Au moment où tout le monde se met à fouiner et à creuser dans des événements, parfois, vieux de plus de cinquante ans, notamment avec l'Instance Vérité et Dignité dans le cadre de la justice traditionnelle, de nombreuses autres affaires datant de l'après Révolution, plus précisément sous l'ère de ka troïka se trouvent en veilleuse, voire en hibernation. Parmi les affaires « désactivées », on passera en revue les principales. En effet, bien qu'ayant défrayé la chronique en leur temps, ces dossiers semblent être, pour certains, carrément enterrés.
On commencera par le Sheraton Gate, connu également sous l'appellation de l'affaire du milliard chinois pour désigner la somme d'un million de dollars offerte par la Chine au ministère des Affaires étrangères du temps où ce portefeuille était détenu par Rafik Abdessalem.
D'ailleurs, le changement de nom du ministre (Bouchleka) avait été relevé par Olfa Riahi, la plaignante, et ses avocats, mais en vain, alors que sur le fond, le procès continue à patauger entre le Tribunal de première instance de Tunis et le Pôle judiciaire financier. A noter que le milliard en question n'a pas été mentionné par Rafik Abdessalem n'eût été la révélation faite par Olfa Riahi, documentas à l'appui sachant que le compte où a été déposé le montant a, aussi, servi à payer Mokdad Mejri, simple journaliste à la chaîne de télévision Zitouna pour une mission indéterminée jusqu'à nos jours.
L'assassinat du martyr Chokri Belaïd reste, plus de trois ans après, non élucidé. Pis encore, le dossier vient d'être clos par le « célèbre » juge d'instruction du Bureau 13 au Tribunal de première instance de Tunis malgré l'opposition du comité de défense du martyr et les injonctions de la Cour de la Cassation.
D'ailleurs, un fait dont personne ne parle plus est celui des révélations faites par l'homme d'affaires Fethi Dammak qui avait accusé, déjà en 2012 auprès du juge d'instruction du Bureau 13, nommément Kamel Aifi, dirigeant d'Ennahdha en France, et membre de son comité fondateur, également membre du conseil de la Choura et ami proche de Habib Ellouze et des membres des défuntes Ligues dites de protection de la révolution comme étant les commanditaires et responsables de l'assassinat du martyr Chokri Belaïd. Une révélation qualifiée, à l'époque, comme étant une véritable bombe, mais restée sans suite, sans qu'on connaisse le sort de Fethi Dammak.
Idem pour l'affaire de l'assassinat de Mohamed Brahmi instruite, également, par le même juge d'instruction controversé, mais qui semble indétrônable et seul maître à bord pour décider du sort des dossiers sur lesquels planent de nombreuses zones d'ombre.
En effet, qui est responsable des subterfuges ayant entouré les documents adressés par les services de renseignements américains mais que des mains occultes au sein du ministère de l'Intérieur, sous l'ère de Lotfi Ben Jeddou, avaient réussi à détourner ? Pourtant, le même Lotfi Ben Jeddou avait dit en substance : « toute personne responsable, y compris le ministre de l'Intérieur, de ces défaillances aura des comptes à rendre ».
Autre affaire dont on ne parle pas et qui est en rapport avec ces deux assassinats, le dossier de cette boîte noire qu'est Abdelkrim Laâbidi, détenu depuis près de trois ans sans que rien ne filtre sur l'instruction et sur son implication exacte dans ces deux crimes, sachant que là aussi, les liens de l'accusé avec le mouvement d'Ennahdha sont prouvés.
Pourtant, les gouvernants ont promis et continuent à promettre de dévoiler toute la vérité sur les deux assassinats, mais rien n'a été obtenu jusqu'à nos jours. Au contraire, les choses ne font que reculer, puisque la tendance se dirige vers le classement de ces dossiers.
La liste des affaires qui fâchent est longue. Il y a, bien entendu, l'assassinat de Lotfi Nagdh, mais là aussi, et outre le fait qu'on a mis plus de trente mois pour passer l'affaire devant le tribunal ; on constate l'interférence pernicieuse du mouvement d'Ennahdha qui tente d'influer sur le cours des événements avec, notamment, la présence de la députée Ferida Laâbidi en tant qu'avocate des accusés du meurtre de M. Nagdh et qui multiplie les déclarations mêlant les volets judiciaires et politiques du dossier dans une tentative de peser sur les décisions des juges.
On n'oubliera pas, bien évidemment, les incidents majeurs du 9 avril 2012 à l'Avenue Bourguiba où les manifestants avaient été tabassés par éléments de milices connus pour leur appartenance ou leur proximité d'Ennahdha, et ce du temps où Ali Laârayedh se trouvait au poste de ministre de l'Intérieur. Ce ministre avait promis et décidé la formation d'une commission d'enquête avant de faire déférer l'affaire devant les tribunaux. Or, jusqu'à ce jour, on attend la composition de cette commission. Et avant de quitter le pouvoir, M. Laârayedh a eu l'audace de dire aux Tunisiens, qu'il ne faut plus évoquer lesdits incidents, s'agissant, désormais du passé !
Le drame de Siliana et les tirs à la chevrotine avaient fait des centaines de blessés, en fin d'année 2012, notamment des personnes touchées à l'œil d'une manière irrémédiable. Là aussi, une commission d'enquête avait été promise pour délimiter les responsabilités de cette tragédie humaine, mais là aussi, on attend encore, sachant que là aussi, c'est Ali Laârayedh qui était titulaire du poste de ministre de l'Intérieur.
Une autre commission d'enquête avait été promise après les incidents à la place Mohamed Ali. Cette commission a pu travailler et est parvenue à des conclusions confondant, nommément, preuves à l'appui, des membres proches d'Ennahdha et des éléments des ex-Ligues dites de protection de l'environnement. Or le poisson avait été noyé et personne n'a plus entendu parler des suites données aux résultats de l'enquête.
Quant à l'affaire de la fuite d'Abou Iyadh de la Mosquée Al Fatah, elle a été camouflée sachant que là aussi, c'est Ali Laârayedh qui était ministre de l'Intérieur. L'enterrement de toutes les affaires qui fâchent, l'a été du temps où M. Laârayedh détenait le portefeuille de l'Intérieur ou, encore mieux, celui de chef du gouvernement.