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Journées de l'Entreprise : Etat de droit, démocratie et développement économique : la sainte trinité !
Publié dans Business News le 06 - 12 - 2015

Il s'agit de l'un des événements économiques les plus attendus et les plus importants de l'année. La 30ème édition des Journées de l'entreprise organisée par l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) n'a pas dérogé à la règle. Des intervenants de marque et des invités de qualité se sont succédé pour débattre du thème de cette année : « L'entreprise 2.0 et la deuxième république, vision et dialogue ».

C'est le président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui a officié à l'ouverture des journées de l'entreprise 2015. Son discours était certainement le plus attendu, même si certains participants n'ont pas apprécié la fermeture des accès à la salle après l'entrée du président. Le chef de l'Etat a utilisé son allocution pour évoquer des sujets sans rapport avec le thème du jour. Ainsi, il a justifié son intervention dans la crise de Nidaa Tounes par une inquiétude américaine qui lui a été communiquée.

S'adressant au parterre de chefs d'entreprises de l'auditoire, BCE a déclaré qu'il leur laissait les problématiques de l'entreprise qu'ils connaissent mieux que lui, et qu'il allait parler de la deuxième République. Le chef de l'Etat a rappelé le cheminement de l'Etat tunisien pour définir la deuxième République. Il a déclaré qu'il y avait un régime qui est tombé et que six gouvernements provisoires lui ont succédé. Par la suite, la mise en place d'une constitution et l'organisation d'élections transparentes et libres ont permis de passer à la deuxième République.

Béji Caïd Essebsi a ensuite évoqué les défis auxquels la Tunisie doit faire face. Selon lui, le premier de ces défis est d'implanter la démocratie dans le vécu des citoyens. Cette opération, qui n'est pas simple, nécessite du temps et la participation de toutes les franges de la société tunisienne, a-t-il souligné.
Le deuxième défi est celui de la lutte contre le terrorisme. Selon lui, le terrorisme a une dimension intérieure « sans vouloir demander des comptes à ceux qui ont gouverné le pays après la révolution ». Il a ajouté que le gouvernement actuel est en train de combattre ce terrorisme avec un certain succès même si ce fléau continue de sévir. Il existe aussi une dimension internationale au terrorisme, étant donné qu'aucun pays n'est à l'abri. BCE a cependant noté que la Tunisie se trouve dans une situation particulière du fait de son voisinage avec la Libye qui n'a plus d'Etat. Il a ajouté que la situation dans ce pays nécessitait une solution rapide. « Nos priorités sont différentes de celles des grands pays qui considèrent que la situation en Syrie est plus préoccupante » a-t-il déclaré.
Le président de la République a ensuite mis l'accent sur la concomitance entre Etat de droit et démocratie. Ainsi, il a souligné qu'il n'y avait pas de démocratie sans Etat de droit en rappelant qu'il était inconcevable qu'une personne dise qu'elle ne reconnait pas la loi. « Je sais que nous avons encore des lacunes, mais l'Etat de droit sera imposé pour que la démocratie puisse avancer » a-t-il dit.
Le troisième défi, et le plus important pour les chefs d'entreprises, est le défi économique. Ainsi, le président de la République a déclaré qu'il avait trouvé une situation économique en déclin à son arrivée au pouvoir avec des indicateurs dans le rouge. Il a ajouté que ce déclin a continué en rappelant que la Tunisie avait réalisé une croissance nulle au dernier trimestre 2015. Il a énuméré les problèmes d'ordre économique de la Tunisie en évoquant le chômage et la pauvreté notamment. « Cinq ans après la révolution, nous n'avons pas pu employer ces gens, c'est une honte pour la Tunisie » a-t-il martelé. BCE a présenté la sécurité et la stabilité comme un préliminaire à tout développement économique. « Il faut attirer l'investissement extérieur et intérieur. L'investissement extérieur ne viendra pas s'il ne trouve pas le climat adéquat ».
Evoquant les barrières à l'investissement, Béji Caïd Essebsi a fait écho des réponses qu'il avait de certains investisseurs étrangers. Ainsi, il a déclaré que l'administration tunisienne n'encourage pas à l'investissement. « En questionnant certains ministres, ils m'ont répondu qu'ils [le personnel de l'administration] ne veulent plus travailler ». Selon BCE, le personnel administratif aurait peur des poursuites judiciaires ainsi que les investisseurs tunisiens. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'initiative législative de la présidence concernant le projet de loi de réconciliation économique. « Cette initiative vise justement à créer un climat propice aux investissements » a-t-il ajouté.

Le président a ensuite ajouté qu'on avait la responsabilité d'entreprendre des réformes de fond. Il a ensuite fait étalage devant l'assistance en précisant que le gouvernement met en place des projets de loi qu'il adresse ensuite à l'ARP. Il a ainsi évoqué la loi du PPP (partenariat public-privé), la réforme fiscale dont certaines dispositions ont déjà été mises en place dans la loi de finances 2016, la modernisation de la douane, la restructuration des banques publiques, le code de l'investissement, la réforme du système de subvention, la loi sur la concurrence et les prix et la loi de la Banque centrale. BCE a ensuite consacré la fin de son allocution pour expliquer son intervention dans la crise de Nidaa Tounes.


Dans ce même panel, il y avait les anciens présidents turc, Abdallah Gül, allemand, Christian Wulff et chilien, Sebastian Pinera. Etaient également présents l'ancien premier ministre français, Jean Pierre Raffarin et la président de l'UTICA, Wided Bouchamoui.
L'ancien président chilien, Sebastian Pinera, a déclaré qu'il y avait une opposition entre deux modèles. Celui salutaire et démocratique de la Tunisie et celui sanguinaire et totalitaire de Daech. Il a ajouté que plusieurs opportunités s'offrent à la Tunisie en citant le rapport de la Banque Mondiale : « La révolution inachevée » qui recommande d'entreprendre un certain nombre de réformes en Tunisie. Ces réformes concernent plusieurs domaines dont la régulation de la concurrence et du marché, la réforme des codes et de la fiscalité, la diminution de la pression fiscale et l'amélioration de la protection sociale des travailleurs.
M. Pinera a également affirmé que la Tunisie bénéficie de plusieurs opportunités. La première est liée à son emplacement géographique. Ensuite, le niveau d'éducation de la main d'œuvre tunisien, le tout couplé avec le souffle nouveau et la sympathie internationale que la révolution tunisienne a provoqué. L'ancien président a remarqué que les seuls pays qui sont arrivés à se développer depuis les années 90 se trouvent en Asie et en Asie du Sud-Est déplorant qu'aucun pays d'Afrique ou d'Amérique n'ait réussi cette performance.
Par la suite, Sebastian Pinera a relaté l'expérience transitionnelle du Chili qui a longtemps été gouverné par un régime militaire dictatorial. Ainsi, il a déclaré qu'il existait trois points cardinaux dans cette transition : l'attachement à l'Etat de droit et à la démocratie, l'attachement à la mise en place d'une vraie économie de marché et la création d'une société responsable et inclusive dont le premier objectif est le combat contre la pauvreté.

Pour sa part, l'ancien président allemand, Christian Wulff, a commencé son allocution par des félicitations à l'adresse de la Tunisie et des membres du dialogue national pour l'obtention du prix Nobel de la paix 2015. Il a ensuite énuméré les champs de la coopération tuniso-allemande qu'il qualifie de positive dans les secteurs de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme sans oublier la coopération économique. C'est dans ce cadre que l'ancien président allemand a déclaré qu'il était accompagné par une délégation d'une cinquantaine de personnes à la recherche d'opportunités d'investissement en Tunisie, notamment dans le secteur de l'énergie.
M. Wulff a ensuite déclaré qu'il avait assisté à un congrès en Tunisie affirmant qu'il faut arriver aux actes et les mettre en pratique, qu'il fallait décider et résoudre les problèmes qui se posent à la Tunisie pour ramener la stabilité au pays. Selon lui, cet aspect est des plus importants car la démocratie dépend de la situation socio-économique du pays et qu'une participation collective au développement ne peut se faire que par la démocratie. Il a ensuite conseillé à la Tunisie de profiter de ce début de démocratie et de ce début de développement économique pour passer à l'action.
Par la suite, l'ancien président allemand a énuméré les points dans lesquels la Tunisie pouvait s'inspirer de l'Allemagne : Le développement décentralisé qui consiste à confier la responsabilité du développement aux régions (exemple des Land allemands), la promotion des petites entreprises et des entreprises familiales qui sont la force réelle de l'économie allemande, privilégier le consensus et le dialogue principalement entre employeurs et employés, l'importance de l'éducation et de l'égalité des chances, la séparation entre l'Etat et la religion... Il a ensuite préconisé le renforcement de la relation de la Tunisie avec l'Europe dans l'objectif de devenir la « suisse de l'Afrique ». Il a donné pour exemple le fait que plusieurs investisseurs allemands manquent d'informations sur la Tunisie.
M. Wulff a conclu son intervention en disant que la Tunisie a beaucoup plus à offrir que le terrorisme et les attentats. Pour lui, la Tunisie reste un exemple pour plusieurs pays ajoutant qu'il inciterait à venir en Tunisie et à y investir.

Vient ensuite le tour de l'ancien Premier ministre français, Jean Pierre Raffarin, auteur de la meilleure intervention, à entendre les présents. Pour lui, la mondialisation a fait que tous les pays du monde sont confrontés aux mêmes problématiques. Et pour faire face à ces problématiques, il faut réformer. Ainsi, on se trouve devant une dualité entre réformistes et conservateurs, entre ceux qui veulent changer les choses et ceux qui privilégient l'immobilisme et le renfermement.
Il dresse ensuite une grille de lecture sous la forme d'une boussole composée de quatre points cardinaux. Ainsi, le nord est représenté par la ligne et la perspective politique choisie par les gouvernants. Une ligne choisie et assumée qui assure une certaine cohérence.
Le sud serait « ce que dit la société civile ». Il a ainsi évoqué la société civile tunisienne qui est active et écoutée. Il a ajouté que la Tunisie avait un avantage par rapport à la France en ce que le message entrepreneurial était porté par l'UTICA, contrairement à la France où ce message est dispersé entre plusieurs organisations.
L'est est représenté par la conjoncture économique actuelle, par la réalité économique dénudée. « Il faut pouvoir tenir compte du poids des réalités ».
L'ouest est celui de la pensée mondiale. L'ancien Premier ministre préconise une réflexion sur ce consensus mondial autour des principales problématiques et se demande si l'on a bien raison de se placer en défaut par rapport à ce consensus. Par la suite, Jean Pierre Raffarin affirme que la pensée économique est une pensée de synthèse qui doit prendre en considération une somme de variables et de données différentes.

C'est la présidente de l'UTICA, Wided Bouchamaoui, qui a pris la parole en dernier. Elle a axé son intervention sur le contexte tunisien en évoquant principalement les négociations entre le patronat et l'UGTT à propos des hausses des salaires. Elle a ainsi martelé : « nous ne pouvons pas donner plus que ce que nous pouvons », faisant référence aux revendications des travailleurs. Elle a ensuite réaffirmé tout l'intérêt que portent les chefs d'entreprises aux travailleurs en ajoutant que ces derniers sont attentifs aux besoins et aux demandes des employés.
Wided Bouchamaoui a également parlé de la diabolisation dont les chefs d'entreprises ont été victimes depuis la révolution. La présidente de l'UTICA a aussi mis en exergue l'importance du dialogue et de la concertation dans la résolution des problèmes de la Tunisie.

Marouen Achouri


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