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Tunisie - Le ministère de la Culture veut tuer le Mozart qui est en vous !
Publié dans Business News le 31 - 01 - 2018

La scène artistique tunisienne ne brille pas par sa richesse. Longtemps opprimés par un régime despotique, les artistes n'ont pas « profité » de l'aubaine de la révolution pour inverser la vapeur. Loin de nous l'idée de mettre en doute le talent de tous les artistes, le peu qui en possèdent croulent sous les contraintes en tous genres. Pour ne rien arranger à l'affaire, un projet de loi censé booster le secteur, vient restreindre encore plus la liberté de créer et accabler ceux à même de souffler un air nouveau sur un pays qui en a tant besoin…

Aujourd'hui ses œuvres sont reprises dans tous les théâtres d'opéras et toutes les salles de concert du monde. Son prodigieux talent en a fait depuis sa plus tendre enfance la coqueluche des cours européennes et la musique de Wolfgang Amadeus Mozart a traversé les siècles sans prendre une ride. Ce qu'on ignore cependant de l'histoire de cet impressionnant artiste c'est qu'il fût un des premiers, sinon le premier artiste de son époque à braver la hiérarchie pour acquérir sa liberté. Mozart a souvent été qualifié de premier artiste freelance, celui qui aura rompu avec la servitude qui caractérisait alors le travail artistique. Libéré de ses mécènes qu'il avait du mal à savoir courtiser et délivré de leur autorité, le musicien aux 626 œuvres s'était alors lancé dans une carrière de compositeur « indépendant ».
Cela ne l'empêchera pas de continuer à composer et à se produire notamment sur les scènes viennoises, mais lui fermera à jamais les portes des postes « professionnels » qu'il s'attèlera tout de même à convoiter, notamment celui de Konzertmeister impérial.

Ce retour dans le XVIIIe siècle, nous avons jugé utile de le faire, car s'il n'était pas né en Autriche mais en Tunisie et au XXIe siècle, Mozart, le doué qui fût détesté par tous les lobbies musicaux de son époque, n'aurait peut-être jamais pu aussi avoir sa « carte professionnelle » ici.
Dans un pays où les commissions d'octroi de ces « autorisations pour exercer », sont composées de gens du métier et chapeautés par le ministère des Affaires culturelles, il aurait été probablement interdit de se produire sur les scènes de son pays.

Ce qui fait polémique ces jours-ci en Tunisie, c'est la discussion en commission parlementaire du projet de loi relatif à l'artiste et aux métiers artistiques. Dans un monde qui bouge, dans un monde où l'art prend de plus en plus de formes et de sources improbables et innovantes, dans un monde qui s'ouvre, la Tunisie a élaboré un projet de loi qui, selon plusieurs avis, restreint le travail artistique rémunéré, aux détenteurs de cartes professionnelles.

En plus du débat sur la sémantique, qui enflamme la scène artistique, certains articles du projet de loi suscitent les débats les plus houleux. En ligne de mire des défenseurs de la cause, dont la députée Sabrine Ghoubantini, l'article 37 qui condamne à des amendes allant de 1000 à 5000 dinars toute personne qui exerce « de manière professionnelle » sans disposer de carte pro ou sans contrat, les professionnels étant, selon l'article 2, les artistes, techniciens ou administrateurs qui possèdent cette carte.
Les artistes « professionnels » sont donc définis comment ceux qui exercent leur art comme un métier et qui en tirent leur revenu « principal ». Toutefois, si des dérogations sont prévues pour les « amateurs » qui exercent par ailleurs dans la fonction publique, ceux qui sont dans le secteur privé sont interdits d'être rémunérés pour leurs œuvres « au-delà du montant initialement investit ». Pire encore, si l'amateur n'a pas le droit de récolter des gains issus de son travail artistique, ceux qui le diffusent ou le commercialisent peuvent en tirer toutes les dividendes.

Au vu de ces détails, nombreux jeunes artistes tunisiens ont crié au scandale. Oui, disent-ils il faudrait créer un cadre légal qui permettrait une meilleure gestion du secteur, toutefois, imposer des restrictions aussi drastiques que le fait de n'exercer qu'en possession d'une carte, est une atteinte à ce qui définit l'essence même de l'art, à savoir la liberté.
Sabrine Ghoubantini, qui s'est dite très interloquée par ce projet de loi et qui s'est donnée pour mission de défendre les intérêts des jeunes artistes, a affirmé qu'il lui a été confié que ce texte est une bonne chose « dans la mesure où il préserve la scène artistique des intrus ».
C'est donc dans une perspective de « fermeture » que semble avoir été proposée cette loi et non pour créer un environnement propice à l'épanouissement des artistes ou à la prospérité de l'art dans le pays.
La députée s'est également insurgée contre le fait qu'on veuille décider en commission et sous accord d'un ministère de l'octroi de ces cartes. Critères qui donnent de surcroît une priorité à la formation académique.

En gros Sabrine Ghoubantini, ainsi que de nombreux artistes d'ailleurs, estiment que ce projet de loi peut être adapté à d'autres métiers « plus traditionnels » mais aucunement à l'art et que ce n'est guère à l'Etat de reconnaître un artiste mais à son public.
Aussi, cette carte définit l'artiste à un seul art, un peintre par exemple « reconnu en tant que tel » ne pourra pas exercer en tant qu'acteur et vice versa. « La carte professionnelle pourrait être un atout, donner des privilèges à certains artistes mais en aucun cas elle ne devrait définir leur statut » a souligné la députée.

Le projet de loi proposé par le ministère des Affaires culturelles est très loin de faire l'unanimité. Dans une Tunisie où les jeunes ont du mal à trouver un travail qui leur permette de vivre dignement, ceux qui ont un don sont empêchés d'en tirer profit alors qu'ils viennent enrichir le patrimoine artistique de leur pays.
Entre DJ's, musiciens, acteurs, auteurs, photographes, tagueurs, danseurs et autres talents, les jeunes étoiles de la Tunisie risquent de faire les frais, comme Mozart, des lobbies qui cherchent à accaparer injustement la scène artistique. Et puis revient la question qui s'impose : qui reconnaît l'artiste ? Une commission ou son public ? Et si on pouvait organiser le travail artistique sans enchainer les artistes…


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