La semaine dernière a été marquée par l'assassinat de Mohamed Zouari. Un ingénieur tunisien qui serait un membre actif de la branche armée du Hamas, visé par des parties étrangères. Une éventuelle implication israélienne ne serait pas à exclure. Rien que cette dernière donnée a déclenché l'ire des farouches défenseurs de la cause palestinienne. Ajouter à cela, l'entrée d'un journaliste appartenant à une chaîne de télévision israélienne venu couvrir cet assassinat pour permettre à la psychose collective d'atteindre son paroxysme. « La Tunisie est aujourd'hui visée par les services de renseignement israéliens. Le sang des Tunisiens est aujourd'hui légitimé pour les Israéliens » répète-t-on à l'unisson en mettant en garde contre ce « danger sioniste » qui nous guette. Pointés du doigt, pêle-mêle, le gouvernement, l'Etat, les autorités et tous ceux qui auraient permis qu'une telle horreur soit rendue possible sur notre sol. Les déclarations, publications et communiqués d'indignation se multiplient. Tous demandent des comptes aux officiels. Comment tout cela a-t-il pu être rendu possible ?
La réponse est pourtant toute simple. Une « main innocente » a servi la victime à ses bourreaux sur un plateau. Et cette « main innocente » est bien tunisienne. En réalité, la logistique de l'assassinat de Mohamed Zouari a été déléguée à des Tunisiens. Des Tunisiens qui, visiblement sans le savoir, ont permis de rendre l'assassinat de l'ingénieur à Sfax, aussi facile qu'un jeu d'enfants. Des Tunisiens qui ont aussi permis au journaliste israélien de ne pas être inquiété et de réaliser son reportage dans une facilité déconcertante. Les faits sont têtus et ce meurtre a été planifié depuis des mois. Juin 2016 pour être plus précis. Les deux voitures qui ont servi à perpétuer l'assassinat de Mohamed Zouari et à transporter tueurs, armes et matériel, ont été louées par deux Tunisiens. Plus encore, les deux voitures ont été louées par des Tunisiens au profit d'une autre citoyenne tunisienne. Cette citoyenne tunisienne, qui pensait travailler dans une chaîne malaisienne et qui était en contact avec des étrangers qu'elle ne connait pas et qu'elle n'a jamais rencontrés, a accepté d'être un membre actif de cette opération, sans le savoir. Elle accepte de louer deux voitures, de les confier à des inconnus et de partir à l'étranger, tout en les abandonnant dans un endroit bien précis, les clés cachées là où on lui a demandé. Le tout, dans des circonstances floues, et pour un montant dérisoire. 100 euros par jour et 2000 euros de récompense, pour sa mission initiale. Le tout, sans poser de questions ou sans s'inquiéter des dessous d'une telle requête.
Idem du côté du journaliste israélien. Son entrée sur le territoire a été, pour certains, plus choquante que l'assassinat en lui-même. Un Israélien, entre sur le territoire tunisien, comme dans du beurre, accomplit son reportage en une journée et rentre chez lui, le lendemain sans le moindre souci. Personne n'a semblé tiquer lorsque les forces de l'ordre tunisiennes ont arrêté cinq Tunisiens (encore) qui ont offert à ce journaliste des facilités lui permettant de réaliser son reportage en un temps record et en collectant un maximum d'informations, tout en étant présent sur les lieux du crime. Là encore, des Tunisiens sont impliqués.
Il est facile de dire que la Tunisie est infiltrée par des espions, des agents des services secrets et des sionistes qui guettent nos moindres faits et gestes. Il est facile de craindre une invasion sioniste en Tunisie. Mais plus grave encore que ce « danger à nos portes », ces Tunisiens qui, pour une poignée de dinars, sont prêts à se vendre pour rendre cela possible et même facile. Ceux qui ne se posent pas de questions, ou qui se foutent royalement de ce qui se cache derrière les « petits services » qu'ils rendent et les facilitations qu'ils offrent, à de parfaits inconnus, à des étrangers.
Ceci n'est pas un fait isolé qui a, par un hasard malheureux, conduit à l'assassinat de Mohamed Zouari. Ceci est une pratique bien courante et qu'on observe dans bien d'autres cas. C'est valable pour faciliter l'entrée des armes et le passage des terroristes à travers nos frontières, pour livrer de jeunes filles au travail domestique et à l'exploitation sexuelle mais aussi pour faire du pays une proie facile à l'infiltration étrangère et aux règlements de compte…