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Youssef Seddik : En finir avec la manipulation du religieux par le politique !
Publié dans Business News le 15 - 10 - 2014

Un regard à la fois lucide et critique et une analyse pertinente du cheminement historique d'une Tunisie en pleine mutation. A plus de trois ans après le déclenchement de la révolution du 14-Janvier, Youssef Seddik pose un regard omniscient sur la naissance du bouleversement sociopolitique dans le pays et passe au crible, dans son nouveau livre d'entretiens « Tunisie, la Révolution inachevée »*, le développement de la situation, faisant retentir une pensée érudite et profondément progressiste.
Le religieux et son rapport au politique est au cœur de l'œuvre. Youssef Seddik, philosophe et spécialiste de l'anthropologie du Coran, propose un portrait de l'islam politique et du danger que représente la résurgence de la religion dans l'espace public, avec l'avènement du mouvement islamiste Ennahdha au pouvoir.
Mais au commencement, il y a eu la révolution qui a fait que la Tunisie devienne le berceau des Printemps arabes. M. Seddik explique que ce soulèvement est tributaire au premier plan du privilège d'une homogénéité du tissu social dont dispose la Tunisie, un pays qui est religieusement et ethniquement uni. Deuxième point, la région du sud de la Méditerranée qui a « toujours fait l'objet d'une intense réflexion stratégique, politique et diplomatique ». En effet, l'auteur indique que les USA préparaient activement le départ de Ben Ali et la promotion d'une Tunisie qui serait la « pièce maîtresse […] de tous les changements dans la région ». Cependant, le penseur affirme que « ni le timing de la Révolution tunisienne ni la nature de l'équipe au pouvoir – beaucoup moins politique que banalement mafieuse -, n'ont permis aux Américains de parvenir au résultat atteint par le peuple tunisien en ce jour devenu historique du 14-Janvier 2011 ».
Le livre d'entretiens suit les étapes par lesquelles est passée la Tunisie durant ces trois dernières années, et rappelle à notre mémoire la succession d'événements qui ont eu lieu, nous entrainant dans un passé tout proche, si riche et si bouillonnant que certains aujourd'hui peinent à se remémorer. M. Seddik nous transmet, par exemple, un témoignage de Béji Caïd Essebsi, après la tenue des élections d'octobre 2011, menant à la victoire d'Ennahdha : « J'ai fait participer tout le monde, y compris Ennahdha, à un jeu, et je fais en sorte que tout le monde respecte le jeu sans lequel la défaillance d'une seule force serait catastrophique […] La plus importante des conditions de ce jeu, c'est de devoir maintenir l'horizon de l'alternance libre et dégagé de toute obstruction. Il ne me semble pas qu'Ennahdha soit certain aujourd'hui de respecter tout cela ».
Youssef Seddik lève le voile sur la teneur de l'islam politique, amené au pouvoir par le mouvement Enanhdha dont le chef et idéologiste est Rached Ghannouchi, mettant en garde et tirant la sonnette d'alarme contre l'avènement d'une nouvelle dictature et assurant que « depuis le descellement de la statue du dictateur, après le pouvoir monstrueux et sans visage d'un carré de policiers, c'est à une autre dictature, secrète, diffuse, perverse et bien plus maligne que la Tunisie a été livrée ». L'affiliation, du parti islamiste tunisien, à l'organisation des Frères musulmans n'est plus à prouver, et Youssef Seddik explique que la finalité de l'islamisme international est l'annihilation de la notion de Nation, « une sorte de contre-mondialisation qui proposerait une internationalisation de l'islam et son extension par la violence […] Pour un islamiste comme Rached Ghannouchi, la Nation délimitée par les frontières ne compte pas. L'idée de Nation est presque mécréante. Dieu n'a pas de nation, il a une Oumma, une communauté ». Telle est la menace qui pèse sur la Tunisie, selon le philosophe, une menace qui plane sur le pays et risque de se développer jusqu'à l'effritement de l'essence même qui constitue une Nation. La stratégie des mouvements islamistes est pernicieuse, et Ennadha ne déroge pas à la règle. Son action « dans l'espace politique de notre pays ne repose que sur des trivialités religieuses, par lesquelles il a pu séduire une population assoiffée, ici d'idéaux inspirés soi disant du Ciel, là de la démagogie théocratique. Il a pour effet de couper en deux un peuple qui pourtant n'a jamais douté de son appartenance à l'islam ! ».
Le penseur rappelle par ailleurs, l'incapacité d'Enanhdha à gouverner : « Non seulement cette aptitude lui fait défaut, mais il n'a pas la vocation à diriger les affaires du pays. Ce parti est une coquille doctrinalement vide ». Youssef Seddik n'épargne pas Moncef Marzouki, qu'il connait depuis les bancs de l'école, le qualifiant de « bizarrerie ». Il reproche au camarde d'antan d'être rentré « dans la logique d'un parti qui n'en est pas un, soutenu à bout de bras par Ennahdha » et que « politiquement, il n'existe et n'a été élu que grâce à ce parti », ainsi que d'être « une figure sans grande prérogative ».
Le philosophe attire également notre attention sur la stratégie adoptée par Ennahdha quand il a quitté le pouvoir, démontrant une grande lucidité quant aux machinations d'un parti, pressentant l'imminence d'un pourrissement général, il n'a qu'à ce moment consenti à quitter le pouvoir. M. Seddik met le doigt également sur la stratégie de patience d'Ennahdha pour « réislamiser » le pays : « leurs soi-disant concessions, renoncements ou désirs affichés de consensus procèdent d'une tactique au service d'une stratégie à long terme. N'oublions pas l'épisode où le chef du mouvement a demandé la patience de ses bases, tant que les appareils de l'Etat ne sont pas acquis par Ennahdha ! »
Ainsi parle Youssef Seddik. Tout en démontrant que l'islamisme n'est qu'un concept politique pervers, il rappelle de la nécessité à ce que la jeunesse, la génération future, s'émancipe et soit plus active sur la scène politique, exhortant les « dinosaures » à passer le relais, pour que la relève s'attèle aux responsabilités et à la gestion du pays.
*Youssef Seddik, Tunisie, La Révolution inachevée, Med Ali Editions 2014. Ikhlas Latif


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