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Interview de Khawla Ben Aïcha : Les Tunisiens résidant à l'étranger sont souvent perçus comme des devises ambulantes !
Publié dans Business News le 10 - 07 - 2015

Khawla Ben Aïcha, élue Nidaa Tounes de la circonscription France Nord, nous a reçus jeudi 9 juillet pour une interview au siège de l'Assemblée. Agée de 27 ans, Mme Ben Aïcha est la plus jeune députée à l'ARP.
Souriante et détendue, la benjamine de l'Assemblée a répondu aux questions de Business News sur sa nouvelle carrière de femme politique, sur les récents changements à Nidaa Tounes, ainsi que sur les travaux de l'ARP et les efforts du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme. Interview.
D'où vous est venue l'idée de faire de la politique ? Est-ce que votre vécu en politique correspond à ce à quoi vous vous attendiez ?
La première fois où j'ai voté c'était le fameux 23 octobre 2011. J'avais 23 ans et n'ai jamais fait de la politique auparavant. Sauf que je m'étais un peu intéressée à ces élections-là ainsi qu'aux programmes des partis politiques et à ce qu'ils proposaient. J'ai été déçue par les premières élections. J'en ai même déprimé à un certain moment.

Après, j'ai commencé à suivre les travaux de l'ANC et à m'intéresser petit à petit au milieu législatif et à l'action politique. Puis, en voyant que le pays est en dégringolade sur tous les plans et que beaucoup de jeunes comme moi étaient frustrés et déçus, j'ai décidé de m'investir, de ne plus être juste spectateur comme en 2011. J'ai donc cherché, dans le paysage politique, le parti qui pouvait correspondre le plus à mes attentes et à mes convictions. En l'été 2012, j'ai entendu parler de la création de Nidaa Tounes en Tunisie. J'ai attendu impatiemment la création de la cellule France Nord. Elle a vu le jour le 6 novembre 2012, je me suis donc aussitôt engagée au sein du parti où j'ai occupé le poste de chargée de communication et de relation presse.

Depuis, on a commencé à militer, à voir des gens et à présenter le projet du parti qui est aussi un projet que nous portions. Il faudrait savoir par exemple que le programme électoral que nous avons présenté était le fruit de trois ans de travail, de rencontres et de consultations avec des Tunisiens résidents en France. Nous en sommes très fiers parce qu'il émanait des Tunisiens qui vivaient là-bas.

Pour l'anecdote, je n'étais pas du tout sûre de me présenter aux élections. L'année dernière, il y avait eu un attentat au Kef. Ce jour là, j'étais en vol. J'étais très remontée par rapport à cette attaque-là, je suis montée dans l'avion et j'ai été partie voir tous les passagers. J'ai passé deux heures et demi de vol à inscrire les passagers pour qu'ils aillent voter aux prochaines élections. C'était au mois de Juillet. A la fin du mois d'Août, j'étais vraiment décidée à m'investir. J'ai pensé aussi aux jeunes citoyens qui n'ont plus confiance en la classe politique parce qu'il n'y a pas de politiques qui les représentent ou qui leur ressemblent. Pas de politiques qui ont le même âge que ces jeunes ou les mêmes centres d'intérêt. Je m'étais donc dit, il faut absolument qu'il y ait une nouvelle classe politique qui émerge pour redonner confiance et envie aux jeunes de s'investir en politique.

Se présenter aux élections c'était aussi un défi pour moi. Souvent, je dis que je pars avec un double handicap c'est que je suis une femme et jeune à la fois. Et dans le monde politique, les femmes n'existent pas beaucoup. Elles préfèrent généralement rester et militer au second rang. Donc, je m'étais dit pourquoi pas ne pas m'engager surtout que j'ai beaucoup à apporter.

Comment jugez-vous la prestation de Nidaa Tounes depuis son ascension au pouvoir?
Nidaa Tounes s'est crée dans des circonstances très particulières. Il a réussi à trouver sa place sur l'échiquier politique tunisien en deux ans et demi de temps. C'est vraiment un parti miraculé. Il a réussi à s'imposer, à imposer un équilibre sur la scène politique tunisienne et à remporter les élections. Il est passé du jour au lendemain d'un parti d'opposition à un parti au pouvoir. Un grand chamboulement s'est donc produit dans la vie du parti, dans la vie de ses structures et de ses dirigeants. Beaucoup de dirigeants à Nidaa ont obtenu des responsabilités dans l'Etat, dans des ministères et à la présidence. C'est vraiment la période où on se cherche et où on apprend à exercer le pouvoir et à s'organiser.

Les débuts étaient, certes, un peu difficiles. Nous avons pas mal trébuché, mais nous commençons à retrouver l'équilibre surtout que le parti, ses structures, ses dirigeants commencent à prendre place.
Par ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir que je fais partie de ceux qui n'ont pas accordé la confiance au gouvernement. Je m'étais abstenue de voter parce que j'avais des réserves sur sa composition. Une composition qui ne répond ni à mes promesses électorales vis-à-vis de mes électeurs ni aux promesses qu'a faites le parti. Maintenant que le parti a déjà fait son choix, on est dans l'obligation de respecter cette décision et soutenir le gouvernement.

Les militants sont déçus. C'est tout à fait compréhensible. Les réformes ont tardé à venir. D'où faut-il essayer de reprendre la main et aller de l'avant vers plus de prise de position et de fermeté.

L'arrivée de Mohsen Marzouk à la tête de Nidaa sera-t-elle salutaire pour le parti ou va-t-elle creuser la crise au sein de la formation ?
Je pense qu'elle est salutaire. Mohsen Marzouk a été proposé et élu en quelque sorte à l'unanimité des dirigeants du parti. Il a été fortement sollicité par le bureau politique. Il a du laisser ses responsabilités au sein de la présidence de la République pour revenir justement au parti. Son retour va permettre de rassembler les militants et les dirigeants. Ca permettra aussi de restructurer la maison et de jouer notre rôle de parti au pouvoir. C'est-à-dire prendre des décisions et faire pression sur le gouvernement pour imposer certaines réformes.

Est-ce que vous pensez que Mohsen Marzouk pourra fédérer les Nidaaistes comme a réussi à le faire auparavant BCE?
Béji Caid Essebsi c'est un profil vraiment à part. C'est un autre miracle. Toutefois, je pense que M. Marzouk est le seul aujourd'hui à être capable de fédérer et de rassembler tous les militants autour du projet de Nidaa Tounes.

On reproche à l'assemblée une certaine lenteur dans ses travaux (exemple : loi anti-terroriste ou CSM), que répondez vous à ça ?
C'est le lancement de la machine qui a pris du retard. Ce n'est pas faute de volonté des députés, mais c'est plutôt à cause de problèmes d'organisation. Nous avons un nombre limité de salles de réunion pour 18 commissions. Il est donc très difficile pour les commissions de se réunir toutes en même temps. Il y a eu aussi toute la période d'audition où il fallait vraiment auditionner tous les intervenants de la société civile et du gouvernement. Cela nous a pris énormément de temps.

Il faut dire également que nous les élus nous ne communiquons pas assez autour des travaux de l'ARP. C'est ce que je reprochais à l'équipe de la communication de l'Assemblée. On ne sait pas par exemple qu'aujourd'hui il y avait sept commissions qui travaillaient ou qu'hier soir il y avait une commission qui travaillait jusqu'à deux heures du matin, depuis maintenant trois soirs. Il faut aussi savoir que la commission de la législation travaille tous les soirs et que la commission des finances se penche elle aussi sur l'étude du projet de loi antiterroriste. Sans oublier la commission des droits et libertés qui joue là-dedans un rôle important et délicat.

Autre raison pour expliquer cette lenteur, c'est que nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de projets à traiter et qui datent de 2012, 2013 et de 2014. D'ailleurs l'Assemblée n'a pas encore joué son rôle de législateur. Nous sommes en train de travailler sur des projets de loi qui nous sont remis par le gouvernement.

Comment vous évaluez les efforts du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme ?
Je pense que le gouvernement a fait beaucoup d'effort en matière de lutte contre le terrorisme. Il y a eu, certes, quelques erreurs. Le citoyen moyen pointe une certaine négligence ou un certain laxisme. Je ne suis pas experte en sécurité pour dire qu'il y a eu cela ou pas. Et puis nous sommes face à un fléau mondial. Même les plus grandes démocraties du monde sont frappées. Je donne l'exemple de la France parce que j'y habite. L'attentat de Charlie Hebdo a eu lieu juste derrière chez moi. La France a un système de sécurité très développé, d'importants moyens et une grande expertise et pourtant il y a eu quand même ces failles-là. Je comprends donc que notre système sécuritaire ait des petites failles ou qu'il cherche encore ses marques.

Vous faites partie de la commission des Tunisiens à l'étranger, estimez-vous que les mesures gouvernementales destinées à cette frange de la société sont adéquates ?
Déjà, je suis très contente qu'on ait réussi à obtenir une commission qui s'occupe des affaires des Tunisiens résidents à l'Etranger. Je suis rapporteure de cette commission. Nous travaillons énormément. Nous avons fait beaucoup de visites de terrain et nous sommes en train de pousser pour que le Tunisien résident à l'étranger devienne un réflexe dans l'esprit du gouvernement et des politiciens. Ce qui n'est pas le cas actuellement. Les Tunisiens vivants à l'étranger, on s'en rappelle à la saison estivale. On les voyait assez souvent comme des devises ambulantes. Alors que ce sont des citoyens à part entière et une richesse pour le pays. Ils peuvent encourager le tourisme et l'investissement sauf qu'ils ont aussi besoin de se sentir citoyen de même rang que ceux de l'intérieur, de voir que la Tunisie s'intéresse à eux, qu'elle leur offre certains avantages.

D'ailleurs, lors d'un débat hier soir avec la ministre du Tourisme, nous avons soulevé ce sujet en faisant remarquer que les décisions prises comme les réductions faites sur les billets étaient venues en retard et qu'on les a demandé au sein de la commission depuis le mois de mars. Nous avons tiré la sonnette d'alarme, après l'attaque du Bardo, pour dire que la saison va être sauvée par les Tunisiens de l'intérieur, mais aussi par les Tunisiens résidents à l'étranger qui sont la deuxième source d'importation de devises. Certes ces mesures viennent assez tard, car beaucoup ont déjà réservé leurs billets, mais on les a quand même accueillies. Maintenant, il faudrait rectifier le tir pour les prochaines vacances et pour aussi les années à venir en montrant aux Tunisiens vivant à l'étranger qu'ils ne sont pas la cinquième roue du carrosse et qu'ils sont aussi l'armée de la Tunisie.

Une altercation verbale a éclaté, hier, entre Samia Abbou et un député de votre groupe. D'après vous, ce comportement est-il digne d'élus à l'ARP ?
J'ai eu la chance ou le malheur d'être sur les lieux de l'altercation. J'ai entendu les propos tenus par les deux et je pense que même si l'un des deux a dépassé certaines limites ou s'est permis d'être grossier ou outrageant, le second ne devait pas répondre par la même ou réagir de la sorte. On peut mettre ça aussi sur le dos du mois de Ramadan, du stress de l'Assemblée et des tensions en plénières. Mais, je pense que des élus du peuple se doivent de garder un certain niveau, de ne pas céder aux provocations et de garder la tête froide.

Selon vous qui a le plus tort ?
C'est certainement la personne qui a commencé. Mme Abbou s'est permise d'insulter le président de l'Assemblée ce qui a énervé l'un de mes camarades de Nidaa Tounes qui a réagi. J'ai assisté à la première partie de l'accrochage quand Samia Abbou a dit qu'elle allait rabaisser le président de l'ARP. C'est là que Sofiène Toubel lui a répondu : T'es qui toi pour dire ça ? Après, j'ai entendu Mme Abbou dire, en plénière, qu'il a menacé de la gifler. Je trouve que c'est dommage, Sofiène aurait pu lui répondre autrement ou ne pas répondre du tout. Elle peut dire ce qu'elle veut, après ce sera retourné contre elle. Je pense que ces éléments de langage ne donnent pas une bonne image des députés surtout que les médias ne vont pas couvrir les travaux des commissions ou de ce qui se dit en plénière autant que des incidents pareils qui font plus le buzz.

Le CPR propose de légiférer une loi d'audit des dettes tunisiennes comme c'était le cas en Grèce. Qu'est ce que vous en pensez ?
Nous sommes dans un cycle de réformes surtout en matière de finance, de partenariat public privé, du Code des investissements ou de réformes fiscales. Nous avons l'avantage aujourd'hui, à l'Assemblée, de vraiment être ouvert à tout le monde, que tout le monde viennent exprimer son avis. Oui, c'est important de faire des auditions, d'avoir aussi des chiffres, de savoir ce qui se passe parce que depuis 4 ou 5 ans on est dans le flou total. Chaque gouvernement qui arrive nous dit qu'il a trouvé les caisses vides. On a bien envie de savoir où sont partis les prêts, les emprunts et les dettes.

Comment voyez-vous votre avenir politique ?
Après six mois, je dirai qu'il me reste encore un long chemin. Ca peut passer vite comme ça peut passer très lentement. Cela va dépendre surtout des événements. Je sais que je me suis engagée pour une période de cinq ans. Je vais essayer de l'accomplir, de répondre surtout à mes promesses électorales et de ne pas dévier de mes principes. C'était la promesse que j'ai donnée à mes électeurs et à moi-même. Je vais essayer de mener à terme ma mission et puis de faire en fin de chemin une auto-évaluation, voir si j'ai réussi, déterminer en quoi j'ai failli et si j'ai vraiment envie de renouveler l'expérience ou de passer à autre chose et laisser la place à d'autres jeunes de s'investir comme j'en ai eu la chance.

Entretien conduit par Elyes ZAMMIT et Ikhlas LATIF


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