Une sacrée polémique s'est déclenchée cette semaine à la suite d'une chronique de Haythem El Mekki sur Mosaïque FM. Il a évoqué la notion de « hayawanisme » parlant de certains manifestants à El Faouar. Mais qu'est ce que le « hayawanisme » ? D'après Haythem El Mekki, inventeur de l'expression, il s'agit de la propension qu'ont certaines personnes à se mettre en colère et user de violence contre d'autres personnes qui n'en sont absolument pas responsables. Il avait utilisé la même expression pour qualifier les Tunisiens qui ont agressé des Africains dans la foulée d'un match de football où l'arbitre n'aurait pas été à la hauteur. Un petit rappel des faits s'impose. Des manifestations ont éclaté dans la délégation d'El Faouar du gouvernorat de Kébili. Des journalistes, principalement les correspondants régionaux de plusieurs médias, se sont immédiatement rendus sur place pour couvrir l'événement. C'est là que certains manifestants les ont agressé physiquement et ont détruit leur matériel. Ce sont ces manifestants qui sont décrits par le chroniqueur comme étant des adeptes du « hayawanisme ». Il faut savoir que « hayawan » en arabe veut dire animal, et c'est là la première erreur de Haythem El Mekki. Un animal n'irait jamais agresser gratuitement des membres de sa propre horde ou troupe. Comme le fait si bien remarquer le chroniqueur, les correspondants régionaux des médias vivent sur place et sont touchés de plein fouet par les problèmes de ces délégations. Assimiler les animaux à un acte aussi lâche et aussi dénué de sens serait leur porter préjudice.
A la suite de ces propos, une campagne de dénigrement a été orchestrée contre Haythem El Mekki. Principalement via Facebook, on a dit que le chroniqueur avait traité les habitants d'El Faouar d'animaux, qu'il les avait dénigrés, rabaissés et insultés. Inutile de préciser que les maitres d'œuvre de cette campagne sont principalement les héros virtuels du CPR et affiliés, avec à leur tête l'inégalable Yassine Ayari. Un flot d'insultes a été proféré contre Haythem El Mekki par ce triste personnage. Des mots qu'il serait indécent de reproduire ici. En plus, Yassine Ayari justifie les agressions subies par les journalistes parce que, selon lui, les médias ne sont pas neutres et penchent du côté du pouvoir en place. Ce à quoi Haythem El Mekki a répondu en démontrant le ridicule de justifier une attaque contre le correspondant de la TAP à Kébili tout simplement parce que Achourouk pencherait du côté du pouvoir !
Yassine Ayari va jusqu'à dire qu'il aurait souhaité être avec les manifestants d'El Faouar pour les aider à agresser les journalistes. Ensuite, il explique aux habitants du sud de la Tunisie que la supposée « insulte » proférée par Haythem El Mekki vise à les énerver à tel point qu'ils s'en prendront à l'Armée. Confrontée à cela, l'Armée aura le devoir de tirer et donc de faire des morts ce qui portera atteinte à son image. Tout cela a été orchestré dans une sombre « salle d'opérations » dont Haythem El Mekki ne serait que le valet. Il fallait quand même la trouver celle là…
Puisque le valet de Marzouki nous a habitués à parler d'intégrité et de droiture, il devrait se rappeler de certaines choses. Des choses comme le fait que Haythem El Mekki était parmi les premiers à demander sa libération et à défendre sa cause quand il avait été condamné par la justice militaire pour atteinte au moral de l'Armée. Bien sur, la cause dépasse de très loin l'accusé, heureusement d'ailleurs. Mais juste un peu de correction et de mémoire aurait permis, par exemple, à Yassine Ayari d'éviter d'utiliser des insultes aussi basses. Mais bon, il n'aurait sans ça plus grand-chose à dire.
C'est là la deuxième erreur de Haythem El Mekki. Il y a d'autres causes qui méritent d'être défendues et d'autres principes qui devraient être mis en avant. Yassine Ayari est populaire et possède assez de soutiens comme ça. Ils feront des grèves, des manifestations et des contestations. Les médias étaient utiles quand il était en prison pour sensibiliser sur sa situation, mais une fois sorti il encourage les gens à agresser leurs représentants. L'un des seuls à avoir pris fait et cause pour Yassine Ayari est Haythem El Mekki, et voilà ce qu'il récolte. On en arrive à un point où, en Tunisie, il faut choisir soigneusement les causes qu'on souhaite défendre…