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La discontinuité de l'Etat, cette faucheuse à gouvernements !
Publié dans Business News le 03 - 03 - 2017

Le principe de continuité de l'Etat, voici un concept qui donne bien du fil à retordre à la Tunisie post-révolution. Par continuité de l'Etat on désigne l'engagement d'un gouvernement à honorer ceux du gouvernement sortant. La passation entre l'équipe gouvernementale partante et les nouveaux arrivants, constitue un rendez-vous d'une extrême importance.


Si l'on recense le nombre de gouvernements qui se sont relayés depuis le 14 janvier 2011, sept en tout, nous sommes tentés de déduire que les décisions, les réformes amorcées et les projets esquissés par les responsables qui se sont relayés au pouvoir, ont été accomplis. Que si certains ont été abandonnés, d'autres, plus « consensuels » ont rapidement abouti.

Le bilan de la situation, nous pousse néanmoins à nuancer le propos. Les dossiers traînent et les réformes mettent des années à voir le jour, si elles ne sont pas jetées dans les oubliettes. On pourrait expliquer cette lenteur par le mécanisme de l'alternance au pouvoir. Or, en Tunisie nous ne pouvons réellement parler d'alternance dans la mesure où il n'y a pas eu de rupture entre les gouvernements qui se sont succédé. Mieux encore, nous avons eu un gouvernement consensuel, puis, plus récemment un gouvernement d'union nationale, issu de l'accord de Carthage. Logiquement cela devrait induire une continuité dans la politique et la vision de l'Etat.
Alors, où se situe le blocage à l'origine de cette lenteur ? Dans la passation entre les équipes du gouvernement, diront certains analystes et dans l'attitude des nouveaux arrivants au pouvoir vis-à-vis du travail accompli par leurs prédécesseurs expliquent-t-ils.

Ce « problème » est largement illustré par l'exemple du code d'investissement. Entamé en 2009, l'instabilité politique et les gouvernements, qui se sont succédé, ont ralenti le processus, de telle sorte que le code n'a finalement été adopté par l'ARP que le 17 septembre 2016 pour une entrée en vigueur à partir du 1er janvier 2017.C'est que durant toutes ces années, le projet a connu plusieurs versions, chacune portant la vision du ministre de l'Investissement de l'époque. De Abderrazak Zouari à Fadhel Abdelkefi en passant par Jameleddine Gharbi,Riadh Bettayeb et Lamine Doghri et enfin, Yassine Brahim.
Il aura fallu que les délais soient fixés par les institutions financières internationales, qu'arrive la conférence sur l'Investissement « Tunisia 2020 » pour que soient mises les bouchées doubles et que le code soit adopté, in extremis. Heureusement, diront certains, autrement il aurait été remis sur le métier par Fadhel Abdelkafi, fraîchement nommé. La stratégie à adopter pour relancer l'investissement et remédier aux points faibles de l'attractivité tunisienne en la matière n'est pourtant un secret pour personne.

Le gros problème réside dans ce comportement qu'ont les ministres successifs à s'ériger en messie venue expier « les pêchés » commis par leurs prédécesseurs. Là encore, la passation est bâclée, les échanges sur les dossiers achevés, ceux en cours et ceux en préparation sont expédiés en un tour de main, au mieux au fonds d'un tiroir et au pire à la poubelle.
Tout ce qui importe au nouvel arrivant est de se démarquer de son prédécesseur. L'exemple du ministère de la Santé est symptomatique pour illustrer un tel phénomène. Saïd Aïdi a été éjecté en moins de deux lorsqu'il a engagé un bras de fer avec les lobbies gravitant autour du secteur de la santé. Arrive alors Samira Meraï qui caressera ces mêmes lobbies dans le sens du poil. La passation entre les deux ministres, rapporte Aïdi, se fait dans un couloir et ne dure que quelques minutes. Plus tard sur les plateaux télé, Samira Meraï l'accusera publiquement de s'être retourné les pouces pendant son mandat.
Aucune stratégie n'a été élaborée dira-t-elle, nous avons trouvé un ministère avec des directions vides et d'énormes manquements, déclare la ministre à la télévision. Propos qui pousseront Saïd Aïdi à sortir de sa réserve et à traiter l'actuelle ministre de « menteuse ». Il rappellera en outre que « les personnes qui ont été limogées, lorsque j'étais à la tête du ministère, en raison de lourds soupçons qui pesaient sur elles, ont été appelés à réintégrer leurs postes par Mme Meraï ». Evidemment, il n'y a pas lieu ici de parler de continuité, pire encore il s'agit d'une rupture consommée. Ici, on est très loin du concept de destruction-créatrice cher à Joseph Schumpeter. A tout le moins, on serait en présence d'un de ses avatars.

Si la passation a posé problème dans le cas du ministère de la Santé, cela n'a pas été le cas du ministère de l'Enseignement supérieur où elle a été accomplie dans les règles de l'art, entre Chiheb Bouden, le sortant et Slim Khalbous le nouveau venu.
Ce n'est pas donc un problème de passation que décrient les anciens membres de l'équipe du ministère de l'Enseignement supérieur, mais l'attitude qui prête à équivoque du nouveau ministre envers le travail de ses prédécesseurs.
Slim Khalbous, qui a d'ailleurs été interrogé sur la question par Myriam Belkadhi, a souligné que le travail entrepris par son ministère repose sur les stratégies, plans et rapports, fruit d'un travail colossal, entrepris depuis 2012. Il n'en demeure pas moins, qu'à son arrivée au ministère, M. Khalbous a commencé par limoger quatre directeurs généraux, ceux là même, qui ne font pas partie du cabinet du ministre et qui devaient assurer la continuité administrative au sein du ministère. Résultat des courses, des projets ont pris du retard, à l'instar de la représentation universitaire tunisienne en Allemagne.
Adel Ben Amor, l'ancien chef de cabinet de l'ex ministre de l'Enseignement supérieur, Chiheb Bouden, a tenu à apporter quelques éclaircissements concernant l'annonce le 14 février de la création de cette représentation.
Il explique, documents à l'appui, que suite à une requête de notre ambassadeur en Allemagne relative à la mise en place d'une mission universitaire à Bonn, et à la rencontre du ministre Chiheb Bouden, lors de sa visite en Allemagne en Mars 2016, avec un groupe d'étudiants tunisiens en Allemagne, la décision de créer cette mission à Bonn a été arrêtée et approuvée par le chef du gouvernement Habib Essid (par écrit). Démarche qui vise à mieux encadrer les étudiants tunisiens en Allemagne dont le nombre prévisionnel pour 2020 s'élèverait à 10.000, mais également pour se rapprocher des pays scandinaves dont le système est réputé être parmi les meilleurs au monde.
« Ce projet a été inscrit dans le plan quinquennal et le budget 2016 du ministère. Un arrêté ministériel a été signé le 2 Août 2016 instituant sa mise en place et désignant le Professeur Radhouane Boukhris (germanophone) Directeur de la mission et Mr Moez Gobtni (Directeur Général de l'inspection au ministère) régisseur de la mission. Parallèlement, un courrier a été adressé le 11 Août à notre ambassadeur sous couvert du ministre des affaires étrangères pour leur faciliter cette implémentation. Les concernés ont finalisé les formalités administratives nécessaires (visas, passeports diplomatiques, réservations, locations, …) et s'apprêtaient à prendre leurs fonctions lorsque l'actuel ministre, fraîchement nommé, décida d'arrêter la procédure, sans aucune raison » a-t-il poursuivi.
Le retard, pourtant dénoncé par Slim Khalbous lui-même et expliqué par une totale reconfiguration du projet.

Les gouvernements se suivent et ne se ressemblent pas. Le dernier et énième remaniement ministériel, entrepris par Youssef Chahed, confirme la tendance. Après avoir limogé Abid Briki, ministre de la Fonction publique, et nommé Khalil Ghariani au poste, le renoncement de ce dernier, dû aux tensions provoquées par l'UGTT, poussent le chef du gouvernement à supprimer le ministère. Les structures et les institutions qui relèvent du département seront dorénavant rattachées à la présidence du gouvernement.

L'issue de cette affaire est une conséquence claire de la « discontinuité » de l'Etat. Cette fêlure du gouvernement ouvre la brèche aux forces politiques « parallèles » représentées notamment par les syndicats qui se renforcent de plus en plus, au détriment de gouvernements minés par des tensions internes. La désunion, la « désolidarisation » et les ruptures successives, finiront par mettre à genoux ce gouvernement, comme ce fut le cas des précédents et comme il en sera des suivants, si le même état d'esprit perdure.


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