Les députés de l'ANC s'apprêtent à voter cet après-midi vendredi 26 septembre 2014 une loi qui va mettre littéralement le feu dans plusieurs dizaines de nos hôtels. Il s'agit de légaliser cette société de gestion des actifs plus communément appelée AMC, Assets Management Company (voir notre article à ce sujet). Cette loi vise à confisquer les hôtels ayant des ardoises auprès des banques sans aucune autre forme de procès. Les hôteliers mauvais payeurs et les hôteliers réellement en difficulté sont mis dans le même sac et n'auront même pas le droit au recours judiciaire si cette société entre en activité, à l'exception du référé. Les hôteliers ont répondu d'une seule voix pour contester ce passage en force de la loi et dénoncer les magouilles qu'il y a derrière. Plusieurs d'entre eux soupçonnent fortement qu'il y a des fonds vautour derrière les lobbys qui la défendent. Ces fonds vautours, notamment suisses et qataris, cherchent à faire main basse sur nos hôtels en difficulté à des prix valant 25% de leur estimation réelle. La loi touche même ceux qui ont des difficultés depuis trois ans coïncidant avec la grande crise du tourisme d'après la révolution. Réunis à Sousse mercredi dernier, certains hôteliers ont menacé de brûler littéralement leurs hôtels si cette loi passe. Pour eux, il est hors de question que des Qataris ou des vautours prennent possession de leurs propriétés parce qu'ils ont des crédits accrochés. D'autres rappellent qu'ils ont depuis longtemps payé le principal et que ce qui est accroché ne représente que les lourds intérêts bancaires. Il y a 15 jours, la Fédération tunisienne de l'Hôtellerie et l'UGTT ont organisé une conférence de presse pour dénoncer cette loi et alerter l'opinion publique sur ses dangers (voir notre article à ce sujet). Ce qui a fortement alimenté les suspicions, c'est qu'il n'y a aucune urgence pour justifier le passage de cette loi. Le timing est en effet des plus suspects. L'essentiel des hôteliers est actuellement à Paris pour le salon Top Résa où ils sont en train de signer les contrats de 2015. Le pays s'apprête à organiser des élections législatives et présidentielle et cette loi n'est pas du tout prioritaire, surtout qu'il y a d'autres lois, comme celle liée au terrorisme, qui est plus urgente à voter. Pour ne rien arranger, Mahmoud Baroudi chargé de la commission examinant le projet de loi a déclaré à plus d'une reprise, et à plusieurs médias, que cette loi ne doit pas passer et qu'il y a de fortes suspicions autour d'elle pour servir des intérêts mercantiles de parties bien déterminées. Réagissant vendredi 26 septembre 2014, un membre de la FTH a déclaré à Business News que si la loi passe, il y a de fortes chances qu'une grève générale des hôteliers soit décrétée dans les prochains jours. « Que les députés aillent trouver où faire loger les touristes ! », a-t-il déclaré menaçant à Business News. Le même membre rappelle le comportement du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie à leur égard quand il a été question d'examiner avec lui ce projet (voir notre article à ce sujet). La loi devrait être examinée à 14 heures et les hôteliers se sont donné rendez-vous devant l'ANC. N.B.