Aziz Krichen, ancien conseiller politique à la présidence de la République, du temps de Moncef Marzouki, a répondu, ce mardi 12 avril 2016, aux accusations lancées à son encontre par Adnène Mansar, suite à la parution de son livre « La promesse du printemps ». L'ex directeur de la campagne de Marzouki s'était, en effet, attaqué à Aziz Krichen, lors de son passage sur la chaîne Attessia, l'accusant de manquer de courage politique. M. Mansar a fait part de son étonnement, en lisant le livre, du fait que Aziz Krichen était contre la rupture des relations avec la Syrie. « La rupture des relations diplomatiques avec la Syrie, s'est passé en février 2012, alors que Aziz Krichen n'a démissionné qu'en mai 2014. Le Livre noir est paru au cours de l'automne 2013. Des dizaines de faits qu'il relate se sont déroulés bien avant sa démission !».
Adnène Mansar avait ajouté que pendant deux ans, M. Krichen était le premier conseiller politique du président de la République et qu'il ne pouvait pas, de ce fait, dire qu'il n'était pas au courant. Et de renchérir : « Aziz Krichen s'est targué d'avoir essayé de faire échouer le putsch, lors d'une réunion du CPR. Il a également déclaré qu'il était en voyage lors de la parution du Livre noir, un ouvrage qui n'a pas pu être rédigé en 3 jours ! ». Adnène Mansar a par ailleurs révélé qu'il avait présenté en personne une copie du livre à M. Krichen et que ce dernier l'a apprécié. « Qu'il assume ses responsabilités ! », a-t-il conclu.
Répondant aux propos de Mansar, au cours de son passage à Midi Show, Aziz Krichen a relevé que sa démission est venue en « retard », tenant compte du contexte politique lorsque la Troïka était au pouvoir. Il a rappelé que le mouvement Ennahdha, lors du gouvernement Jebali, tentait d'imposer sa domination sur tous les secteurs et que sa mission était de mener la transition démocratique à bon port. « Cela était ma responsabilité, celle de lutter de l'intérieur contre la domination du mouvement islamiste» a-t-il déclaré.
Aziz Krichen explique qu'à l'avènement du gouvernement Laârayedh, il y a eu un changement « politique » au sein de la présidence et que la question de sa démission a été évoquée dès juin 2013. M. Krichen explique que pendant cette période, fin 2013, il y a eu le renversement du pouvoir en Egypte et une situation de grande tension prévalait en Tunisie, « ma responsabilité n'était pas de tout lâcher et d'aller me cacher ».
« En août 2013, la situation commençait à s'apaiser et les dirigeants politiques, principalement Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, ont compris que la solution pacifique existait, et ma mission était d'aider ce cheminement » a déclaré Aziz Krichen. Il a ajouté que les Tunisiens se souviennent de « la personne que vous citez » (NDLR : Adnène Mansar) et de ses tentatives d'attiser le feu. « A partir de là, mon chemin avec Moncef Marzouki arrivait à une impasse » a ajouté M. Krichen. En janvier 2014, il y a eu le gouvernement de Mehdi Jomâa, et « c'est à partir de là que j'ai estimé que ma mission était finie » a déclaré Aziz Krichen. « Celui qui pense que quand il y a un problème, il faut prendre ses affaires et partir, n'a rien compris à la politique » ajouta-t-il.
Pour ce qui est du fait que Adnène Mansar ait déclaré que Aziz Krichen a discouru pendant 40 minutes pour dire qu'il avait participé à sauver le pays d'un putsch, M. Krichen répond simplement : « Il ment ». Il ajouté : « Dans notre pays, les gens connaissent les gens et les hommes connaissent les hommes ». Il a aussi déclaré : « J'ai présenté un livre avec des données, des références et des analyses. Je pense qu'il est difficile pour lui (NDLR : Adnène Mansar) et pour ses semblables de répondre au même niveau […] donc, qu'il parle et qu'il dise ce qu'il veut. Et s'il a quelque chosequi prouve ce qu'il dit, qu'il la sorte ».