, la situation actuelle du pays est jugée obscure et incompréhensible par 50,9% des personnes interrogées, alors que 27% jugent qu'elle est normale après une révolution.11,8% disent n'avoir perçu aucun changement, tandis que 10% vont jusqu'à qualifier la situation de douteuse et d'inquiétante. A cet égard, il n'y a pas eu de changement sensible d'opinions par rapport aux résultats d'un sondage effectué au mois d'avril 2011. Concernant l'évolution de la situation du pays dans un futur proche, 56,2% des personnes sondées estiment que la situation ne semble pas claire, 19 % pensent que la situation se complique davantage et 24,6% déclarent que la Tunisie est sur la bonne voie. Plus de la moitié des interrogés se sont déclarés insatisfaits de la situation sécuritaire, 25 % sont moyennement satisfaits et seulement 18% sont satisfaits. On trouve pratiquement les mêmes proportions que celles du sondage d'avril 2011. Concernant la situation économique, 61% des sondés se sont déclarés insatisfaits, 28% sont moyennement satisfaits et 11% sont satisfaits. Les résultats du sondage montrent que le taux de satisfaction de la population à l'égard des performances du gouvernement provisoire se situe à 21 %, contre 31% au mois d'avril, soit une perte de 10 points dans la confiance des tunisiens au cours des quatre derniers mois. Parallèlement, le pourcentage des personnes insatisfaites a augmenté de 9 points et se situe au mois d'août aux alentours de 48%. Au même moment, l'insatisfaction à l'égard des performances des médias est globalement élevée, car, presque les trois quarts des sondés (47 et 29%) se sont déclarés insatisfaits ou moyennement satisfaits du rendement des médias. Le taux de satisfaction a considérablement diminué entre les mois d'avril et d'août, passant de 34% à 24%. Opinion sur les performances des partis politiques Par ailleurs, le sondage montre que le niveau de satisfaction des tunisiens par rapport aux partis politiques est très faible, soit 7%.Le taux d'insatisfaction vis –à- vis des performances des partis politiques a augmenté depuis le mois d'avril, passant de 64 % au mois d'avril à 70% au mois d'août 2011. Cette situation s'explique par le manque d'intérêt manifesté par les tunisiens à l'égard de la politique de manière générale et des activités des partis politiques de manière plus précise. S'agissant des risques que pourrait connaitre le pays, la moitié des sondés s'accordent sur les risques d'un retour à l'insécurité et l'engagement du pays dans une crise économique. L'insécurité est revenue, en effet, ces derniers jours, à cause de la résurgence du régionalisme et du tribalisme. Face à ce climat d'incertitude qui se profile, les personnes interrogées affirment dans une proportion de 68, 7% l'existence d'une relation entre la faible performance du gouvernement provisoire dans divers domaines et la persistance des tensions sociales. Pour une majorité de 59,8%, la dégradation de la situation économique du pays est en relation étroite avec le faible rendement du gouvernement. Le pourcentage de ceux qui ne s'intéressaient pas à la politique dépassait 75% avant la Révolution, quelques mois après la Révolution , cette proportion s'est limitée à 20%. Actuellement , elle se situe à 45%. Le tunisien dispose d'une faible culture politique. Le pourcentage de ceux qui disposent d'un degré élevé de connaissance de la situation politique reste relativement faible, soit près de 18%, cette proportion a néanmoins gagné 7 points depuis avril 2011. Les résultats du sondage montrent que le pourcentage des tunisiens ne connaissant aucun parti politique s'élève à plus de 19%, contre 36,5 % au mois d'avril. Environ 22% des tunisiens ne connaissent qu'un seul parti politique et ceux qui connaissent plus de 4 partis représentent 23%. Concernant les préférences, 56 % déclarent n'apprécier aucun parti, 34% apprécient un seul parti et le reste, soit 7,7% apprécient plus d'un parti. Le mouvement Ennahdha occupe la première place en termes de notoriété, suivi du POCT, PDP, FDLT, puis viennent plusieurs autres partis. A cet égard, le nombre des partis politiques actifs sur la scène avoisine les 110, de sorte que même les spécialistes se perdent dans leurs méandres. 13% des interrogés déclarent que les partis politiques actuels les représentent et reflètent leurs avis. Les deux tiers des tunisiens considèrent que les partis politiques ne les représentent pas et ne reflètent pas leurs avis. L'Instance supérieure indépendante des élections a déclaré que le pourcentage des personnes inscrites sur les listes électorales pour l'élection de l'Assemblée constituante le dimanche 23 octobre 2011 a atteint 58%. Interrogés sur les raisons de leur inscription, plus de 90% évoquent le devoir national. Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier le refus d'inscription dont le nombre élevé des partis politiques, le manque de confiance dans les partis politiques, et le manque de visibilité concernant les programmes des partis politiques, outre l'indécision sur le choix des candidats. Enfin, environ 72% des tunisiens ont l'intention de voter lors des prochaines élections. Les deux tiers d'entre eux n'ont pas encore décidé pour qui ils vont voter. L'enquête prévoit un taux d'abstention de l'ordre de 17%.